Le Théâtre du Bic ouvre sa saison estivale
La pièce « Wahsipekuk: au-delà des montagnes » présentée sur les planches
C’est le spectacle Wahsipekuk: au-delà des montagnes, d’Ivanie Aubin-Malo, qui ouvre la saison estivale du Théâtre du Bic. La performance de l’interprète, chorégraphe et commissaire métisse, qui sera présentée ce mercredi 11 juin, transporte les spectateurs dans un univers irréel composé de traditions orales chantées et dansées des peuples wabanakiak.
Résultat d’une recherche menée par Natasha Kanapé Fontaine et Ivanie Aubin-Malo, cette création suggère une escapade inspirée du récit de Koluskap.
Le spectacle ouvre sur une expérience où le passé et le présent se croisent. Ivanie Aubin-Malo est accompagnée sur scène par le violoniste Julian Rice.
« Wahsipekuk est un spectacle interdisciplinaire, décrit l’artiste wolastoqey par sa mère et québécoise par son père. C’est un conte renouvelé évoquant les géants de la confédération wabanakiak. Pour moi, Le Bic est cher à mes yeux parce qu’il s’inscrit dans le territoire de ma nation. »
Le spectacle d’Ivanie Aubin-Malo est un appel lancé à son peuple à se réunir.
« Le contexte actuel de ma communauté fait en sorte qu’on a beaucoup de difficulté à se rassembler et à mettre au centre de nos rencontres notre culture et les géants, avec ce qu’ils ont à livrer comme message. Donc, le spectacle est une occasion pour moi de rassembler les membres et un public plus large. On entend la langue wolastoqey et on est en lien avec le territoire. Je mets derrière moi des projections de lunes et de marées. C’est comme un itinéraire vers les ancêtres. »
Les géants qu’elle invoque sont Koluskap, Cinu et Kiwahq. « Koluskap est le géant créateur des humains, Cinu est le géant de roche et Kiwahq est le géant de glace, précise-t-elle. Cinu et Kiwahq ont aussi parfois le rôle de géants cannibales dans nos histoires orales. »
Le chemin ancestral
Ivanie Aubin-Malo apprend la langue wolastoqey depuis 2017. «Ce spectacle me permet de prononcer les mots de ma langue et d’avoir de plus en plus de vocabulaire.»
Le spectacle est une occasion, pour le peuple de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk du Québec, auparavant appelée Malécites de Viger, de se rapprocher de celui du Nouveau-Brunswick.
« Au-delà des montagnes fait référence aux Appalaches, spécifie Ivanie Aubin-Malo. C’est une ancienne route de portage jusqu’au fleuve Saint-Laurent qu’on appelle Wahsipekuk. Donc, le spectacle est comme un portage pour retourner à Wahsipekuk, qui est un chemin ancestral pour tous les Wolastoqey, incluant ceux du Nouveau-Brunswick. On est une nation nomade. »
Selon elle, il y a longtemps que la culture wolastoqey ne circule plus au Québec, en raison d’une barrière de langue et à cause des frontières entre le Québec, le Nouveau-Brunswick et même le Maine.

« Mon désir est que le spectacle circule dans tout ce territoire-là pour briser les frontières coloniales », espère-t-elle.
Ivanie Aubin-Malo est née et a grandi à Longueuil. Son grand-père maternel, Jean-Marie Aubin, a été le premier grand chef de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk. La famille Aubin provient d’Amqui et de Saint-Léon-le-Grand.