Les cellulaires pourraient être interdits à l’école d’ici l’automne
Partout à l'intérieur et sur le terrain de l'établissement scolaire
Les cellulaires pourraient être complètement interdits entre les murs des écoles primaires et secondaires dès la prochaine rentrée scolaire. C’est ce qu’a recommandé la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes dans son rapport intérimaire déposé mardi.
Par Katrine Desautels- La Presse Canadienne
La Commission recommande que le gouvernement du Québec interdise dès la rentrée scolaire 2025-2026 l’usage des cellulaires jusqu’à la fin des cours, et ce, partout à l’intérieur de l’école ainsi que sur le terrain de l’établissement scolaire.
Les écouteurs et les autres appareils mobiles, entre autres pour les jeux vidéo, seraient aussi visés par l’interdiction.
Certaines exceptions pourraient s’appliquer, notamment lorsque l’usage d’un appareil mobile est justifié pour l’état de santé d’un élève ou encore pour les besoins particuliers d’un élève handicapé ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.
L’utilisation serait aussi permise pour des fins pédagogiques.
Rappelons que depuis le début de l’année 2024 les cellulaires sont déjà proscrits dans les classes des écoles du Québec.
En mêlée de presse, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a rappelé qu’il avait déjà dit par le passé qu’il était prêt à aller plus loin, mais qu’il voulait attendre la fin des travaux de la Commission.
« On accueille donc ce premier rapport préliminaire avec beaucoup d’intérêt et beaucoup d’ouverture », a-t-il déclaré.
Monsieur Drainville n’a pas voulu dire s’il allait aller de l’avant avec la recommandation. Il a par ailleurs souligné que des établissements scolaires ont déjà complètement banni le cellulaire à l’intérieur de l’école, ce qui prouve que cela est faisable.
« Nous sommes conscients du fait que si on veut implanter une éventuelle interdiction dans les écoles pour septembre, il faut que la décision soit prise rapidement et cette décision va être prise rapidement », a-t-il précisé.
La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) s’est dite « quand même » en faveur de la recommandation.
« Règle générale, nos parents veulent avoir les conditions gagnantes pour la réussite éducative de leur jeune et si une distraction est enlevée pour leur permettre de se concentrer sur leur étude, on adhère à ça », a commenté la présidente de la FCPQ, Mélanie Laviolette.
Les élèves réticents
Les comités de parents sont toutefois inquiets que l’interdiction du cellulaire sur le terrain de l’école amène des jeunes à sortir dans les rues avoisinantes pour utiliser leur appareil, ce qui pourrait créer une certaine congestion autour de l’école, a expliqué madame Laviolette.
Dans le rapport intérimaire, on souligne que la vaste majorité des élèves possède un téléphone intelligent, surtout chez les étudiants au secondaire.
Ce constat a été confirmé dans la plus récente Enquête sur le bien-être des familles québécoises qui indique que le taux de possession d’un téléphone intelligent passe d’environ 50 % en 6e année du primaire à plus de 80 % en première année du secondaire.

Les membres de la Commission écrivent dans le rapport être conscients que l’idée d’interdire le cellulaire à l’école « suscite peu d’enthousiasme chez les jeunes de 14 à 17 ans ».
Les 500 élèves du primaire et du secondaire qu’ils ont consulté dans le cadre de leurs travaux ont d’ailleurs exprimé qu’ils avaient une réticence.
Plusieurs utilités
Les élèves ont fait valoir que leur téléphone avait plusieurs utilités: échanger avec leurs amis pendant la pause du dîner; rester en contact avec leurs parents; s’en servir pour payer à la cafétéria et pour vérifier l’horaire des autobus; consulter l’horaire des cours et vérifier les locaux; et recevoir des communications de l’école ou concernant leurs activités parascolaires.
La Commission propose que les modalités quant à l’interdiction du cellulaire à l’école soient inscrites dans les instances prévues dans la Loi sur l’instruction publique ainsi que la Loi sur l’enseignement privé.
Les membres de la Commission ont entrepris leurs travaux en septembre 2024 lors d’une première phase de consultations particulières et d’auditions publiques. En tout, près de 70 spécialistes et organismes ont été entendus dans les deux rondes de consultations.
Le dépôt du rapport final comprenant l’ensemble des recommandations de la Commission est prévu d’ici le 30 mai 2025.