Faillite de la SOPER : le Groupe immobilier Tanguay poursuit
L'entreprise réclame 5 M$ à la Ville, la MRC, la SOPER et BDO Canada Limitée
Le Groupe immobilier Tanguay a déposé une poursuite civile de près de 5 M$ contre la Ville de Rimouski, la MRC de Rimouski-Neigette, 14 ex-membres du conseil d’administration de l’ex-Société de promotion économique de Rimouski (SOPER) et BDO Canada Limitée, en tant que syndic à la faillite de la SOPER.
Selon les informations dévoilées par Radio-Canada, l’entreprise allègue avoir subi un dommage de 4 950 000 $, surtout qu’elle s’est chargée de la construction de l’immeuble du Novarium, inauguré en août 2022.
Le bail stipule que la Société de promotion économique devait payer un loyer annuel de 675 000$ sur une période de 15 ans, en plus d’assumer les frais d’exploitation qui s’élevaient à près de 200 000$.
Dans sa demande, le Groupe immobilier Tanguay prétend « avoir été piégé » dans ce projet pour lequel il aurait reçu l’assurance qu’il n’y avait aucun autre risque que celui de la construction du bâtiment.
Radio-Canada rapporte que le Groupe immobilier Tanguay allègue que la Ville et la MRC se devaient de prendre en charge et de redresser la SOPER. Les deux parties ont plutôt agi de manière à la faire disparaître et se libérer de leurs obligations. Il prétend aussi que le sabordage de la SOPER a été orchestré.
Les personnes poursuivies disposent d’un délai de 45 jours pour contester cette action en justice. Elles peuvent aussi des choix de convenir du règlement de l’affaire, de proposer une médiation ou de proposer la tenue d’une conférence de règlement à l’amiable.
Les ex-membres du conseil d’administration de la SOPER poursuivis sont Guy Caron, Francis St-Pierre, Rodrigue Joncas, Julie Thériault, Mélanie Beaulieu, Geneviève Landry, Nancy Morin, Marie-Michèle Bélanger, Josée Laflamme, Eve-Marie Rioux, Nicolas Horth, Marc Parent, Jean Pouliot et Camille Leblanc.
Faillite de 4 M$
La Société de promotion économique de Rimouski a confirmé sa faillite, le 28 novembre dernier, alors que ses dettes s’élevaient à environ 4 M$. En tout, 14 personnes perdaient leur emploi.
L’information avait été dévoilée, la semaine précédente, par Le Soir.ca. Niant la nouvelle jusqu’à la conférence de presse, le président de la SOPER et maire de Rimouski, Guy Caron, avait reçu deux avis juridiques, le convainquant de prendre cette décision.
Le premier lui confirmait que la Ville n’aurait pas à assumer les dettes de la SOPER dans une éventuelle faillite. Le deuxième lui indiquait qu’elle ne pourrait pas reprendre l’édifice du Novarium, puisqu’une ville ne peut pas louer des espaces commerciaux à des particuliers.

Avant l’annonce officielle, ils ont tenté une dernière approche avec le Groupe immobilier Tanguay afin de convaincre ses dirigeants de débarrasser l’organisme du loyer de l’édifice du Novarium, pour lequel elle était signataire du bail.
Ce dernier générait un déficit de 30 000$ par mois à la SOPER, qui louait le bâtiment construit et appartenant au Groupe Tanguay.
» La maison brûle et les tisons sont chauds. Ça commence à souffler un peu partout en ville « , indiquait l’une des personnes consultées à ce moment par Le Soir.ca.
Faillite de Novarium
Toute cette saga a débuté avec la faillite de Novarium.
Après le refus du gouvernement du Québec d’accorder une zone d’innovation en économie bleue à Rimouski et Grande-Rivière, qui lui aurait procuré un financement gouvernemental important, l’organisme sans but lucratif a annoncé ses couleurs devant ses dettes de 2,2 M$, dont un peu plus de 1,5 M$ provenaient de la SOPER.

Devant ce cas de « mauvaise gestion », comme le décrit le rapport d’enquête de la Commission municipale du Québec concernant la SOPER et Novarium, des citoyens de Rimouski ont demandé l’intervention de l’Unité permanente anticorruption dans le dossier.
Annonce fatidique
En plus de confirmer la faillite de la SOPER, Guy Caron a aussi annoncé l’envoi d’une mise en demeure à l’ancien président-directeur général, Martin Beaulieu, » pour les conséquences des opérations de mauvaise gouvernance et une mauvaise transmission de l’information au conseil d’administration « .
» Le syndic verra s’il y a des suites à donner à cette mise en demeure. Les employés seront mis à pied et payés jusqu’à la fin de la semaine. Nous avons tout essayé pour éviter d’en arriver là, mais le temps commençait à manquer. Une Ville ne peut pas posséder d’immeuble pour la location commercial, ce qui empêchait l’option d’acheter l’édifice du Novarium « , a expliqué monsieur Caron, très ému lors de la conférence de presse.
Le maire souligne que la Ville a perdu 500 000$ dans la faillite, dont un prêt de 400 000$ fait à la SOPER lors de l’été 2024.