Aucune stratégie de survie des cerfs depuis « LE » Plan
Taux d’enfoncement dans la neige plus profond du double du seuil critique
Les récentes précipitations considérables de 116 cm de neige en moins d’une semaine, dans l’Est-du-Québec, compromettent la survie des cerfs, dont le taux d’enfoncement dans la neige est plus profond du double du seuil critique de 50 cm.
Ce qui rappelle les chutes dramatiques des cheptels des zones 1 (Gaspésie) et 2 (Bas-Saint-Laurent) des années 1990.
Un premier coup de grâce est survenu à l’hiver 1990-1991 avec une tempête de neige surprise de 67 cm en plein milieu de la saison de la chasse du chevreuil.
Quelque 320 chasseurs sont demeurés coincés dans les forêts du Haut-Pays de la Neigette, au sud de Rimouski. Les cerfs n’ont pu regagner leurs ravages à temps et ce fut l’hécatombe.
Puis en raison d’une succession d’hivers rigoureux, une dégradation du couvert forestier, imputable aux épidémies de la tordeuse des bourgeons de l’épinette et à une prédation exagérée des coyotes.
Le cheptel chevreuil a chuté au fond du baril.
Trois années sans chasse
En février 1993, la population de cerfs était au seuil limite de sa capacité de reproduction de 3 000 têtes. Pas de chance à prendre, Québec ferme la chasse en 1993, 1994, 1995.
En 1987, les inventaires du ministère dénombraient 9 000 cerfs au Bas-Saint-Laurent. Avec l’arrêt de la chasse, et des hivers plus cléments, le chevreuil a repris du poil de la bête pour atteindre 11 000 têtes en février 1996, soit cerf au km2.
L’automne suivant, la chasse reprend sans limites de captures et la récolte atteint 2 006 chevreuils. Sans chasse pendant trois ans, les chevreuils étaient devenus très accessibles et vulnérables.
Québec aurait dû limiter le nombre de permis, mais les chasseurs s’étaient déjà serré la ceinture pendant trois saisons.
Mais plus question de revive le même déclin des cervidés.

En 1997, sous la gouverne du biologiste du ministère, et responsable de la grande faune au Bas-Saint-Laurent, Jean Lamoureux, élabore un plan de nourrissage d’urgence des cerfs. S’ajoute un plan de redressement, avec la capture de 261 coyotes dans 10 ravages importants de la zone 2.
Confiné dans ses ravages d’hiver, le cerf perd rapidement ses forces. Pourquoi ne pas livrer au cerf une nourriture d’appoint vitaminée qui lui permettrait de survivre jusqu’à ce qu’il quitte son habitat d’hiver? Comme en Ontario.
Le jardin zoologique de Québec utilisait de la moulée pour nourrir ses cerfs en hiver. Une recette spéciale de moulée est concoctée chez Purina Canada à Saint-Romuald, et testée avec succès sur des cerfs témoins en captivité à Saint-Narcisse, au sud de Rimouski.
Sauvés grâce au nourrissage
De 1996 à 2001, le Plan de nourrissage d’urgence est enclenché à cinq reprises. La dernière intervention est en 2008.
Les cerfs auront alors profité d’une nourriture de survie de 167 tonnes de moulée au coût de 105 000$.
Au cours des années de nourrissage d’urgence des cerfs, le ministère de l’époque disait que le Bas-Saint-Laurent ne peut plus se passer d’un hiver sans la SÉCURITÉ du Plan de nourrissage d’urgence.
À l’automne 2000, grâce au Plan, la population est 11 300 chevreuils avant chasse. Ledit plan faisait ses preuves. À l’automne 2000, le ministère a réintroduit la chasse du cerf sans bois avec 300 permis au tirage au sort. Ce qu’on n’a jamais revu depuis 25 ans…

Mais qu’en sera-t-il maintenant, avec toute cette neige meurtrière pour l’avenir du cerf dans la Zone 2 du Bas-Saint-Laurent, surtout que depuis les trois dernières années, les résultats de la chasse révélaient une remontée évidente du cheptel?
Mais Québec ne veut plus nourrir pour éviter la propagation de maladies entre les bêtes. Les cerfs étaient nourris directement à l’intérieur des ravages, où ils pouvaient se côtoyer 24 heures sur 24.
En entrevue à « Rendez-Vous Nature », le spécialiste et animateur Stéphane Monette appelle Québec à réagir parce que les derniers tempêtes de neige tuent les cerfs.
Comme Sylvain Roy, ex-député de Bonaventure, Stéphane Monette trouve inacceptable que le ministère responsable de la faune n’ait aucune stratégie pour limiter les mortalités des cerfs, là où l’abondance de neige compromet comme actuellement la survie des cervidés en raison d’un taux d’enfoncement qui dépasse actuellement du double les 50 cm de neige en forêt.