Une vie en famille d’accueil
L'oeuvre de la Rimouskoise Roxane Larocque analysée par Mario Bélanger
La Rimouskoise Roxane Larocque vient de publier, aux Éditions Midi Trente, un livre qui explique les émotions qu’un jeune peut vivre quand il est placé dans une famille d’accueil.
Après des études universitaires à Trois-Rivières, Roxane est revenue dans le Bas-Saint-Laurent pour travailler comme psychologue.
Elle collabore au Centre d’évaluation en neuropsychologie de l’Est du Québec (CENEQ) auprès des jeunes de 0 à 18 ans et de leurs parents.
Son expérience dans le domaine social et son plaisir pour l’écriture l’ont motivée à préparer ce livre.
La maison d’édition a ajouté une série d’illustrations réalisées par des élèves de l’école Chabot, à Québec. Le livre s’adresse autant aux jeunes qu’aux parents et aux intervenants.
Au Québec, plus de 40 000 jeunes sont pris en charge par la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse), dont la moitié sont placés hors de leur famille naturelle.
Ces jeunes sont souvent victimes de négligence ou d’abus. Il arrive que leurs parents ne s’entendent plus ou bien qu’ils soient confrontés à une maladie, à du surmenage ou à des problèmes financiers. La mission de la DPJ est justement de protéger les jeunes dans de tels contextes.
Les cas peuvent être très variés, mais il s’agit d’une clientèle sensible et fragile.
Certains jeunes gardent contact avec leurs parents, mais pas tous. Certains sont placés pour une courte période, d’autres pour plus longtemps.
« C’était important pour moi de trouver les mots justes pour refléter leur vécu », affirme la psychologue.
Les cas de Will et de Mya
Le livre raconte l’histoire de Will, un enfant de 11 ans, qui aime jouer aux jeux vidéo, dessiner, écouter de la musique, faire du skate.
Il est question aussi brièvement de Mya, une jeune de 16 ans qui en est à sa cinquième famille d’accueil.
Ce n’est pas toujours facile de s’adapter à un nouveau milieu, en particulier pour un enfant qui est extrait de sa famille contre son gré. Pour plusieurs, il s’agit d’un véritable cauchemar, où s’ajoutent la solitude et les crises.
Et souvent, les jeunes déplacés ont tendance à se comparer aux autres qui n’ont pas à vivre un tel bouleversement.
Selon les tempéraments, devant cette réalité, les réactions peuvent être la paralysie, le combat ou la fuite.
Les intervenants insistent pour que les jeunes puissent retrouver leur équilibre et favoriser l’épanouissement de leur potentiel.
Et la meilleure façon d’y parvenir, c’est que ces jeunes puissent se confier, communiquer leurs besoins, se faire de nouveaux amis.
« Si les jeunes ne trouvent pas la sécurité affective, ça risque d’engendrer des problèmes de comportement plus graves », constate la psychologue.
À Rimouski même, explique Roxane Larocque, le manque de familles d’accueil est un problème majeur.
« Ça pousse la DPJ à devoir placer les jeunes dans des familles plus éloignées géographiquement, donc ça augmente encore plus leur perception du déracinement. »

« Laisse-moi t’expliquer… ma vie en famille d’accueil », par Roxane Larocque, Éditions Midi Trente, 2025, 40 pages.
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