Autoroute 20 : facile de revenir aux oppositions stériles!
Lettre ouverte de Gratien Bélanger, Regroupement citoyen pour la protection du territoire Bic/Saint-FabienLa première règle de la bienséance en matière de discussion publique sur un sujet est de ne pas prêter des intentions à ses supposés adversaires.
Dans sa lettre ouverte publiée dans la dernière semaine dans Le Soir.ca, Yvan Chouinard mentionne plusieurs points qui ne correspondent pas aux faits.
D’abord, nous ne sommes pas un groupuscule et nous nous efforçons de travailler sérieusement sur ce dossier, parce que nous sommes convaincus que nous pouvons mieux faire les choses.
De plus, nous ne sommes pas des opposants au prolongement de l’autoroute 20 comme le mentionne monsieur Chouinard. Nous avons toujours été clairs.
D’ailleurs, dans notre mémoire fouillé de 20 pages, nous disons dès le début du texte : « que l’on soit favorable ou opposé au projet, nous estimons que le rapport issu des audiences publiques de 2002 ne correspond plus à la réalité du milieu et aux nombreux enjeux qui existent actuellement. »
Toute une génération
Il se sera écoulé un quart de siècle entre ces audiences publiques et la réalisation du projet.
Avec un BAPE qui a eu lieu il y a 22 ans, c’est toute une génération qui n’a pas eu son mot à dire sur le projet d’aujourd’hui et qu’on réduit au silence.
Et pourtant, c’est elle qui vivra les conséquences de la crise climatique. C’est une question d’équité intergénérationnelle à laquelle un nouveau BAPE pourrait justement répondre.
Il devient essentiel actuellement que l’on puisse parler de ce projet sur la place publique en dehors de cette binarité stérile des pour ou des contre.
Nous ne sommes pas une entrave au projet, mais nous jugeons essentiel que celui-ci se fasse en respectant les règles de bonne gouvernance.
Ce que nous souhaitons soulever ici, c’est que beaucoup de choses ont changé telles que les finances publiques, les changements climatiques, les valeurs de la société, les connaissances scientifiques, etc.
Il devient donc essentiel que cela fasse partie de l’analyse, et que les citoyens puissent s’exprimer sur ces enjeux. Et ce, pour le bien commun.
« Sainteté environnementale »
La « sainteté environnementale », selon les mots de monsieur Chouinard, laisse entendre que les questions environnementales seraient des croyances dont nous devrions nous débarrasser.
S’il s’agissait de croyances, nous serions les premiers à les dénoncer. Mais les questions environnementales reposent sur des faits, tout comme les changements climatiques.
Il ne s’agit pas ici d’opposer environnement et sécurité comme le laisse entendre l’auteur de cette lettre ouverte, mais bien d’aborder collectivement la complexité de tous les enjeux reliés à ce projet.
C’est la seule voie qui nous permettra un meilleur projet pour tous si celui-ci voit le jour.
Violence verbale
Il est troublant, à l’instar de ce que l’on peut voir dans la campagne électorale de notre voisin américain, ou simplement sur les réseaux sociaux, de constater le niveau de violence verbale qui empêche toute discussion sensée.
Cette violence est contre-productive, elle divise et ne permet aucun dialogue.
Nous invitons les médias, les citoyens, les élus à permettre une discussion ouverte pour que la société dans laquelle nous vivrons dans les années futures soit à la hauteur de nos aspirations collectives.
Il serait tellement utile que nous sortions de cette guerre des pour et des contre.
Nous partageons le même territoire, est-il possible de réfléchir ensemble à son avenir ?
Gratien Bélanger, Regroupement citoyen pour la protection du territoire Bic/Saint-Fabien