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Lettre ouverte

De mal en pis au conseil municipal de Rimouski

Lettre ouverte de Mireille Desrosiers, de Sainte-Luce
Les 12 membres du conseil municipal de Rimouski, incluant le maire Guy Caron, 2e à partir de la gauche dans la dernière rangée. (Photo journallesoir.ca)

Cher conseil municipal de Rimouski, je t’écris en tant que citoyenne désespérée, travaillant en foresterie. Je ne sais pas comment faire entendre ma petite voix. Je prends une chance ici.

Je t’écris aujourd’hui puisqu’on se connaît depuis longtemps et je ne reconnais pas, ni ne comprends tes actions et tes orientations politiques. L’incohérence absurde entre les demandes scientifiques et les décisions politiques me fait perdre la voix et le nord.

« L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage. »

Il est permis de croire que le mégaprojet immobilier privé, implanté dans la forêt de Pointe-au-Père, sera un échec écologique et social.

Plusieurs experts -médecins, biologistes, professeurs, universitaires, comité logement, technicienne forestière, etc.- l’ont confirmé au micro lors des périodes de questions.

Des citoyennes et des citoyens méprisé.es, infantilisé.es, intimidé.es.

D’après toi, cher conseil, que dirait la barbe d’Hubert Reeves de ce projet ? Que dirait le cœur de Richard Desjardins, s’il était citoyen de notre ville ? Que dirait la moustache de Michel Chartrand à propos d’une immense construction immobilière sans logements sociaux ni abordables ?

Des enfants verts

Le 22 avril 2024, les élu.es de la ville ont posé fièrement avec la Chaise des générations et une dizaine d’enfants verts souriants. Vous avez même fait les manchettes des médias !

Le toupet dans le vent, le maire Caron affirmait gaiement : « C’est un message d’espoir » !

La maire de Rimouski, Guy Caron (Photo journallesoir.ca)

Lundi soir dernier, quand des enfants désespérés sont venus questionner votre engagement envers vos promesses vertes, vous avez accusé les adultes d’instrumentaliser ces enfants.

Ironique.

Démocratie en péril

Le recours aux forces de l’ordre pour intimider les citoyennes et les citoyens — un peu dérangeants, mais pacifiques — est une grave atteinte aux droits démocratiques.

Jamais la police n’a aussi souvent été appelée pour intervenir lors de conseils municipaux de Rimouski. La banalisation de la violence policière est une dérive autoritaire qui se répand dans le monde.

J’ai milité en 2012 et je constate douloureusement les ressemblances. Comment la police traitait-elle les étudiantes, dont je faisais partie ?

Toujours aussi d’actualité, l’écrivain John Steinbeck écrit dans Les raisins de la colère à propos des dirigeants politiques : « On ne songeait qu’au moyen d’abattre la révolte, tout en laissant se perpétuer les causes du mécontentement. »

Voilà qui résume les conseils municipaux tels que vus lundi soir.

Cher conseil municipal de Rimouski, je t’invite fortement à réfléchir et à consulter des livres qui parlent d’écologie féministe et de sociologie : les angles morts des décisions politiques aux niveaux fédéral, provincial et municipal.

Que doit-on penser d’une ville qui construit un entrepôt Costco devant son Walmart tout en sensibilisant les consommateurs à acheter local et protester contre les menaces tarifaires du président Trump ?

Suis-je folle d’être confuse ? Ce cirque noir de clowns nucléaires attise mon cynisme au chalumeau.

Mireille Desrosiers, citoyenne de Sainte-Luce

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