Bilan 2024 : la faillite de la SOPER
Des dettes de 4 M $ et 14 personnes perdaient leur emploiLe Soir.ca poursuit sa rétrospective des nouvelles marquantes de 2024. La Société de promotion économique de Rimouski (SOPER) a confirmé sa faillite, le 28 novembre dernier, alors que ses dettes s’élevaient à environ 4 M $. En tout, 14 personnes perdaient leur emploi.
L’information a été dévoilée, la semaine précédente, par Le Soir.ca
Une dizaine de sources indépendantes nous ont confirmé la nouvelle. Le président de la SOPER et maire de Rimouski, Guy Caron, avait reçu deux avis juridiques le convainquant de prendre cette décision.
Le premier lui confirmait que la Ville n’aurait pas à assumer les dettes de la SOPER dans une éventuelle faillite. Le deuxième lui indiquait qu’elle ne pourrait pas reprendre l’édifice du Novarium, puisqu’une ville ne peut pas louer des espaces commerciaux à des particuliers.
Bien que le maire Guy Caron et la directrice générale de la SOPER, Marina Soubirou, ont d’abord nié l’information au Soir.ca, des employés à l’interne, des gens d’affaires et des fournisseurs de la SOPER étaient tous unanimes.
Avant l’annonce officielle, ils ont tenté une dernière approche avec le Groupe immobilier Tanguay en compagnie.
Leur but : convaincre ses dirigeants de débarrasser l’organisme du loyer de l’édifice du Novarium, pour lequel elle était signataire du bail.
Ce dernier générait un déficit de 30 000$ par mois à la SOPER, qui louait le bâtiment construit et appartenant au Groupe Tanguay.
« La maison brûle et les tisons sont chauds. Ça commence à souffler un peu partout en ville », indiquait l’une des personnes consultées Soir.ca.
Faillite de Novarium
Toute cette saga a débuté avec la faillite de Novarium.
Après le refus du gouvernement du Québec d’accorder une zone d’innovation en économie bleue à Rimouski et Grande-Rivière, qui lui aurait procuré un financement gouvernemental important, l’organisme sans but lucratif a annoncé ses couleurs devant ses dettes de 2,2 M $, dont un peu plus de 1,5 M$ provenait de la SOPER.
Devant ce cas de « mauvaise gestion », comme le décrit le rapport d’enquête de la Commission municipale du Québec concernant la SOPER et Novarium, des citoyens de Rimouski ont demandé l’intervention de l’Unité permanente anticorruption dans le dossier.
Annonce fatidique
En plus de confirmer la faillite de la SOPER, Guy Caron a aussi annoncé l’envoi d’une mise en demeure à l’ancien président-directeur général, Martin Beaulieu, « pour les conséquences des opérations de mauvaise gouvernance et une mauvaise transmission de l’information au conseil d’administration ».
« Le syndic verra s’il y a des suites à donner à cette mise en demeure. Les employés seront mis à pied et payés jusqu’à la fin de la semaine. Nous avons tout essayé pour éviter d’en arriver là, mais le temps commençait à manquer. Une Ville ne peut pas posséder d’immeuble pour la location commercial, ce qui empêchait l’option d’acheter l’édifice du Novarium », a expliqué monsieur Caron, très ému lors de la conférence de presse.
Le maire souligne que la Ville a perdu 500 000$ dans la faillite, soit un prêt de 400 000$ fait l’été dernier pour permettre à la SOPER de régler certaines obligations en regard de l’édifice de Novarium et le transfert de la part de la Ville pour le fonctionnement de la SOPER, qui sera amputé du mois de décembre.
Fonds d’investissement transférés à la MRC
Les fonds d’investissement ne sont pas perdus. Ils sont transférés à la MRC Rimouski-Neigette qui a la compétence pour les gérer. D’autres MRC le font d’ailleurs au Bas-Saint-Laurent.
Les entreprises vont continuer d’obtenir du service, via la MRC qui devra vraisemblablement embaucher du personnel pour gérer ces fonds d’investissement destinés au démarrage ou à la consolidation d’entreprises.
La Ville de Rimouski aimerait rapatrier la gestion du bureau d’information touristique à temps pour la saison de tourisme hivernal.
« La SOPER se dirigeait vers une année record. La compétence du personnel était acquise. C’est pourquoi nous avons tout essayé pour éviter la mise en faillite, mais ce n’était pas possible. Face à l’impossibilité de recevoir de nouvelles sommes, la faillite était inévitable. Je remercie également les administrateurs qui sont restés malgré la tourmente ».
BDO Canada limité gérera la faillite de la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER).
Le syndic confirme que l’organisme cumule des dettes de 2,3 M $ à 48 créanciers dont la Ville de Rimouski, la MRC de Rimouski-Neigette, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation ainsi que l’entreprise Technipro BSL.
Ce montant s’ajoute aux sommes dues au Groupe immobilier Tanguay, qui est propriétaire de l’édifice du Novarium, construit en 2021 à l’intersection de la 2e rue Est et de la rue Alcide-C.-Horth.
Martin Beaulieu réplique à Guy Caron
L’ex-président directeur général de la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER), Martin Beaulieu, a répliqué au maire Guy Caron en lui envoyant, à son tour, une mise en demeure.
Dans une déclaration écrite, monsieur Beaulieu a justifié sa décision en raison de propos publics qu’il dit diffamatoires et qui ont porté atteinte notamment à son intégrité et à sa réputation.
Il avance que ces déclarations, diffusées dans divers médias écrits et télévisuels, lui attribuent des actions prétendument contraires aux règles de gouvernance de la SOPER.
Martin Beaulieu estime que ces accusations, infondées et non appuyées par des preuves tangibles, ont causé un tort significatif à sa réputation, à sa vie professionnelle et à sa vie personnelle.
Il précise que l’actuelle démarche vise à rétablir la vérité et à faire valoir ses droits légitimes.
Martin Beaulieu considère qu’il est impératif que le préjudice causé par ces propos soit réparé et que des mesures soient prises pour éviter une aggravation de la situation.