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Chasse et pêche

Sur Anticosti comme ailleurs, le guide mérite le respect

Des histoires à faire dresser les cheveux sur la tête
Le guide de chasse est un partenaire de l’expédition, qu’on doit écouter et respecter. Il connaît son territoire et il travaille pour le succès de son client. C’est un « extra » d’obtenir ses services. Ne dit-on pas : « suivez le guide ».

La fin de la période des inscriptions aux tirages au sort le 15 janvier, dans les réserves fauniques de la SÉPAQ et de SÉPAQ-Anticosti, lance la prochaine saison de chasse 2025. Les gagnants formeront un groupe de chasseurs qui bénéficieront des services d’un guide de chasse.

Plusieurs territoires proposent des séjours avec ou sans guides.

Mais tant du côté de la SÉPAQ, que des autres pourvoiries, sur l’île comme sur le continent, les mots sécurité et respect, demeurent omniprésents dans la tête de tous les chasseurs.

J’ai en mémoire des histoires où les cheveux des acteurs se sont dressés sur leur tête.

Un guide stationné à la sortie d’un sentier, attend son chasseur du midi, adossé à son siège, la tête sur ses avant-bras, appuyés sur le volant. Une balle passa soudainement entre sa poitrine et la roue de conduite, pour sortir côté passager.

Le chasseur venait de rater un cerf au milieu de la « trail » sans porter attention au véhicule. Depuis, aucun guide ne « parke » son pick-up devant un sentier.

Et celle d’un chasseur qui prenant place à l’avant de la camionnette. Sa carabine, encore chargée (?), placée entre lui et le guide, canon vers le haut.

Le véhicule roule dans un trou, le coup part et la balle fracasse la vitre arrière de la cabine. Heureusement qu’il n’y avait pas de passager sur la banquette.

Et celles récurrentes de chasseurs qui de retour à l’intérieur de leur chalet, racontent leur journée, lorsqu’un coup de feu retentit, leur carabine se déchargeant d’une balle dans le plancher du camp.

Le guide n’est pas un serviteur

Le chasseur doit respecter son guide, et lui faire confiance. Il connaît son territoire et il travaille pour le succès de son client.

« Les guides sont passionnés. Règle générale, pour récolter un gibier sur l’île, il est préférable d’écouter son guide. C’est un « extra » d’obtenir leurs services. D’un séjour à un autre, le guide sait ce qui se passe sur son terrain de chasse. Au fil de la saison, il connaît les secteurs les moins exploités. Son expertise est supérieure à un chasseur qui vient une fois par année pour y chasser quatre jours. Pour atteindre ce niveau, un chasseur devra consacrer 10 ans », estime le responsable du Service à la clientèle de SÉPAQ-Anticosti, Daniel Lévesque.

(Photo Ernie Wells)

Le guide n’est pas un serviteur. Après avoir ciblé un cerf avec succès, un chasseur dit à son guide : « Enwoye, va le chercher, c’est ta job ! » Oups, grand malaise !

Et cet autre de faire pression sur son guide : « J’ai payé assez cher pour venir ici, tu vas me faire tirer un gros buck ».

« Je l’essaye »

Ne jamais dire, en observant un chevreuil à grande distance : « Je vais l’essayer ». Les chiens de sang, comme les chiens domestiques, ne sont pas autorisés dans l’entièreté d’Anticosti, de craintes qu’un chien s’égare et s’en prenne à des cerfs qui ne connaissent qu’un seul prédateur, l’homme.

Quand un chasseur cible un chevreuil, il est certain que le coup est précis, le tir fatal.

« Absolument. Des chasseurs qui viennent à l’île ne sont pas habitués de voir autant de chevreuils dans leur territoire, et ils peuvent se laisser emporter par l’excitation. Nos secteurs de chasse ont des emplacements aménagés pour vérifier les carabines avant la chasse du lendemain, et même durant le séjour. Dans la manipulation des étuis de transport; en avion ou en camionnette, le télescope d’une arme peut être affecté. Le chasseur doit s’assurer que son arme est précise », recommande Daniel Lévesque.

Les chasseurs Maxime et Alyson Doucet, en compagnie du guide François-Nicolas Proulx, devant un lever de soleil à l’Île d’Anticosti (Photo Le Soir.ca- Olivier Therriault)

Un guide m’a raconté qu’un de ses clients avait tiré cinq chevreuils dans le même après-midi, il en avait raté trois, et peut-être blessé deux. La faute de l’arme ou du chasseur ?

Dans pareil cas, un des deux coupons de transport de son permis de chasse sur l’île devrait être annulé.

Compliqué d’évacuer un chasseur blessé

Le chasseur manipule son arme avec grand soin lorsqu’il charge et décharge sa carabine, à l’extérieur, pas dans un bâtiment, ni dans un véhicule.

« Le chasseur arrive à l’île avec une certaine fébrilité et il doit être très vigilant. S’il y a une intervention, ce n’est pas simple. Une évacuation urgente est compliquée. On a juste un dispensaire au village de Port-Menier. On doit faire entrer un hélicoptère, un avion, et le transport entre les deux peut être périlleux », explique le porte-parole de SÉPAQ-Anticosti.

Les opérations de recherche et de sauvetage sont au frais de la personne recherchée. Certains assureurs offrent une protection à ces risques, comme Airmedic et Hélico Secours.

Le « Guide de séjour » de SÉPAQ-Anticosti, fournit des détails sur les bagages et le transport du gibier à Anticosti. (Photo courtoisie SÉPAQ-Anticosti)

Chasser n’est pas un droit, c’est un privilège. Des règles et règlements encadrent l’activité. Le chasseur les respecte, comme le guide qui le dirige et le conseille vers le gibier convoité, et le succès souhaité.

Et le séjour de chasse n’en sera que plus mémorable, pour les bonnes raisons.

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