Le délire de l’empire américain
Qu’est-ce qui se passe dans la tête des États-Uniens ?
Qu’est-ce qui se passe dans la tête des États-Uniens pour qu’ils décident, à près de 50 %, d’accorder les pouvoirs politiques de leur puissant pays à un personnage aussi étourdissant, manipulateur et impitoyable que Donald Trump, le président actuel ?
Surpris, inquiets, nous nous posons cette question tous les jours… Un livre écrit en 2022, « Le délire de l’empire américain », donne quelques sains éclairages pour mieux comprendre la conduite bouillonnante de nos voisins du sud.
Les auteurs sont Alexandre Sirois, un journaliste de La Presse qui couvre régulièrement la politique américaine, et Alexandre Couture Gagnon, une politologue qui vit au Texas et qui enseigne à l’Université Rio Grande Valley, près de la frontière mexicaine.
Par ailleurs, celle-ci avait fait ses études secondaires et collégiales à Rimouski avant de compléter ses études universitaires jusqu’au doctorat.
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En fait, Trump et ses acolytes ont réussi à canaliser la frustration de plusieurs groupes sociaux disparates.
On y retrouve des mouvements religieux très conservateurs jusqu’aux éléments les plus racistes de la société, en passant par les laissés pour compte de l’économie ainsi que les défenseurs de l’usage libre des armes à feu.
Profonde division de perception
Au cœur du problème américain, estiment les auteurs, il y a une profonde division de perception.
Selon qu’ils sont républicains ou démocrates, les gens n’écoutent pas les mêmes médias, ne participent pas aux mêmes activités. Ils évitent les gens qui ne pensent pas comme eux.
Et tout ça génère des préjugés de plus en plus négatifs sur l’autre partie de la population.
Durant la pandémie, par exemple, les Républicains considéraient que l’essor de l’économie devait avoir priorité sur les vies humaines alors que les Démocrates pensaient le contraire.
Et l’identification très forte des citoyens à l’un ou l’autre de ces partis alimente une polarisation infranchissable.
Les auteurs font état des grandes inégalités sociales et financières qui existent chez les citoyens. Ce qui fait que beaucoup de marginaux insatisfaits sont prêts à protester à fond de train contre les autorités politiques.
Dans la mentalité américaine, il existe une grande méfiance pour les interventions du gouvernement et l’impression tenace que les bénéficiaires d’aide abusent du système.
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Contrairement au Canada, les élus américains ont un certain pouvoir pour changer les règles du jeu dans les élections, par exemple en modifiant les zones de vote qui leur sont moins favorables ou en étant exigeant sur les preuves de citoyenneté. Et ils ne se privent pas de le faire.
Ce qui crée de la confusion chez les électeurs.
Inégalités de richesse
Aussi, en tenant compte de la constitution américaine, les zones rurales sont plus avantagées que les agglomérations urbaines en termes de représentation. Une telle donnée favorise globalement les Républicains, davantage populaires dans les milieux ruraux.
Mais ce qui frappe le plus dans ce livre, ce sont les inégalités de richesse.
« La tranche des 10 % des Américains les plus riches possède maintenant 70 % de la richesse du pays. » Et la moitié la plus pauvre de la population reçoit 1,5 % du total.
Cette triste réalité a des effets sur les services que les citoyens peuvent obtenir en santé et en éducation, notamment, selon que vous êtes bien pourvu financièrement ou démuni. Un système à deux vitesses.
Aussi, les gens très fortunés ont un pouvoir énorme pour appuyer aux élections les candidats qui leur sont favorables. Les millions pleuvent et les candidats sont obligés d’en tenir compte dans leurs promesses et décisions…
Énormes disparités de revenus, réseaux sociaux omniprésents, désinformation, armes et drogues accessibles, positions tranchées, frustrations : le cocktail américain est explosif!
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Le délire de l’empire américain, par Alexandre Couture Gagnon et Alexandre Sirois, Éditions La Presse, 2022, 268 pages.