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Du pain et des roses : 30 ans plus tard

Opinion de Carol-Ann Kack
La Marche mondiale des femmes en 2010 du Bas-Saint-Laurent présentée à Rimouski.(Photo courtoisie Jaqueline Chénard)

La marche commémorative du 30e anniversaire de la Marche du pain et des roses se tenait ce samedi 7 juin à Québec.

Par Carol-Ann Kack

Peut-être que certaines et certains d’entre vous se rappellent que du 26 mai au 4 juin 1995, plus de 800 marcheuses ont foulé le Québec en partant de Montréal, Longueuil et Rivière-du-Loup, terminant leur pèlerinage dans un rassemblement qui comprenait plus de 18 000 personnes devant l’Assemblée nationale du Québec.

Ce mouvement inédit et rassembleur portait neuf revendications visant à améliorer les conditions de vie de tous et toutes en luttant contre la pauvreté. 

Ce n’est pas pour rien que nous parlons encore de cet événement après tant d’années. Il faut savoir qu’après la Marche du pain et des roses, des femmes d’ailleurs dans le monde ont puisé leur inspiration dans ce mouvement de solidarité. C’est de cette action qu’est né le mouvement de la Marche mondiale des femmes.

Depuis 1995, tous les cinq ans, les femmes prennent la rue dans 58 régions du monde. Cette mobilisation a eu une portée historique dont nous pouvons être fiers. Le Bas-St-Laurent a par ailleurs été la région hôte de la Marche nationale en 2010.

Le commencement

En 1995, le Québec émergeait d’une récession. Alors que le taux de chômage atteignait 13 % dans la population, c’est 1 à 2 millions de personnes qui vivaient sous le seuil de la pauvreté.

C’est à ce moment qu’a émergé l’idée d’une marche contre la pauvreté, initiative de Françoise David, alors présidente de la Fédération des femmes du Québec.

La population aura pu accuser de quelques gains à la suite de cette mobilisation historique, comme la loi sur l’équité salariale et sur le prélèvement automatique des pensions alimentaires avec retenue à la source.

Quant aux demandes de construction d’unités de logements sociaux et d’atteinte d’un salaire minimum décent, on ne peut pas dire qu’on a réussi à obtenir les avancées souhaitées. En 2025, la crise du logement et du coût de la vie est sur toutes les lèvres, et l’itinérance prend des proportions majeures, étant même rendue visible dans nos régions de l’est. 

Vent inquiétant

En 2024, 25 femmes ont été victimes d’un féminicide. Les services d’aide et d’hébergement d’urgence en violence entre partenaires intimes sont particulièrement sous pression depuis la pandémie. C’est un constat difficile, heurtant. En même temps, on observe aussi de nouvelles tendances inquiétantes chez les jeunes.

On apprenait récemment que 20 % des jeunes québécois pensent que le féminisme est une tentative de contrôler le monde et que 34 % d’entre eux adhèrent à des idées selon lesquelles les femmes devraient retourner à la maison ou qu’elles ne soient pas dans le sport par exemple.

Après les décennies de luttes menées vers l’égalité, il est plus qu’inquiétant de voir circuler de telles idées. Évidemment, le progrès ne va pas en ligne droite et on recule parfois.

C’est dans ce contexte que les violences faites aux femmes se retrouvent cette année parmi les enjeux prioritaires adressés par la Marche mondiale des femmes. Quand on sait que l’école est le reflet de la société, il apparait clair qu’il faudra continuer de marcher.

Édition 2025

Pour l’édition 2025 de la Marche mondiale des femmes, c’est la ville de Québec qui accueillera les marcheuses et marcheurs des quatre coins du Québec, le 17 et 18 octobre prochain. Des milliers de personnes y sont attendues.

Des autobus sont d’ailleurs organisés par des organismes féministes pour s’y rendre, en provenance de partout au Québec, incluant au Bas-St-Laurent et en Gaspésie. Dans les moments d’incertitudes ou de peurs quant à l’avenir, il est encore plus nécessaire de se rassembler, de prendre le temps d’être ensemble.

L’invitation est lancée, c’est maintenant à la population québécoise de saisir cette occasion et de répondre à l’appel pour affirmer qu’il n’est pas question de reculer sur les questions d’égalité et des conditions de vie des femmes au Québec. 

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