Autoroute 20 : le prolongement sur pause pour cinq ans
La conjoncture économique actuelle entraîne une réévaluation des priorités
Le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) confirme que le projet de prolongement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski sera sur pause pendant au moins cinq ans.
Par Lydia Barnabé-Roy, Initiative de journalisme local– Info Dimanche
À la suite de l’adoption du budget 2025-2026 du gouvernement du Québec, plusieurs projets inscrits au Plan des infrastructures québécoises (PQI) ont été retirés, modifiés ou remis à plus tard, en raison d’un manque de fonds.
La bonification de l’autoroute 20 reste toutefois inscrite au PQI, contrairement à une dizaine de projets qui ont été rayés de la carte par le ministère.
« La conjoncture économique actuelle et l’état des infrastructures existantes entraînent une réévaluation des priorités en matière d’investissements afin de respecter la capacité de payer des contribuables», a répondu la porte-parole du MTMD Sarah Bensadoun.
Aucune somme n’est allouée au prolongement de l’autoroute 20 pour le premier quinquennat (2025-2030) du PQI. Des fonds sont prévus pour la seconde portion (2030-2035), a expliqué Mme Bensadoun.
Elle a toutefois souligné que la situation pourrait changer puisque le PQI est révisé annuellement.
« Donc si jamais les conditions économiques s’améliorent et que les budgets sont disponibles, ce n’est pas impossible que ça bouge avant 2030 ».
Un pont encore plus cher
Le groupe « Le pont de la 20, ça tient pas debout » a vivement réagit à ce recul du prolongement l’autoroute vers Rimouski.
En plus d’être en désaccord avec le projet, le comité croit que ce report entrainera des couts encore plus élevés pour la construction d’un éventuel pont au-dessus de la rivière des Trois Pistoles et du tronçon prévu.
« Si [le gouvernement] ne compte pas la prolonger, l’autoroute, il faudrait arrêter de le faire croire au monde et de nous faire perdre notre temps », a souligné le porte-parole du mouvement, Sébastien Rioux, par communiqué.

Même si le manque de fonds pour le prolongement est une bonne nouvelle pour le groupe d’opposants, il croit toutefois que des sommes devraient aller ailleurs pour améliorer le réseau routier.
Il cite en exemple l’article du Journal de Québec qui mentionne que la route 138 dans la Côte-Nord sera sécurisée.
« Pourquoi sécuriser la 138 et pas la 132? En mettant de côté l’amélioration de la route 132, c’est la sécurité des gens du Bas-Saint-Laurent que le gouvernement écarte. Les haies brise-vent c’est excellent, mais ça va prendre des années avant de fonctionner », a ajouté M. Rioux dans sa communication aux médias.
Encore à l’étude
Concernant l’augmentation des coûts qui inquiète le comité, le MTMD soutient que le projet est encore à l’étude et qu’aucune somme ni échéancier n’ont encore été confirmés. Le ministère ne peut donc pas se prononcer sur une hausse en raison du report du projet.

Questionné sur l’intention d’effectuer des améliorations sur la route 132 en attendant des développements dans le projet du prolongement de la 20, le ministère a indiqué qu’il travaillait présentement sur les investissements 2025-2027 d’entretien et de maintien des infrastructures routières provinciales.
Les tronçons qui seront sécurisés vont être dévoilés dans les prochaines semaines.
Véritable priorité ?
Pourtant, au début d’avril, la députée-ministre de Rimouski, Maïté Blanchette Vézina, assurait dans une entrevue avec Le Soir.ca que le prolongement de l’autoroute 20 demeurait une priorité du gouvernement Legault, malgré aucun investissement prévu en 2025-2026.
« Nous avons mis des appels d’offres pour la conception. Il y a des choses qui ont avancé dans les dernières semaines et les derniers mois, malgré que des sommes ne soient pas prévues pour cette année, notamment la mise à jour des études et la conception du pont », indiquait madame Blanchette Vézina.

Elle ajoutait que la bonification du PQI annoncée dans le budget permettra de réaliser d’autres chantiers pour en venir à la concrétisation du projet de l’autoroute 20.
« Le rehaussement va permettre de réaliser des chantiers qui sont en cours et avancés pour qu’éventuellement l’investissement pour la 20 se fasse. Geneviève Guilbault, ma collègue aux transports, sait que c’est une priorité autant pour moi que pour Amélie Dionne », disait-elle.
Avec l’aide d’Annie Levasseur