Contraception gratuite : projet de loi avantageux
Opinion de Carol-Ann Kack
Ce n’est pas un secret, l’Est-du-Québec connait bien des iniquités au niveau de l’accès aux services de santé.
Récemment, le gouvernement de la CAQ se montrait favorable à un projet de loi, déposé par Québec solidaire, qui serait à l’avantage des femmes de notre région, mais aussi, qui serait économiquement à l’avantage de toute ses populations.
La porte-parole et députée de Québec Solidaire, Ruba Ghazal, déposait au Salon bleu, le 7 mai dernier, un projet de loi pour rendre la contraception gratuite au Québec. Dans le but de favoriser la santé sexuelle et reproductive en améliorant l’accès à la contraception, le projet de loi propose d’en rendre les droits d’accès gratuits, en plus de permettre aux sages-femmes de prescrire ce type de produits.

On ne peut passer sous silence le travail important la Fédération québécoise du planning des naissances du Québec (FQPN), qui mène de front cette revendication depuis plusieurs années, aux côtés de plusieurs autres acteurs de la santé et de la société civile qui réclament aussi cette mesure d’accès gratuit à la contraception.
En 2023, la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, disait par ailleurs réfléchir à cette question. Pendant que le Québec « réfléchit » à la question, trois autres provinces (la Colombie-Britannique, le Manitoba et l’Île du Prince-Édouard) ont adoptés des mesures en ce sens dans les dernières années.
La Colombie-Britannique est déjà en mesure de démontrer les avantages économiques de l’adoption de cette nouvelle mesure.
Du retard à rattraper
Je ne sais pas si c’est l’aspect compétitif qui stimule notre premier ministre, mais devant le dépôt du projet de loi déposé par la députée solidaire, François Legault a admis que nous avions du retard sur des pays comme la France, et que nous devions nous pencher sur cette question. Selon ses dires, le gouvernement est déjà en réflexion à ce sujet. Il est rare de voir de l’ouverture du gouvernement pour des projets de loi déposés par les partis d’opposition, mais il faut savoir se réjouir quand cela survient.
Il serait tout à l’avantage de nos régions de pouvoir bénéficier de ce type de mesure. Il est important de rappeler que le Bas-St-Laurent, la Gaspésie et la Côte-Nord se logent dans le triste palmarès des régions subissant le plus d’interruption de services de soins obstétriques, aux côtés de l’Abitibi-Témiscamingue.
Services parfois limités
Il n’y a rien de réjouissant là-dedans. Nous avons accès à des services de qualité, mais ceux-ci sont parfois limités selon les MRC, il y a de nombreuses coupures, et nous devons toujours considérer les enjeux de transport dans l’accès à ces services.
Les inégalités d’accès aux soins de santé sont toujours accentuées dans nos régions. Cela se traduit malheureusement ensuite par des inégalités économiques. Il va sans dire, ce sont toutes les personnes enceintes et nécessitant des services obstétriques qui en paient les frais, que ce soit pour interrompre volontairement leur grossesse ou pour accoucher.
Il est évident que l’accès à la contraception gratuite permettrait de régler bien des situations en amont peu importe où au Québec, mais elle serait encore plus signifiante pour nos populations privées d’accès à plusieurs services de proximité.
Des économies à prévoir
Selon une étude de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, un tel investissement permettrait de réaliser des économies annuelles de 71 M$, puisque cela réduit le coût des soins reliés aux grossesses non désirées.
À titre comparatif, le coût de la couverture publique de la contraception est d’environ 48 millions par année, selon les chiffres mis de l’avant par Québec solidaire dans le cadre de son projet de loi. Dans un contexte où le gouvernement tente de faire des économies, il ne peut se priver d’envisager l’option de cette mesure. Prévenir des grossesses non désirées permet évidemment à l’État de faire des économies, mais surtout, de changer la vie des femmes.
Tout le monde en sortirait gagnant.