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Lettre ouverte

Féminicides : le compteur ne revient pas à zéro au 1er janvier

Lettre ouverte de La Débrouille et des organismes partenaires

En ce début 2025, La Débrouille, maison d’aide et d’hébergement pour femmes et personnes trans victimes de violence entre partenaires intimes, tient à le rappeler : le nombre des féminicides ne revient pas à zéro au 1er janvier.

Aux membres du gouvernement de la CAQ, aux député.e.s et aux bailleurs de fonds,

En 2024, le Québec a enregistré 25 féminicides, dont 13 issus de contextes conjugaux. Alors que 2025 débute à peine, à La Débrouille, nous n’avons pas le coeur aux célébrations.

Nous refusons de tourner la page aussi facilement sur les victimes des 25 féminicides de 2024, tout comme nous refusons de tourner la page sur les manquements du gouvernement pour les protéger.

Augmentation des demandes d’aide

À La Débrouille, nous sommes en première ligne face à l’ampleur des violences fondées sur le genre et l’augmentation massive des demandes d’aide dans notre ressource d’hébergement.

En 2023-2024, nous avons accueilli 79 adultes et 43 enfants en maison, soit le double de l’année 2022-2023.

En parallèle, les demandes pour nos services d’aide et d’accompagnement sans hébergement ont triplé.

Pour l’année 2023-2024, nous avons accompagné 273 personnes pour un total de 3830 rencontres comparativement à 2022-2023 où nous avions accompagné 149 personnes au travers de 1157 rencontres.

La coordonnatrice générale de La Débrouille, Geneviève Lévesque (Photo journallesoir.ca- Olivier Therriault)

Face à cette hausse des demandes, les délais d’attente pour avoir accès à nos services d’accompagnement sans hébergement sont désormais de plus de 3 mois, du jamais vu pour notre ressource.

Alors que nos services débordent, notre financement lui, reste le même.

Pour des actions concrètes du gouvernement

Protéger et accompagner les victimes de violence entre partenaires intimes demande des ressources humaines et financières.

Pour pouvoir continuer d’offrir des services de qualité, assurer une prise en charge immédiate des victimes et les protéger de possibles féminicides, transmicides ou infanticides, nous exigeons :

– Un rehaussement récurrent de notre financement afin d’embaucher de nouvelles travailleureuses dans nos services externes (accompagnement sans hébergement) ;

– Un rehaussement récurrent de notre financement pour la prévention et la sensibilisation auprès des jeunes et des adultes face à la violence entre partenaires intimes ;

– Un changement structurel au sein des milieux de la petite enfance et des ressources scolaires afin que les jeunes soient accompagné.e.s à développer leur intelligence émotionnelle et leur pensée critique face aux stéréotypes, préjugés, violences et discriminations.

Nos budgets sont actuellement insuffisants pour offrir l’accompagnement adéquat et il est faux de croire que des sommes non récurrentes issues d’appels de projets spéciaux répondent à nos besoins réels.

Continuer de lutter efficacement

Nous exigeons des ressources pérennes pour pouvoir continuer de lutter efficacement contre la violence entre partenaires intimes, en partant de ses racines jusqu’à ses conséquences directes sur les individus.

Derrière chacun de nos services, ce sont des vies qui sont en jeu.

Rappelons qu’au Québec on estime qu’une femme sur cinq a été, est ou sera victime de violence entre partenaires intimes au cours de sa vie.

Les statistiques quant aux personnes trans quant à elles sont invisibilisées mais on peut, sans l’ombre d’un doute, avancer qu’elles iraient dans le même sens.

Derrière ces chiffres, ce sont nos sœurs, nos enfants, nos voisin.e.s, nos ami.e.s et nos collègues. Une femme sur cinq : regardez autour de vous…

Peut-être même que vous connaissez la prochaine victime de féminicide, et qu’aurez-vous réellement fait pour nous permettre de la protéger ?

Nous espérons être d’accord sur ces points : nous ne remettrons pas le compteur à zéro cette année. Nos vies n’ont pas de prix, mais notre travail quant à lui, en a un.

L’équipe du Pôle d’action collective et de sensibilisation de La Débrouille.

Pour les personnes que nous accompagnons et pour nos collègues à bout de souffle.

Liste des organismes partenaires, cosignataires de la lettre :

  • ADFT
  • Accueil et Intégration BSL (AIBSL)
  • Auberge du coeur Le Transit
  • CALACS de l’Est du BSL
  • Centre Femmes de la Mitis
  • Centre Femme du Grand-Portage
  • Centre Périnatal Entre Deux Vagues
  • Centre Des Travailleuses et Travailleurs immigrant.e.s
  • CLEF Mitis-Neigette
  • Comité Logement Bas-Saint-Laurent
  • Corporation de développement communautaire Rimouski-Neigette
  • C-TA-C
  • Divergenres
  • L’Arrimage
  • Je raccroche
  • La Maison de l’Espoir de Mont-Joli
  • Syndicat APTS Bas-Saint-Laurent
  • Table de concertation des groupes de femmes Bas-Saint-Laurent
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