Reconnaissez nos éducatrices à leur juste valeur
Vanessa Gagnon Desjardins, fière directrice générale du CPE Les P’tits Montois de Mont-JoliJe m’adresse à madame Suzanne Roy, ministre de la Famille. Je suis une jeune gestionnaire, visionnaire et passionnée. J’ai beaucoup appris depuis 2020, à travers mes fonctions de cadre en CPE.
J’ai connu la grève illimitée en 2021, j’ai procédé à la construction et à l’ouverture d’une installation de 50 places en 2022.
Malgré mes innombrables tâches, je fais toujours de mon mieux afin d’être à l’écoute des besoins des employés, de leur apporter soutien, d’innover, et de réfléchir en équipe à des solutions créatives aux problématiques qui se présentent.
Toutefois, je dois me rendre à l’évidence, ce n’est pas suffisant. JE ne suis pas suffisante. Les enjeux sont beaucoup plus grands que moi.
Madame Roy, permettez-moi de vous demander si vous connaissez la citation de Richard Branson, le fondateur de Virgin : « Les employés viennent en premier, pas les clients. Si vous prenez soin de vos employés, ils prendront soin de vos clients ».
Ces clients représentent la société de demain, c’est l’AVENIR. NOS ENFANTS.
De quelle façon pouvons-nous assurer une qualité de services aux tout-petits du Québec ? En prenant soin des éducatrices et des éducateurs, et ce, sans oublier les autres catégories d’emploi. Il est primordial et nécessaire que le réseau soit reconnu à sa juste valeur.
Développement du plein potentiel
Le travail quotidien de l’ensemble des gens qui œuvrent dans notre réseau mérite d’être reconnu et davantage rémunéré. Ces gens sont essentiels dans le développement du plein potentiel de nos tout-petits.
Sans oublier que la tâche est de plus en plus complexe considérant le nombre grandissant d’enfants qui fréquentent nos milieux et qui présentent des défis de soutien particuliers.
Au printemps dernier, le rapport de la vérificatrice générale indiquait que le tiers des services de garde éducatifs échouaient à répondre aux normes minimales de qualité. Cette situation s’explique principalement par le manque d’éducatrices et d’éducateurs qualifiés.
De ce fait, le personnel est à bout de souffle. Nous tentons de recruter des éducatrices et des éducateurs afin de permettre un répit à notre personnel. Toutefois, c’est toujours le même enjeu. Le salaire dérisoire. Le personnel en place vit une énorme pression à cause du manque de ressources qualifiées.
Je viens tout juste d’apprendre qu’une ressource de mon CPE, ayant effectuée le parcours travail et études en petite enfance, nous quitte afin de tenter sa chance dans un nouveau domaine… Devinez pour quelle raison elle quitte ? En l’espace de deux semaines, mon organisation a perdu deux employées qualifiées.
Protéger un « joyau »
Le salaire est un enjeu, certes. Toutefois, j’ai la ferme conviction que la valorisation de nos milieux est importante à tous les niveaux.
Bref, j’aurais tant de choses à exprimer, je terminerai simplement en mentionnant que je suis réellement inquiète pour notre réseau, ce « joyau » québécois.
J’appréhende le départ de mes homologues qui prendront leur retraite, dans les années à venir.
Ces femmes, ces hommes qui font preuve de résilience, de courage et qui portent des organisations toutes entières à bout de bras en conjuguant quotidiennement avec des enjeux financiers importants et une pénurie de main d’œuvre qualifiée.
Ces capitaines de navires qui naviguent à contre-courant depuis beaucoup trop longtemps !
N’oubliez pas que sans employés, il n’y a pas de gestionnaire. Qui prendra la relève, dans un contexte aussi difficile ?
J’espère sincèrement que mon message vous interpellera madame Roy. Il faut que les choses changent pour notre réseau. Il faut que le Québec soit réellement fou de ses enfants !
Vanessa Gagnon Desjardins, fière directrice générale du CPE Les P’tits Montois de Mont-Joli