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La Bête intégrale

L'oeuvre du romancier et poète québécois analysée par Mario Bélanger
Le romancier et poète québécois David Goudreault (Photo courtoisie)

Profitons de la visite prochaine de David Goudreault à la Salle Desjardins-TELUS de Rimouski, ce mercredi 9 avril, pour dire un mot sur l’une de ses créations, « La Bête intégrale ».

Si vous êtes réfractaire aux histoires qui mettent en scène un personnage principal fourbe et haïssable, avec du langage corrosif, des actes de violence, du sexe et de la drogue, des moqueries tordues sur tout ce qui bouge, ne vous lancez pas dans la lecture de cet imposant trio de romans.

C’est monstrueux! Rien de politiquement correct ici…

Mais si vous cherchez du plaisir à lire dans la rigolade, avec des rebondissements cocasses, des calembours songés, et un protagoniste à la fois naïf, baveux, futé, prétentieux, ratoureux, qui réussit à passer à travers les sordides épreuves de sa sale vie, vous êtes à la bonne place…

Entre 2015 et 2017, le prolifique David Goudreault a réussi à écrire trois romans avec son fabuleux personnage.

« La Bête intégrale » réunit ces trois livres sous la même couverture (qui abrite donc 720 pages…). Tout se tient solidement dans le déroulement de ce long récit.

L’auteur a un talent rare pour tricoter ses phrases, pour lancer des pirouettes et des métaphores désopilantes.

Ça rappelle autant Réjean Ducharme que San Antonio. Des heures de régalade!

D’abord, « La Bête à sa mère » raconte l’histoire de ce jeune va-nu-pieds, habitué aux foyers d’accueil et à la misère, qui part à la recherche de sa maman qui l’avait abandonné. Il est prêt à tout pour la retrouver. Il en veut au monde entier. Et il se fait facilement des illusions…

Ensuite, « La Bête et sa cage » porte sur l’étape que notre « héros » passe en prison. Les gardiens en voient de toutes les couleurs. Ses compagnons de mauvaise fortune s’appellent Molosse, Papillon, Bizoune, Timoune, Philippe le Philippin, Asperge, Pedo, Melon…

Enfin, dans le dernier tome, « Abattre la bête », notre flamboyant sacripant, considéré comme socialement irrécupérable, fait un séjour en psychiatrie. D’où il s’échappe, bien sûr, pour multiplier ses mauvais coups et pour donner du fil à retordre aux nombreux policiers qui le poursuivent.

Grande sensibilité

Goudreault est un écrivain qui s’exprime avec une grande sensibilité pour les marginaux de ce monde, évoquant leur infortune, leur rage.

Il est très fort aussi pour créer des jeux de mots volcaniques… 

En voici une dizaine, cueillis au fil des pages de cet ouvrage détonant :

  • « À force de se suicider, on finit par mourir. »
  • « Tout le monde aime les animaux, même si on les mange et les abandonne. »
  • « Mon cœur a fait trois tours et est tombé sur le dos. »
  • « Même pour une bande de tueurs, tuer le temps, c’est pas simple. »
  • « Carpe diem, c’est d’origine latino. Ça veut dire profites-en pendant que ça passe. »
  • « Il n’arrivait pas à la cheville de mon cerveau. »
  • « Les plus grandes surprises sont souvent inattendues. »
  • « Oui, être heureux porte bonheur. »
  • « … la van de la réalité a percuté le chevreuil de mes illusions. »
  • « … les absents seront toujours plus faciles à aimer. »

« La Bête intégrale », par David Goudreault, Éditions Stanké, 2018, 720 pages.

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