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Antipolis, une ville à bâtir

Roman de l'auteure française Nina Leger
L’auteure Nina Leger (Photo courtoisie)

Ce n’est déjà pas facile de construire un édifice, imaginez avoir pour projet de bâtir une ville nouvelle au complet!

C’était pourtant, à la fin des années 1960, le grand rêve visionnaire de Pierre Laffite, 35 ans, un jeune ingénieur plein d’ambition.

Son objectif était de construire près de la Côte-d’Azur une ville moderne, d’envergure internationale, avec des centres de recherche, des laboratoires, des entreprises, des magasins, des résidences, des lieux de loisirs et de culture. Bref, «inventer une nouvelle vie» où le savoir, l’art et la science se côtoient.

Laffite s’éprend alors de Sophie Grigorievna, d’origine ukrainienne, professeure de littérature à la Sorbonne, de vingt ans son aînée. Celle-ci apportera de la méthode et de la pondération à son projet, ce qui en facilitera la réalisation.

Car il a fallu convaincre beaucoup de sceptiques pour y arriver: les autorités régionales, puis le pouvoir politique, et surtout, les grands financiers. Mais qui oserait s’opposer au savoir et au progrès?

Grande réussite

L’auteure du roman, Nina Leger, raconte toute cette grande réussite bien réelle, en y ajoutant, avec clairvoyance, ses propres questionnements sur les différentes étapes dans l’évolution de cette aventure. Elle entre habilement dans la pensée et les intentions de chacun des personnages qui sont intervenus.

La technopole s’appelle en réalité Sophia-Antipolis. Située près de Nice, elle compte aujourd’hui des centaines d’entreprises et des milliers d’emplois en recherche scientifique de pointe, avec des spécialistes et des chercheurs venant de plus de soixante nationalités.

Le multimédia, la santé, l’énergie et l’environnement sont des secteurs-clés.

Au fil du récit, Nina Leger élabore diverses préoccupations.

La création d’une ville, dans une zone sauvage, a-t-elle une forte influence sur la biodiversité naturelle qui existait auparavant?

La ville a-t-elle vraiment atteint ses objectifs sur le développement du savoir ou si elle s’est plutôt orientée vers le business payant?

La nouvelle ville peut-elle avoir une âme, comme c’est le cas pour beaucoup de villes qui ont un passé, une histoire?

Enfin, au terme de la Guerre d’indépendance de l’Algérie, dans les années 1960, plusieurs soldats algériens fidèles à la France, les «harkis», ont dû fuir leur pays avec leurs familles pour éviter d’être massacrés. Un petit village de harkis avait été implanté justement dans la zone qui mène à Sophia-Antipolis. De quelle façon aurait-on dû honorer la présence de ces gens dans cet environnement? Le roman donne une place à ces oubliés de l’histoire.

Antipolis, par Nina Leger, Gallimard, 2022, 182 pages.

Il s’agissait de ma 50e chronique depuis un an en collaboration avec Le Soir.ca. J’ai parcouru une grande variété de thèmes et j’ai reçu des commentaires agréables. En vous remerciant, je prends maintenant une pause pour l’été. 

Je vous souhaite du beau et du bon temps! 

Mario Bélanger

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