Un Québec en perte de liberté
Opinion par Robin Lebel
Nous sommes en 2025, et rien ne laisse croire que nous retrouverons un jour la véritable liberté de choix. Au Québec, la gestion du risque personnel, autrefois socialement acceptée, semble désormais un rêve lointain, presque irréaliste.
Par Robin Lebel
Tout cela a commencé en 1976, quand le parti de l’heure est arrivé au pouvoir avec une équipe au talent exceptionnel, inégalé depuis.
Regardez bien cette époque : René Lévesque, père de l’économie québécoise reconnu mondialement, Jacques Parizeau, Lise Payette (et sa loi sur le sans-faute en assurance automobile), Bernard Landry, Claude Charron, Camille Laurin, Jean Garon, à qui l’on doit le zonage agricole, et bien d’autres. Ce parti, faut-il le rappeler, a aussi été à l’origine de la loi 101.
C’est une opinion, certes, mais je considère ce parti comme l’un des plus compétents, solides et visionnaires que le Québec ait connus.
Et même en 2025, son influence se fait encore sentir dans notre quotidien. Le mouvement social qu’il a engendré a transformé en profondeur le visage du Québec moderne.
Retour vers le futur
Revenons en arrière. En 1976, quand le jeudi soir arrivait, c’était le début de la fin de semaine. Toute la population se mettait en branle.
Brasseries, bars, discothèques : l’ambiance battait son plein. Les gens affluaient en ville vers 20 h, à 21 h 30, la fête battait son plein. Je ne parle même pas des 5 à 7, bien ancrés dans les habitudes. Il y avait plus de bars que de concessionnaires automobiles aujourd’hui.
Terminer une soirée à 3 h, 4 h, voire 5 h du matin n’avait rien d’exceptionnel.

Le vendredi ? Encore mieux. Le samedi ? Un rappel. Tout le monde devait alors gérer un certain risque : les accidents, l’alcootest, parfois les bagarres à la sortie des bars, la fumée omniprésente, et les planchers brûlés par les mégots. Ce n’était pas de notre faute : les cendriers manquaient, tout comme les places assises.
Un frein
Mais voilà, le fameux Parti québécois, sans trop s’en rendre compte, a mis un frein à tout cela. Peu à peu, les lois se sont durcies, et les gens ont commencé à moraliser tout comportement comme s’il fallait être plus droit que le premier juge du comté.
Michel Chartrand est un autre personnage clé de cette époque. Bien qu’il ait fait progresser plusieurs causes nobles, il a aussi anéanti l’ambition politique chez notre élite.
Il a tourné en ridicule les plus ambitieux, tuant l’idée que devenir premier ministre du Québec ou du Canada pouvait être un noble accomplissement. Il a peut-être défendu des causes justes, mais il a aussi dissuadé bien des esprits brillants de faire de la politique.
Et que dire de Jean-Luc Mongrain, arrivé en 1987 ? Un moralisateur infatigable, toujours prêt à dénoncer, à pointer du doigt. Il est devenu, sans le vouloir, le curé en chaire de la province. Le pape n’aurait pas fait mieux.
Puis est venu Guy A. Lepage, avec sa grande messe du dimanche soir. Je vous épargne les détails. Il est encore en onde… oups.
Qu’est-ce qu’il reste?
Alors, où en sommes-nous avec toutes ces leçons de morale de nos bien-pensants d’hier ? Avons-nous des assurances moins chères ? Non. Nos jeunes sont-ils meilleurs ? Non plus. Ils se cachent, tout simplement.
En revanche, les jeunes paient aujourd’hui des amendes trois ou quatre fois plus élevées qu’à notre époque, sans pour autant gagner trois ou quatre fois plus. L’écart entre le revenu et la capacité de payer s’est évaporé. Où se retrouvent-ils ? En prison pour certains, en travaux communautaires pour d’autres.
Moi, à mon âge, je n’ai plus besoin de vivre à cent milles à l’heure. Mais eux, que leur reste-t-il ?
Avant de réclamer l’intervention du gouvernement, avant de ridiculiser un député ou un ministre, posez-vous une question : où nous a menés ces comportements collectifs ? Voilà ce que j’appelle l’équilibre du choix. Et à mon avis, nous avons fait de mauvais choix.
Je suis sorti quatre jours à Montréal ce printemps. Je n’ai pas pris ma voiture une seule fois. J’y ai retrouvé cette ambiance de jeunesse, cette liberté de faire la fête n’importe quand, à toute heure. Mais dès qu’on quitte Montréal, c’est une autre histoire.
Même à Québec, ce n’est plus possible. Le transport en commun n’est pas à la hauteur. Et ici, dans le Bas-Saint-Laurent ? Si t’as pas de char, ton chien est mort.
Impact direct
Les lois ont eu un impact direct en région, car on a suivi la morale sans adapter les infrastructures. Par exemple, le transport en commun à Rimouski est moins développé qu’il ne l’était dans les années 70 !
Aujourd’hui, une petite voiture coûte 30 000 $ à 9 % d’intérêt. C’est devenu « normal » de prendre un terme de 7 ans juste pour se déplacer. Pour en arriver à quoi, au juste ?

On défend le bon sens à grands cris, sans voir que nos paroles mènent à l’isolement, voire à l’emprisonnement. Et certains réclament encore de baisser la limite d’alcool à 0,05, tout en multipliant les amendes. C’est rapide, ça ne coûte rien… mais les conséquences sont bien réelles.
Aujourd’hui, en région, on se retrouve enfermés dans nos logements, avec pour seuls divertissements : télé grand écran, tablette et Internet.
Belle vie ?