Bilan 2024 : un Salon de jeux à Rimouski
Investissement avoisinant les 15 M $ de Loto-QuébecLe Soir.ca poursuit sa rétrospective des nouvelles marquantes de 2024. Loto-Québec a confirmé, en novembre, la construction d’un troisième Salon de jeux dans la province à l’intérieur de l’Hôtel Rimouski, à l’endroit où se trouvent actuellement les salles de bal du centre des congrès. Il ouvrira ses portes en 2026, moyennant un investissement avoisinant les 15 M$.
Loto-Québec et le Groupe Blouin ont présenté le projet, en conférence de presse, en présence de nombreux représentants de la communauté d’affaires de Rimouski.
« Depuis le changement de zonage autorisé par la Ville de Rimouski, nous travaillons avec le Groupe Blouin pour faire avancer le projet. Nous sommes encore dans les esquisses, mais ce sera semblable à notre salon de Beauport avec une touche de plus pour rendre hommage au paysage de Rimouski. Nous avons des standards de qualité. Notre modèle a fait ses preuves », commente le président et chef de la direction de Loto-Québec, Jean-François Bergeron.
Lieu sécuritaire
Le dirigeant insiste que le Salon de jeux offrira un environnement qui favorisera le jeu à moindre risque dans un ensemble de divertissement.
« Notre personnel est formé pour détecter les problématiques de jeu compulsif et pour intervenir auprès d’un client dont le client pourrait être affecté par sa consommation d’alcool. Je suis beaucoup plus inquiet par le jeu en ligne qui gagne en popularité et où il n’y a pas vraiment de contrôle ».
C’est cet aspect qui a convaincu la famille Blouin de se lancer dans cette aventure.
« Lorsque nous avons approché monsieur Bergeron, il ne nous a pas parlé d’économie, mais de divertissement et de sécurité », déclare Stéphane Blouin.
Diminution des appareils dans les bars
Loto-Québec entend diminuer le nombre de bars proposant des appareils de loterie vidéo, mais pas seulement à Rimouski.
« On veut avoir moins de portes, mais de meilleures portes, plus lumineuses et plus sécuritaires. Ça ne se fera pas du jour au lendemain. Nous travaillerons avec les propriétaires de bars. On souhaite conserver les endroits lumineux. On pense que les problématiques de jeu sont davantage présentes dans des lieux où il y a quelques machines cachées à la noirceur », mentionne monsieur Bergeron.
Le Salon de jeux de Rimouski va créer environ 135 emplois directs et indirects.
« Ce sera un atout indéniable pour attirer des congrès et des touristes sur quatre saisons. C’est une bonne nouvelle pour l’Hôtel Rimouski, mais aussi pour toute l’industrie de l’hébergement dans la région. C’est un partenariat solide avec Loto-Québec qui est déjà impliqué dans plusieurs événements dans la région, notamment les Grandes Fêtes TELUS », déclare le directeur général de Tourisme Bas-Saint-Laurent, Pierre Lévesque.
Dynamiser la rue Saint-Germain Est
Le directeur général de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette, Jean-Nicolas Marchand, se réjouit de l’arrivée d’un Salon de jeux de Loto-Québec à Rimouski.
Puisqu’il milite depuis longtemps pour l’ouverture d’un tel lieu de divertissement. monsieur Marchand se dit rassuré par les garanties fournis par les gestionnaires de Loto-Québec concernant la sécurité d’un tel salon.
Il demeure convaincu que le Salon de jeux contribuera à dynamiser de la rue St-Germain Est, en plus d’attirer davantage de congrès et de visiteurs durant toute l’année à Rimouski.
« Juste d’amener plus de gens de l’extérieur et de donner une bonification à l’Hôtel Rimouski, cela devient une activité planifiée et qui est programmée. Évidemment que les gens vont consommer autour du Salon de jeux de Rimouski. Chaque congressiste en moyenne dépense environ 300 $ à Rimouski. L’ajout de congressistes et de touristes va avoir un effet positif sur l’économie », estime Jean-Nicolas Marchand.
