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Quand Doris Labonté façonnait des légendes

Quelle chance pour les amateurs de l'Est-du-Québec
Doris Labonté, célébrant la Coupe Memorial gagnée en 2000 avec l’Océanic. (Photo courtoisie Doris Labonté)

C’est tout simplement fantastique de voir revenir le prestigieux tournoi de la Coupe Memorial à Rimouski. Depuis son premier passage en 2009, bien des amateurs et même certains dirigeants de l’Océanic croyaient que l’événement ne reviendrait jamais dans notre ville. 

Par Robin Lebel

À l’époque, les coûts avaient largement dépassé les prévisions, causant un certain malaise auprès de plusieurs abonnés de saison. Et pourtant, malgré les défis logistiques et financiers, ce fut un tournoi mémorable.

Quel spectacle nous avions eu alors ! Voir des étoiles montantes comme Taylor Hall et Jamie Benn fouler la glace du Colisée de Rimouski avait de quoi émerveiller les amateurs de hockey que nous étions – et que nous sommes encore.

Mais pour bien saisir l’importance de ce tournoi dans notre histoire locale, il faut remonter plus loin, à l’an 2000. Cette année-là, l’Océanic remportait la Coupe Memorial grâce à une équipe magistralement construite par l’incomparable Doris Labonté.

Avec des piliers comme Jonathan Beaulieu et surtout Brad Richards, qui allait plus tard soulever la Coupe Stanley avec le Lightning de Tampa Bay aux côtés de Martin St-Louis et d’un autre ancien de l’Océanic, Vincent Lecavalier, cette conquête reste gravée dans la mémoire collective.

Et que dire de 2005 ? Encore une fois, Doris Labonté avait frappé un grand coup avec l’arrivée d’un certain Sidney Crosby, un an plutôt. Son arrivée à Rimouski avait semé l’émoi dans toute la région.

Des centaines de personnes affluaient chaque matin au Colisée dès le camp d’entraînement pour apercevoir la jeune merveille à l’œuvre. Certains partisans allaient jusqu’à s’absenter du travail pour ne rien manquer. C’était un phénomène.

Doris Labonté et sa conjointe Martine Morissette avec la coupe Memorial, en juin 2000. (Photo courtoisie L’Océanic)

Nous avions eu droit à de grands talents dans le passé, Lecavalier, Richards et bien d’autres, mais rien ne se comparait à Crosby. À 5 pieds 10 pouces, 190 livres, avec des cuisses dignes de troncs d’arbre, son intensité était telle qu’on se demandait s’il n’avait pas trois poumons tant il semblait infatigable.

Bonne dose d’opportunisme

Comme en 2000, Doris Labonté avait encore une fois démontré toute son imagination, sa vision et, disons-le franchement, une bonne dose d’opportunisme.

C’était tout un personnage. Il savait captiver l’attention, au point où les partisans se ruaient vers leur voiture après les matchs pour ne pas manquer une seule de ses entrevues d’après-match. Un véritable showman !

Qui peut oublier ses envolées légendaires, sa menace récurrente d’envoyer la cassette du match à la ligue ? Souvent, son vieux rival Richard Martel n’était jamais bien loin dans le décor.

En 2005, après un parcours sensationnel, l’Océanic s’était retrouvé en finale… mais avait dû disputer un match de bris d’égalité la veille, ce qui l’avait désavantagé le lendemain. Notre Doris national, fidèle à lui-même, avait vivement dénoncé cette situation.

Et devinez quoi ? La Ligue canadienne de hockey a depuis modifié la règle : désormais, une équipe victorieuse d’un bris d’égalité a droit à 24 heures de repos avant la finale. Voilà l’empreinte de Doris.

Doris Labonté derrière le banc de l’Océanic. À ses côtés, son adjoint Donald Dufresne. (Photo courtoisie L’Océanic)

Nous voici donc en mai 2025, avec le privilège de revivre la frénésie de la Coupe Memorial à la maison. Quatre équipes, les meilleures formations junior du pays, réunies dans une compétition d’élite à un prix abordable. Quelle chance pour les amateurs de la région !

Si je peux formuler un souhait pour nos favoris de l’Océanic, c’est qu’ils arrivent à leur sommet au bon moment.

Ce n’est pas au milieu de la course qu’il faut être premier, mais bien à la ligne d’arrivée. L’essentiel, c’est d’être au maximum de ses capacités quand ça compte vraiment.

On se croise les doigts. Et surtout, on savoure chaque moment.

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