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Lectures du Bas-Saint-Laurent

Des fictions écrites par des auteurs de chez nous

Il y a plusieurs années, une dame vivant à l’extérieur du Bas-Saint-Laurent m’avait demandé quels étaient les bons romans produits dans notre région. En bafouillant, je lui avais dit deux mots sur l’écrivain Victor-Lévy Beaulieu, de Trois-Pistoles, et la discussion avait vite été orientée ailleurs.

Je me suis posé la même question dernièrement. Quelles sont les fictions les plus vigoureuses écrites par des auteurs et autrices du Bas-Saint-Laurent ?

Bon! Je n’ai pas tout lu, loin de là, et je n’ai pas fait d’enquête poussée pour évaluer la situation. Mais rien n’empêche de signaler quelques lectures agréables.

À mon avis, voici trois sélections de qualité! Et vous, quels seraient vos choix ?

« Le meilleur dernier roman » de Claude La Charité

Claude La Charité s’est sûrement payé du bon temps en écrivant « Le meilleur dernier roman » (Éditions L’instant même, 2018, 180 pages).

L’auteur raconte ici l’histoire, toute fabuleuse et abracadabrante, d’un écrivain régional, du nom de Henri Vernal, qui serait en nomination pour recevoir un tout nouveau prix, particulièrement original, créé par l’équipe littéraire de « l’Université du Québec maritime ».

Bien sûr, la proposition ne roule pas comme prévu… Réputé pour ses caprices et ses débordements, Vernal refuse le prix, publiquement, avec fracas.

Pilant sur son orgueil, un bon professeur membre du comité de sélection est chargé d’amadouer l’écrivain turbulent et de rétablir l’ambiance.

C’est ainsi qu’il découvre, en visitant le vaste domaine de Vernal, que ce dernier possède une véritable caverne d’Ali Baba, cachant des trésors qui feraient l’envie de plusieurs musées.

Cette aventure est racontée avec adresse et jovialité. Le style est raffiné, élégant. Les allusions au monde de la littérature fourmillent. On sent que l’auteur est un érudit.

Les clins d’œil sur les discussions professorales en comité ou sur la géographie bas-laurentienne sont amusants.

Professeur de lettres à l’UQAR et directeur de la Chaire de recherche du Canada en histoire littéraire, Claude La Charité s’est également fait remarquer par ses écrits sur François Rabelais et sur l’ermite Toussaint Cartier.

« Robertine Barry, la femme nouvelle » de Sergine Desjardins

C’est un personnage impressionnant que Sergine Desjardins (Éditions Trois-Pistoles, 2010, 408 pages) a réussi à décrire en faisant le portrait de l’écrivaine et féministe Robertine Barry.

Cette femme audacieuse, née à L’Isle-Verte en 1863 et qui a vécu à Trois-Pistoles dans sa jeunesse, a fait carrière comme chroniqueuse, principalement au journal La Patrie, à Montréal.

À une époque où le journalisme était encore un métier réservé aux hommes, et où les femmes devaient plutôt se consacrer aux tâches du foyer et de la reproduction, Robertine a brisé le moule.

Sa plume alerte et ses thèmes de prédilection (l’éducation, l’égalité entre les femmes et les hommes, la justice sociale…) en ont fait un point de mire de son temps.

Ce qui ne s’est pas fait sans difficultés, car elle avait beaucoup d’admirateurs, mais plusieurs opposants aussi. Sergine Desjardins s’est livrée à un travail de documentation très rigoureux, et son compte-rendu se lit comme un roman, tout en nous en apprenant beaucoup sur les us et coutumes des environs de 1900.

Depuis février 2023, la bibliothèque du village de L’Isle-Verte porte le nom de Robertine Barry. Et ce livre a contribué grandement à faire connaître cette personnalité régionale.

« Le Triskell du Temps » de Florence Trigaux

Florence Trigaux, une jeune écrivaine originaire de Baie-des-Sables, a écrit ce roman volumineux à l’âge de 16 et 17 ans, lors de ses études au Cégep de Rimouski. (Les Éditions du Tullinois, 2021, 492 pages).

Elle a un talent phénoménal pour élaborer une histoire complexe avec des intrigues savoureuses et des rebondissements continuels, tout ça avec une plume pittoresque.

L’aventure se déroule principalement en Angleterre et en Écosse, des pays que l’auteure a visités à l’adolescence. L’histoire racontée ici nous convie dans un enchaînement de péripéties fantastiques.

Henry, un historien à Londres, se rend au Manoir familial en Écosse, où il découvre un journal intime datant du XVIIIe siècle et qui aurait appartenu à Abigaël, son ancêtre. James Sinclair, un sombre personnage, souhaite mettre la main sur ce livre.

De fil en aiguille, grâce à des pouvoirs magiques, Henry est transporté dans les années 1700, où il retrouve non seulement son ancêtre mais aussi les personnages, les défis et les confrontations de cette époque.

Sincèrement, ce livre pourrait inspirer un cinéaste que ce ne serait pas surprenant.

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