Les cerfs menacés sauvés par le « Plan »
Entrevue d'Ernie Wells avec l'ex-biologiste Jean Lamoureux
Les « grosses » tempêtes de neige survenues à la grandeur du Québec, surtout en février dernier, en plus des précipitations considérables de neige laissées derrières elles, font craindre pour la survie des cerfs, une espèce très fragile aux hivers rigoureux.
Ce qui ramène nombre de chasseurs aux années 1990 au Bas-Saint-Laurent, où les populations de chevreuils ont tellement soufferts d’hivers rigoureux, que pour assurer la survie de l’espèce, il a fallu les nourrir.
En entrevue dans le cadre de l’émission et du balado « Rendez-Vous Nature », le « père » du Plan de nourrissage des cerfs, d’abord dans la zone 2, le biologiste Jean Lamoureux, ex-responsable de la grande faune au bureau régional du ministère au Bas-Saint-Laurent, revient sur les conditions hivernales difficiles qui avaient comprises la survie des cerfs de Virginie, et les mesures pour éviter le pire.
Novembre 1990
En novembre 1990, une énorme tempête de 67 cm de neige avait coincé des centaines de chasseurs en forêt, en plein milieu de la saison de la chasse du chevreuil.
Les cerfs n’avaient pu gagner leurs ravages à temps et ce fut le début de leur déclin.
Après cette tempête soudaine et l’hiver épouvantable de 1990-1991, il y eut une succession d’hivers très rigoureux, et une forte prédation des coyotes.
En 1987, on dénombrait 9 000 cerfs au Bas-Saint-Laurent, puis 3 000 en février 1993. C’était la descente aux enfers de l’espèce.
Fallait réagir et donner un coup de pouce à Dame Nature. Il fallait sauver le chevreuil et Jean Lamoureux a d’abord fermé la chasse pour trois ans, 1993 – 1994 -1995.

S’en suivit des hivers plus cléments, le chevreuil a repris du poil de la bête pour atteindre 11 000 têtes en février 1996, soit un un au km2.
La chasse a repris à l’automne 1996 et la récolte fut de 2 006 chevreuils. Jean Lamoureux ne voulait plus revivre pareille situation.
En 1997, il concocte un Plan de nourrissage d’urgence, afin de fournir aux cerfs une alimentation de soutien pour les renforcir et les aider à traverser des hivers à risques pour l’espèce.
Le cheptel est sauvé
Une recette spéciale de moulée est concoctée chez Purina Canada à Saint-Romuald, et testée avec succès sur des cerfs témoins en captivité à Saint-Narcisse, au sud de Rimouski.
S’était ajouté un plan de capture de coyotes. En 1997, 261 coyotes étaient récoltés dans 10 ravages majeurs de la zone 2.
À l’automne 2000, grâce au plan, la population était passé à 11 300 chevreuils avant chasse dans la zone 2.
Et 300 permis de chasse du cerf sans bois étaient attribués par tirage au sort. Ce qu’on n’a jamais revu depuis 25 ans…

De 1996 à 2001, le Plan de nourrissage d’urgence est enclenché à cinq reprises. La dernière intervention a eu lieu en 2008. Les cerfs fragilisés avaient profité de 167 tonnes de moulée.
« On a sauvé le cheptel chevreuil au Bas-Saint-Laurent », de nous confier alors Jean Lamoureux, qu’on peut entendre en cliquant sur le lien ci-dessus.