« Python » : réflexion sur l’impact d’Internet
Les grandes bases de données dans nos vies quotidiennes« Python », ce livre écrit sous la forme d’un roman, représente une brillante réflexion sur l’impact d’Internet et des grandes bases de données sur nos vies au quotidien.
L’auteure française, Nathalie Azoulai, a plus d’une dizaine de livres à son actif.
Dans sa mire, elle traite souvent des angoisses des individus confrontés à l’environnement familial ou social en constante transformation.
Ici, nous assistons à l’histoire d’une narratrice issue du monde littéraire (l’auteure elle-même!) qui décide d’essayer de comprendre comment fonctionnent les « codeurs ».
Les codeurs, ce sont les personnes, souvent jeunes et fortes en maths, qui écrivent patiemment les lignes du code informatique qui permet de faire fonctionner à une vitesse folle tout ce qui a trait à l’environnement informatisé dans lequel nous vivons.
Sans ce langage codé, il serait impensable d’utiliser Google, Facebook ou Word…
Branché et codifié
On ne pourrait pas réserver une chambre d’hôtel ou planifier un voyage en cliquant sur quelques touches de clavier. Impossible d’échanger des courriels. On ne pourrait même pas payer une pinte de lait avec sa carte de crédit… Tout est branché et codifié, de nos jours!
Il existe plusieurs langages codés, mais « Python » (également le nom d’un serpent et le titre du livre) semble être parmi les plus populaires au monde.
L’auteure fait des comparaisons entre le langage littéraire, souvent plein d’émotions et d’ambiguïtés, et le langage codé, plutôt froid et nécessitant une précision chirurgicale pour être efficace.
Tout le langage codé repose fondamentalement sur deux chiffres : des 0 et des 1. « Toute l’information du monde se code grâce à ces deux chiffres qui ne comptent rien », peut-on lire.
Tout est codé! Chaque lettre de notre alphabet, chaque phrase, chaque image, chaque liaison, chaque classement, chaque consigne, sont représentés par des séries de 0 et de 1, répétées à l’infini dans une variété de commandes complexes.
Mais tout ce langage codé est camouflé, sous différentes couches, dans les entrailles de tout ce qui apparaît à nos yeux sur des écrans.
Millions de lignes et formules informatiques
Des millions de lignes et de formules informatiques ont été écrites auparavant par des codeurs, et c’est cette besogne laborieuse, répétitive, méthodique, qui nous permet d’accéder à une immense quantité de données et de contacts.
Qui sont ces jeunes codeurs ? L’auteure en a rencontré plusieurs, à qui elle donne vie dans ce roman. Ils font partie de la génération née avec Internet, et surtout avec Google (créé en 1998).
Ce sont des « bricoleurs qui tentent de résoudre des problèmes ». Ils éprouvent un « plaisir imperceptible, solitaire et communautaire, qui va de problèmes en solutions, de stress en satisfaction ». Et contrairement à bien d’autres, ils rêvent d’impact plutôt que de gloire…
N’oublions pas la noble et généreuse ambition que Larry Page et Sergey Brin avaient en tête, en 1998, quand ils ont lancé le moteur de recherche Google, en Californie.
Tous les deux avaient alors 25 ans! « Notre objectif est d’organiser les informations à l’échelle mondiale pour les rendre accessibles et utiles à tous. »
Plus grandes fortunes de la planète
Aujourd’hui, Page et Brin font partie des plus grandes fortunes de la planète, avec plus de sept milliards $ chacun. Et Google traite « huit milliards et demi de requêtes par jour. »
En tant que citoyens du monde, est-ce que nous avons reçu une grâce spéciale qui permet à chaque individu d’accéder à ce savoir gigantesque et instantané ?
Ou sinon, avons-nous été envahis par une puissance incontrôlable qui nous immerge dans un magma où bouillonnent autant vérités que mensonges ? Un paradis ou un enfer ?
Le roman « Python » nous amène à y réfléchir…
« Python », roman par Nathalie Azoulai, Éditions P.O.L., 2024, 234 pages.
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