Abolissons l’hiver !
L'essai du regretté Bernard Arcand, analysé par Mario Bélanger
« Abolissons l’hiver ! » Quel titre rebelle et intriguant pour un essai ! C’est le regretté Bernard Arcand, auteur et anthropologue, qui avait écrit ce petit livre malicieux et hilarant, paru chez Boréal en 1999.
L’idée de base est que nous supportons très mal la saison hivernale dans notre société moderne. Toujours à se plaindre du froid intense, du verglas, du pelletage, des sinusites, etc.
Alors, en toute logique, l’auteur propose simplement de changer notre conception de l’hiver. Ce n’est pas normal de travailler autant l’hiver et de prendre des vacances reposantes l’été. C’est contre-nature.
Nos ancêtres avaient tendance à travailler fort durant les beaux mois d’été, à préparer les champs l’été et à récolter l’automne, puis à profiter calmement de la vie pendant l’hiver, au coin du feu.
Pourquoi ne pas revenir à un fonctionnement social mieux ajusté à nos saisons ? « Faisons de l’hiver la saison morte », lance-t-il, pince-sans-rire.
Tous les inconvénients
Arcand se serait étonné lui-même si notre société décidait d’adopter son programme perturbant… Mais ce n’est pas inutile d’y réfléchir.
Il étale dans un premier chapitre tous les inconvénients de l’hiver : sa rudesse, son peu d’ensoleillement, son impact sur notre santé tant physique que mentale, le déneigement à répétition, tous les coûts que cette saison occasionne…
Pourquoi nos maisons d’enseignement sont-elles vides de juin à septembre alors que ce sont des mois où ça ne coûte rien en chauffage ?

Dans un second volet, l’auteur met en valeur nos ancêtres qui avaient la sagesse de voir l’hiver comme la saison du repos et des festivités.
Enfin, il étale quelques solutions qui permettraient de mieux s’adapter.
Période d’hibernation
Finies les vacances d’été : désormais, ce serait en hiver que les gens prendraient leurs vacances. L’été, les travailleurs seraient occupés de 7 h le matin à 13 h, ce qui donnerait quand même l’opportunité de profiter des belles journées. L’année scolaire se déroulerait sur dix mois, mais de mars à décembre.
Par ailleurs, après le temps des Fêtes, de janvier à mars, tout le monde (ou presque…) serait dans une période d’hibernation, d’engourdissement social. Une belle occasion de se reposer, de reprendre des forces, de vivre tranquillement son besoin de solitude, de mieux connaître sa famille et ses voisins proches.
Bon. Toute cette argumentation est tirée par les cheveux, bien sûr, mais ça nous amène à voir l’hiver d’un autre œil.
Abolissons l’hiver, par Bernard Arcand, Boréal, 1999.

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