Actualités > Société > Se tourner vers une nouvelle vie à 93 ans
Société

Se tourner vers une nouvelle vie à 93 ans

L’abbé Yvan Morin a célébré sa toute dernière messe
L’abbé Yvan Morin (Photo courtoisie Lydia Barnabé-Roy)

L’abbé Yvan Morin a célébré sa toute dernière messe, le dimanche 27 octobre, à Rivière-du-Loup. L’église Saint-Patrice était pleine à craquer. Entre 700 à 800 personnes se sont déplacées afin de remercier le prêtre pour ses 38 ans de services dans la paroisse. Un geste symbolique et inattendu qui restera longtemps inscrit dans sa mémoire. 

Par Lydia Barnabé-Roy, Initiative de journalisme local- Info Dimanche

« Je rends grâce au Seigneur parce que [les paroissiens] étaient très très très nombreux […] C’est vraiment merveilleux. C’est un témoignage d’affection qu’ils ont voulu me manifester », indique monsieur Morin.

Le curé s’attendait à ce que davantage de citoyens se réunissent à la messe pour sa dernière célébration, mais il ne croyait pas qu’ils y seraient en si grand nombre.

Sa décision de partir s’est prise avec la vente du presbytère Saint-Patrice qui sera effective en décembre.

Tous les prêtres de la paroisse ont donc dû se trouver un logement. Yvan Morin, qui avait diminué le travail à 40 %, a décidé qu’il était temps pour lui de tourner la page.

« C’est sûr que quand c’est l’heure de la retraite, on trouve ça toujours un petit peu difficile », confie-t-il. Il sera toutefois entre de bonnes mains, lui qui a déménagé à la Résidence des Cèdres, le 1er novembre.

« Je n’avais pas le choix. C’est sûr que si le presbytère n’avait pas été vendu, je serais resté encore un bout de temps », a partagé le fervent croyant et passionné abbé Morin. À 93 ans, cependant, il était temps de penser à arrêter, souligne-t-il. 

Vaste carrière

Yvan Morin exerce son métier depuis 68 ans. Il a été nommé prêtre à 25 ans. Il a effectué sa première année de fonction au Collège, avant de faire un an de pédagogie et de psychologie.

Ensuite, il est retourné au Foyer-Patro pendant 10 ans avant d’exercer 3 ans au Cégep de Rivière-du-Loup, nouvellement formé. Par la suite, il a passé 14 ans à Saint-Pascal en tant que curé avant de revenir à Rivière-du-Loup terminer sa carrière.

L’église Saint-Patrice de Rivière-du-Loup (Photo courtoisie Tourisme Rivière-du-Loup)

« Être prêtre en ville ça prend plus de temps pour savoir qu’on est estimé et qu’on fait du bon travail. Mais c’est un milieu très intéressant sur le plan culturel, sportif et même chrétien. C’est agréable de travailler à Rivière-du-Loup », avance le prêtre.

Il prévoit faire du bénévolat de temps à autres, en effectuant des ministères à sa résidence ou en célébrant quelques sépultures. « Le meilleur de moi-même est donné », soutient l’abbé. 

Nouvelle réalité

Au cours de sa vie, l’abbé Morin a été confronté à la baisse de popularité de l’église. Cette situation a entrainé des désagréments, mais elle a aussi permis la création d’une nouvelle réalité pour la religion catholique. 

«Maintenant, les chrétiens le sont plus, disons, par choix. On ne fait plus comme au début de ma carrière où les églises étaient autoritaires et faisaient marcher les gens par la peur. [Aujourd’hui] on a beaucoup de respect pour la liberté individuelle. Alors je n’ai pas à imposer, mais à proposer les valeurs de l’Évangile. Je suis plus heureux actuellement parce que l’Église […] est beaucoup plus respectueuse de la liberté de conscience», explique le prêtre.

Il reconnait que les scandales d’agressions sexuelles qui ont fait surface ces dernières années ont fait un tort irréparable à l’Église.

« Ça fait mal épouvantable. Ça a été une perte de confiance envers l’Église. Ça me rend toujours triste […] Mais ce qui est important, je dirais, c’est que ça nous appelle à être de meilleurs prêtres », croit-il.

Selon lui, il s’agit d’une minorité de curés qui ont été infidèles à leur engagement et que les « bons et saints prêtres, il y en a encore ».

Fier du chemin parcouru

Pour sa part, lorsqu’il repense à sa vie, il est fier du chemin parcouru. Il souhaite bien s’adapter à sa nouvelle condition de retraité.

« Il y a un temps pour donner et un temps pour recevoir […] Ce temps-là est plus dur, car c’est plus facile de donner que de recevoir. Ce que j’espère, c’est que je sois un bon recevant reconnaissant de ce qui me sera apporté », confie-t-il.

Dans ce nouveau chapitre de vie, l’abbé se concentrera sur ses prières et lira beaucoup de livres. Il espère aussi avoir des appels et des visites.

Il continuera à partager la pensée chrétienne à la radio, activité qu’il fait depuis 35 ans, jusqu’à la fin de l’année.

Facebook Twitter Reddit