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Protéger les hirondelles de Pointe-au-Père

Projet de conservation mené depuis 2023
Des membres du Club des ornithologues du Bas-Saint-Laurent construisent une structure de nidification artificielles. (Photo courtoisie Gérard Proulx)

Un projet de conservation mené depuis 2023 pour protéger la petite colonie d’hirondelles à front blanc de Pointe-au-Père montre déjà des signes prometteurs. En deux ans seulement, le nombre de nichées a triplé, un résultat encourageant dans un contexte où cette espèce est menacée par un déclin inquiétant.

Par Bruno St-Pierre – Le Soir.ca

L’hirondelle à front blanc, comme de nombreuses autres espèces d’oiseaux insectivores, connaît un déclin dramatique dans l’Est de l’Amérique du Nord.

L’environnement naturel de ces oiseaux, fondé sur l’abondance d’insectes volants, subit de plus en plus les conséquences de l’agriculture intensive, des insecticides, ainsi que des changements climatiques. Si la tendance se poursuit, la survie de ces hirondelles, et d’autres espèces similaires restent incertaines.

Pour la troisième année consécutive, un groupe d’ornithologues passionnés de la région, accompagné de bénévoles, multiplie les efforts pour donner toutes les chances de survie à cette espèce migratrice fragile. Leur objectif est de restaurer une population qui continue de s’amenuiser.

Des efforts récompensés

Les ornithologues amateurs Geneviève Raboin et Patrice St-Pierre ont repéré la colonie d’hirondelles à front blanc de Pointe-au-Père en 2016.

Conscients de la menace qui pèse sur ces oiseaux, ils ont lancé un projet de conservation en 2023. L’initiative a commencé par un recensement précis des nids. Les propriétaires de résidences où les hirondelles viennent nicher ont ensuite été sensibilisés à la nécessité de protéger ces oiseaux.

L’année dernière, avec la collaboration de l’Ébénisterie communautaire de Rimouski, un projet ambitieux a vu le jour : la construction et l’installation de structures de nidification artificielles.

« Construire un nid avec des boules de boue est un travail épuisant pour les hirondelles, il leur faut effectuer des milliers d’allers-retours. Ces nids en terre cuite leur simplifient la tâche », explique monsieur Saint-Pierre.

Des membres du Club des ornithologues du Bas-Saint-Laurent. (Photo courtoisie Réal Landreville)

Les résultats sont d’ores et déjà visibles. En 2023, la colonie a produit quatre nichées ; en 2024, ce chiffre est monté à treize. Une belle progression qui laisse espérer une nouvelle saison de reproduction réussie.

Accueil enthousiaste

Le projet a rapidement attiré l’attention et suscite un grand enthousiasme dans la communauté locale. De nombreux propriétaires privés ont accepté d’installer des nichoirs en terre cuite sur leurs propriétés, contribuant ainsi à la conservation de cette espèce.

Le Club des ornithologues du Bas-Saint-Laurent a apporté son soutien financier, tandis que le Site historique maritime de Pointe-au-Père a généreusement mis à disposition ses terrains pour l’installation des structures de nidification.

Un autre volet important du projet est la sensibilisation du public à la protection des hirondelles à front blanc. La structure de nidification installée près du phare de Pointe-au-Père suscite l’intérêt de nombreux visiteurs, qui peuvent observer de près les efforts déployés pour préserver cette espèce emblématique.

Déclin alarmant

Le déclin des hirondelles à front blanc est symptomatique d’une tendance générale affectant toutes les espèces d’hirondelles en Amérique du Nord. Au Québec, la population de cette espèce a chuté de 80 % en 25 ans.

« Certaines espèces, comme l’hirondelle noire, sont sur le point de disparaître. Dans certains endroits, on passe de populations de 100 oiseaux à seulement un ou deux. » Cette situation est d’autant plus préoccupante que les hirondelles, en tant qu’insectivores, sont des indicateurs de la santé de nos écosystèmes », indique l’ornithologue rimouskois Jacques Larivée.

Une hirondelle en plein vol (Photo courtoisie Patrice St-Pierre)

Les causes du déclin sont multiples. L’utilisation croissante de pesticides, le réchauffement climatique et la perte de milieux naturels favorables aux insectes, tels que les milieux humides, jouent tous un rôle important.

Le volume des pesticides utilisés a doublé au cours des dix dernières années, et la montée des températures ainsi que la fréquence accrue des sécheresses réduisent l’abondance des insectes, leur principale source de nourriture. « Les oiseaux se retrouvent dans un environnement où leur nourriture se fait de plus en plus rare », souligne l’expert.

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