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Le Québec ne s’arrête pas à Lévis

Par Robin Lebel
Le premier ministre élu du Canada, Mark Carney, lors du rassemblement libéral suivant sa victoire. (Photo courtoisie)

Mark Carney détient maintenant les rênes du pouvoir. Avec un gouvernement libéral minoritaire, plusieurs économistes prédisent déjà un retour aux déficits pour au moins deux ans encore.

Investir massivement dans les infrastructures alors que les finances publiques sont serrées semble compromis.

Et pour le Bas-Saint-Laurent, les conséquences risquent d’être particulièrement lourdes. 

Non seulement nous nous retrouvons dans l’opposition à Ottawa, mais nous sommes aussi portés par un parti aux affinités avec le Parti québécois, ce qui ne joue pas en notre faveur dans les couloirs du pouvoir fédéral.

D’ici quelques semaines, le Costco de Rimouski ouvrira ses portes. Une excellente nouvelle sur le plan économique, mais un véritable casse-tête pour nos infrastructures déjà saturées. 

Le magasin-entrepôt Costco de Rimouski, toujours en construction (Photo courtoisie Alexandre Bérubé)

La route 132 est fréquemment congestionnée, et cela ne fera qu’empirer. J’en ai moi-même fait l’expérience l’automne dernier : près de 20 minutes pour traverser Le Bic un samedi matin, un trajet qui me prend normalement deux minutes. 

Imaginez maintenant ce que ce sera avec l’achalandage accru causé par un nouveau centre commercial régional.

Relance de l’autoroute 20

Nous avons besoin de la relance du projet de l’autoroute 20 vers l’est. On nous rappelle souvent que les routes relèvent du provincial, certes, mais les infrastructures stratégiques comme les ponts peuvent recevoir un appui du fédéral. 

Si Ottawa a été capable de promettre 1,5 milliard de dollars pour un troisième lien à Québec, pourquoi pas un soutien pour désenclaver l’Est-du-Québec et la Gaspésie ?

Des membres du Comité pour l’autoroute 20 (Photo Le Soir.ca- archives)

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un paradoxe : une croissance économique freinée par un réseau routier sous-dimensionné. Et pendant que les files de voitures s’étirent, aucun plan concret n’est mis de l’avant par nos élus municipaux. 

À quelques semaines de l’ouverture du Costco, le silence des autorités locales est assourdissant. Trop de stops, pas assez de feux : le réveil s’annonce brutal.

Le gouvernement Carney évoque la création de nouveaux corridors économiques. Pensera-t-il à l’Est-du-Québec ? À notre industrie du bois ? 

À la Côte-Nord, prisonnière de la 138 et d’un service de traversier qui relève davantage de l’improvisation que de la stratégie ? Pourtant, cette région regorge de richesses : minerais, hydroélectricité… mais bien peu de retombées pour ceux qui y vivent.

J’ai travaillé longtemps pour des entreprises basées à Québec et Montréal. Croyez-moi : pour bien des décideurs, le Québec s’arrête à Lévis ou à Beauport. 

Un jour, un collègue m’a dit fièrement avoir « visité la Gaspésie » en campant au Bic. Un autre pensait que la Côte-Nord se trouvait en Abitibi.

Banquettes arrières

Aujourd’hui, en mai 2025, nous sommes à nouveau dans l’opposition à Ottawa. En pleine guerre commerciale avec les États-Unis, nous regardons passer les décisions depuis les banquettes arrière du Parlement. 

Et pendant ce temps, les citoyens de l’Est-du-Québec devront s’armer de patience. La congestion, les retards d’infrastructures et l’oubli politique risquent de durer encore longtemps.

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