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À qui la ville ?

Opinion de Carol-Ann Kack
Le projet de réaménagement de l’avenue de la Cathédrale à Rimouski. (Photo courtoisie – Ville de Rimouski)

La Ville de Rimouski a lancé le début d’un projet majeur d’amélioration en mobilité durable sur son artère la plus connue, l’avenue de la Cathédrale.

Par Carol-Ann Kack

Sur un peu plus d’un kilomètre, la ville propose un réaménagement de la chaussée par l’ajout de corridors de sécurité pour cyclistes et piétons de chaque côté de la rue, délimités par des îlots de verdure. 

Alors que plusieurs personnes se réjouissent de cette annonce, sur les médias sociaux, bon nombre de citoyens ne sont pas du même avis concernant ce choix d’investissement, craignant en plus les conséquences de ces travaux sur leurs futurs trajets automobiles quotidiens. 

Autre temps, autres mœurs

Le changement est souvent difficile à accueillir, mais j’ai du mal à m’expliquer les résistances à ce projet qui améliorera la sécurité de tout le monde, tout en soutenant l’utilisation du transport actif.

De la circulation automobile sur l’avenue de la Cathédrale (Photo Le Soir.ca archives)

Le vélo et la marche ne sont peut-être pas des moyens de transport accessibles ou compatibles pour une majorité d’entre-nous, mais il semble contre-intuitif de ne pas soutenir la population qui souhaite en faire son moyen de transport, surtout dans un contexte où on tente de minimiser collectivement et individuellement notre empreinte écologique.

Vélos-écolos contre tout-à-l’auto ?

Allons-y de façon caricaturale : les vélos et les écolos sont contents, le tout-à-l’auto est en colère. J’aimerais que cela ne se résume pas aussi grossièrement, mais ces deux groupes sont les plus vocaux pour se réjouir de la nouvelle ou s’en outrer. Entre les deux, toutes sortes de nuances existent.

Plusieurs diront qu’il était plus que temps que cette artère, immensément large, soit utilisée de façon plus intelligente.

D’autres n’apprécieront pas les conséquences des travaux, aimeraient s’en passer, mais seront d’avis que ça peut valoir la peine. Bref, ce n’est pas noir ou blanc.

Bien entendu, les automobilistes vivront les contrecoups des travaux à venir. Quand on rénove notre maison, la période de chantier n’est jamais agréable.

Une esquisse du projet de réaménagement de l’avenue de la Cathédrale. (Photo courtoisie Ville de Rimouski)

On cherche nos repères, nos habitudes sont changées.

C’est un processus désagréable, mais nécessaire à traverser pour obtenir le produit final. Pour les automobilistes préoccupés, j’aimerais remettre en lumière ceci : meilleures que les infrastructures de transport actif seront, meilleures seront nos chances de diminuer le nombre de voitures sur les routes.

Vous pourrez ainsi continuer de conduire au chaud l’hiver, à l’air climatisé l’été, et pendant ce temps, celles et ceux qui en ont envie ou qui n’ont pas le choix pourront circuler en sécurité à vos côtés. Nous en sortirons toutes et tous gagnants. 

L’argent des contribuables

Un commentaire qui revient à de nombreuses reprises de la part des citoyens qui s’opposent au projet est que nos taxes devraient être utilisées pour réparer les rues avant de faire ce genre de projets. Il semble que les rues de Rimouski manquent d’amour.

Quoiqu’il en soit, il apparait nécessaire de prendre connaissance de certaines informations pour démêler tout cela. Tout d’abord, l’administration actuelle a déjà augmenté considérablement les dépenses en ce qui touche la réfection des rues à la voirie.

Des travaux à l’intersection du boulevard Arthur-Buies et de l’avenue Cathédrale. (Photo achives Le Soir.ca)

Elles sont récemment passées de 6 à 9 millions de dollars annuellement, soit une augmentation de 50 %. Il semble que les choix des administrations précédentes, qui auraient misé sur un asphaltage moins onéreux, mais aussi de moindre qualité. Les budgets sont là, mais les dégâts sont à ramasser.

Soutien financier de Québec

Il faut aussi savoir que ce projet est rendu possible grâce au soutien financier du gouvernement du Québec, atteignant un montant maximal de 3,2 M$ dans le cadre du Programme d’aide à la voirie locale.

Ce financement est accessible pour des projets selon des critères précis. Rimouski aurait eu peu de chance d’obtenir ce financement uniquement pour « patcher » les nids de poule ? L’entretien des rues est une chose, et les projets d’amélioration des infrastructures routières en sont une autre, du moins au niveau du financement.

Le gouvernement du Québec est prêt à mettre de l’argent qui nous permet de refaire l’asphaltage, et, par le fait même, d’améliorer le transport actif. Peut-on vraiment s’en passer ?  

À qui la ville ? À nous, la ville.

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