Citoyens à risque et bars visés
Sans être pour ou contre le projet, tout en proposant de restreindre la consommation d’alcool dans ses murs, le directeur de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, Dr. Sylvain Leduc, se dit « préoccupé » que le futur Salon de jeux de Rimouski se situe à un endroit où plus 69 % des ménages disposent d’un revenu brut inférieur à 60 000 $ et le taux de chômage est estimé à 15 %.
Convoquant la presse au lendemain de l’annonce de Loto-Québec d’investir dans un projet de 15 M $ pour son implantation dans l’Hôtel Rimouski en 2026, Dr. Leduc pointe du doigt la population vivant à moins d’un kilomètre de l’établissement, représentant 4 300 citoyens.
S’il admet que tous les Rimouskois auront accès au salon de jeu en voiture, il maintient que 41 % des résidents dans ce rayon sont détenteurs d’un diplôme d’études secondaires ou moins, les personnes seules représentent la moitié de cette tranche de la population et les 20 à 44 ans atteignent 33 %.
Sylvain Leduc estime aussi que la proximité physique d’établissements ayant une mission sociale, comme Moisson Rimouski-Neigette et Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent, risque aussi d’augmenter l’affluence de personnes vulnérables aux alentours du salon de jeux.
Pas seulement les riches visiteurs
« Un mardi matin de novembre, ce ne sont pas les riches visiteurs qui vont jouer dans le salon. Ceux qui n’ont pas de voiture et qui habitent à l’intérieur d’un kilomètre peuvent y avoir accès facilement à pied » répond le directeur régional de la santé publique, bien qu’il existe déjà une offre de jeu pour cette population dans les bars environnants.
Refusant de répondre à savoir si ce salon serait plus « acceptable » s’il se situait dans un district détenant une population « mieux » nantie, Dr. Sylvain Leduc estime que Loto-Québec devra diminuer drastiquement le nombre d’appareils de loterie vidéo au centre-ville de Rimouski.
Sans les nommer, les bars Le Dooly’s, La Boulathèque ou le Spot Billard sont directement visés.
« Si elles (machines) ne sont pas toutes retirées, il ne devrait pas en rester beaucoup. Loto-Québec sait ce qu’on recommande. S’ils (ses dirigeants) ont une planification prévue pour 2026, ça laisse du temps pour s’ajuster », estime Dr. Leduc.
Bien que Loto-Québec relatait que 98% des joueurs ne représentent pas de risques et que le salon de jeux devient pour eux une sortie ou un divertissement, le directeur de la santé publique du Bas-Saint-Laurent demeure ferme sur sa position.
« 2 % de pas beaucoup de monde, ça reste pas beaucoup de monde. 2% de beaucoup de monde, parce qu’il y aura beaucoup de gens qui participent, qui jouent et qui s’exposent, ça peut faire des demandes importantes. On doit s’ajuster. Il y a la proportion, mais aussi le nombre qui est exposé » commente Sylvain Leduc.
Projet pilote
À Rimouski, Loto-Québec promet un salon de jeu responsable et éthique avant la recherche absolue de profits, basé sur le divertissement et le plaisir afin de plaire et attirer une clientèle touristique.
En entrevue jeudi avec Nathalie Normandeau et Frédéric Labelle sur les ondes de la station montréalaise 98,5 FM, le président et chef de la direction de Loto-Québec, Jean-François Bergeron, a réitéré ce souhait pour le futur établissement, dont la construction doit s’amorcer dans les prochains mois.
Le salon de jeu de Rimouski servira, en quelque sorte, de projet pilote.
Désirant revoir son offre actuelle de loterie vidéo dans les bars, Loto-Québec étudie actuellement la possibilité d’implanter d’autres salons du genre à travers la province.
« Au Québec, nous sommes la province, et de loin, où il y a plus d’adresses civiques où on offre du jeu de hasard au Canada, soit 1 300 tenanciers de bars. L’idée est de réduire cette offre-là. Le jeu existe, avec ou sans nous. Il faut trouver l’équilibre. On verra comment ça se passe à Rimouski. L’idée est d’offrir moins de portes, mais de meilleures portes. On a été très bien reçu à Rimouski par les élus, la Chambre de commerce et les gens d’affaires. On répond à une demande et on le fait de façon responsable », a indiqué monsieur Bergeron.