Rimouski-Neigette : solidarité municipale pour les démunis
80 paniers alimentaires qui prennent la route chaque mois dans la MRC
Depuis cinq ans, un projet d’aide alimentaire unique permet à des centaines de personnes dans les localités rurales de la MRC de Rimouski-Neigette de recevoir, chaque mois, des paniers de denrées essentielles. Une initiative née en pleine pandémie qui, aujourd’hui encore, témoigne de la solidarité municipale envers les plus vulnérables.
Par Bruno St-Pierre- Le Soir.ca
À l’origine du projet, un constat : en 2020, alors que la pandémie de COVID-19 imposait des restrictions sans précédent, les services de Moisson Rimouski-Neigette – principal organisme de distribution alimentaire de la région – peinaient à atteindre les villages en périphérie.
Jusqu’alors, l’aide alimentaire dans les petites communautés était principalement assurée par des organismes locaux comme les Clubs Lions ou les fabriques paroissiales, mais leurs capacités étaient limitées.
Face à cette réalité, les maires de la MRC se sont concertés.
Rapidement, une idée simple mais ambitieuse a vu le jour : organiser eux-mêmes la distribution des paniers de Moisson dans leurs municipalités respectives.
Logistique partagée pour un impact collectif
Pour répondre aux normes de salubrité et assurer le transport sécuritaire des denrées périssables, les municipalités ont décidé de cofinancer l’achat d’une remorque réfrigérée.
Chaque municipalité a investi 1 dollar par habitant, une somme modeste au regard de l’impact généré.
Aujourd’hui, ce sont plus de 80 paniers alimentaires qui prennent la route chaque mois à bord de cette remorque, pour être livrés dans les communautés de Saint-Anaclet, Saint-Fabien, Saint-Valérien, Saint-Narcisse et le quartier Sainte-Blandine/Mont-Lebel à Rimouski.

Les employés municipaux assurent à tour de rôle le transport, pendant que des bénévoles locaux prennent en charge la distribution aux familles.
La municipalité de Saint-Marcellin est desservie par son voisin Saint-Narcisse, tandis que Esprit-Saint et Trinité-des-Monts reçoivent leur aide via un service similaire du Témiscouata. Seule Saint-Eugène s’est retirée du projet.
Accès volontaire et équitable
L’aide est accessible aux personnes et familles qui répondent aux mêmes critères d’admissibilité que les clients desservis directement par Moisson Rimouski-Neigette.
La directrice de l’organisme, Julie St-Pierre, précise : « Ce que nous offrons, c’est une option supplémentaire pour ceux qui habitent loin du centre-ville. Les gens peuvent choisir de faire livrer leur panier dans leur municipalité ou de venir le chercher eux-mêmes. C’est volontaire. »

Elle souligne toutefois que si la demande dans les localités reste stable, les besoins, eux, augmentent.
« Les gens tentent souvent d’épuiser toutes les autres options disponibles localement avant de se tourner vers Moisson. L’aide reste un dernier recours pour beaucoup. »
Aide précieuse pour les familles
Pour les élus, l’enjeu est aussi moral que pratique. Francis St-Pierre, maire de Saint-Anaclet et préfet de la MRC, estime que le coût du projet – quelques centaines de dollars par an – est un investissement plus qu’un fardeau.
« C’est une question de solidarité. Je ne crois pas que les citoyens nous reprocheront de dépenser aussi peu pour aider des gens dans le besoin. Pour la municipalité, ce n’est pas grand-chose. Pour les familles qui reçoivent un panier, c’est énorme. »

À Saint-Valérien, le maire Robert Savoie abonde dans le même sens : « Les familles à faible revenu, surtout sans moyen de transport, peuvent désormais recevoir de l’aide sans se déplacer. Des bénévoles vont même livrer les paniers directement à domicile. »
Selon lui, entre 6 000 et 8 000 dollars de nourriture sont redistribués chaque mois dans sa seule municipalité.
Outil au service de toute la communauté
Au-delà de l’aide alimentaire, la remorque réfrigérée s’avère être un atout polyvalent. Entièrement autonome grâce à sa génératrice intégrée, elle peut également être utilisée pour le transport de denrées lors d’événements communautaires, comme des fêtes de village, barbecues municipaux ou repas populaires.
« C’est un outil collectif », précise Francis St-Pierre. « Lors d’un événement public, la remorque permet de conserver les aliments à la bonne température et d’assurer leur sécurité. Elle sert à nourrir la communauté, sous toutes ses formes. »