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Lettre ouverte

Le grand divorce

Lettre ouverte de Robin Lebel de Rimouski
Le président des États-Unis, Donald Trump (Photo La Presse Canadienne Pool via AP)

Il y a un lien à faire entre le comportement du président des États-Unis et ce que vit une personne qui met fin à un couple. Pour ceux qui sont passés par là, toutes les raisons sont bonnes pour celui ou celle qui quitte et met fin à l’union.

J’exclus ici les cas de divorce liés à la violence. Celui ou celle qui part est sous le choc.

Je me souviens bien, très vite, je m’étais arrêté dans un dépanneur pour m’acheter un gros cigare, pas pour fêter ça, bien au contraire, ce n’était pas ma décision.

Une fois l’achat effectué, la route me menant à la maison que j’avais louée chez un ami m’a paru interminable, pourtant je n’étais qu’à quelques kilomètres de chez lui.

Une fois arrivé, tout en me servant un porto, je m’étais mis en marche.

Les idées et les réflexions se bousculaient à une vitesse folle. Le deuil de cette vie de famille que j’avais mis tant d’efforts à bâtir brouillait mes pensées et m’arrosait les yeux de larmes par moments. Ça allait dans tous les sens.

Une chose était certaine : il n’était pas question de laisser tomber. Bilan de constatation après cette secousse ce soir-là : un peu de mobilier, de l’argent, une famille et des amis pour me soutenir.

L’un m’avait donné des lits superposés, un autre m’a vendu son poêle pour 50 piastres.

Se réorganiser même si on est sonné

Je me suis trouvé une maison à rénover un peu plus tard. Bref, bien que sonné comme beaucoup de gens qui sont passés par là, mon idée était de poursuivre ma vie dans les meilleures conditions possibles. Je vous avoue que les premières semaines n’ont pas été de tout repos.

Se réorganiser quand on est sonné, comme le boxeur qui vient de se prendre un uppercut en pleine face, n’a rien de très amusant.

Le président Donald Trump avec sa grille tarifaire lors de son annonce devant la Maison-Blanche. (Photo Associated Press-Evan Vucci)

Regardez maintenant ce que font les pays depuis la mise en place des idées de fou de Donald Trump. Ils sont sonnés, tout comme nous, les citoyens. Ils poussent leurs démarches et leurs réflexions dans tous les sens et dans toutes les directions.

Comment faire confiance à un homme et à un pays qui ont même renié ce qu’ils avaient signé ?

S’ouvrir à de nouvelles amitiés

Dans mon cas, 18 ans plus tard, comme beaucoup d’entre vous, mes enfants ont grandi, et la vie a repris son cours avec beaucoup de bonheur depuis ce branle-bas de combat.

C’est ce qui va arriver pour nous, les Canadiens : le soleil va briller de nouveau, et des liens d’affaires plus étroits avec des pays que nous connaissions moins jusqu’à présent vont apparaître comme sortis de nulle part.

Des amitiés aussi. En fait, le seul pays qui va, en fin de compte, souffrir de tout ça après des années sera les États-Unis.

Car au lieu de vivre ce que M. le président appelle « le grand jour de la libération », notre voisin et ex-allié se retrouvera seul dans sa cour, tandis que le reste de la planète aura poursuivi son chemin et sa vie sans lui.

Le cinéaste Denys Armand, véritable devin, avait déjà donné le titre à un de ses films pour ce qui se passe sous nos yeux en ce moment : « Le déclin de l’empire américain ».

Bonne chance à vous, monsieur Trump. Nous, on est déjà rendus ailleurs!

Robin Lebel, de Rimouski

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