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Français rime avec respect 

Opinion de Johanne Fournier
Brad Richards lors de sa visite à Rimouski pour le tournoi de la Coupe Memorial 2025. (Photo Vincent Éthier- LCH)

La 105Coupe Memorial a pris fin, il y a quelques jours, à Rimouski. Le 22 mai, lors de l’ouverture de ce tournoi pancanadien, Brad Richards, ne s’est pas fait remarquer uniquement parce qu’il est un ancien joueur de l’Océanic et une ancienne vedette de la Ligue nationale de hockey.

Il a impressionné ses hôtes lorsqu’il a accordé une entrevue en français sur les ondes de RDS. Quelle belle marque de respect pour la population de Rimouski et de tout l’Est-du-Québec, voire de tous les francophones du Canada ! 

Le natif de l’Île-du-Prince-Édouard a appris le français pendant les trois ans lors desquels il a évolué au sein de l’Océanic de Rimouski. Or, voilà que, 25 ans plus tard, il parle encore français ! Quatre ans après avoir remporté la Coupe Memorial avec l’Océanic en 2000, plusieurs Rimouskois se souviennent encore lorsqu’en soulevant la Coupe Stanley avec le Ligthning de Tampa Bay, il avait lancé : « Rimouski !!! ». On appelle cela un gentleman. 

Exemples à suivre

Richards a été un exemple pour Sidney Crosby, qui avait été sélectionné par « l’équipe de toute une région » en 2003. Pendant les deux ans lors desquels il a fait partie de l’alignement qui, à l’époque, était dirigé par le regretté Doris Labonté, le Néo-Écossais a appris la langue de Molière, même s’il savait qu’il serait rapidement repêché par la LNH. Le jeune prodige disait qu’il parlait français par respect pour les gens qui l’accueillaient.

Le jour de ses 30 ans, en 2017, Crosby est descendu d’un avion nolisé directement sur le tarmac de l’aéroport de Rimouski avec, en main, la Coupe Stanley qu’il venait de gagner avec son équipe. L’athlète tenait à venir la partager avec les Rimouskois. Autre marque de respect.

Cependant, bien que son attachement à Rimouski ne fasse aucun doute, le capitaine des Penguins de Pittsburgh n’a pas voulu nous accorder d’entrevues en français. Même s’il comprenait, le numéro 87 n’a pas plus accepté de répondre à nos questions dans la langue de Molière lorsque l’Océanic a retiré son chandail pour le hisser dans les hauteurs du Colisée de Rimouski en 2019. On nous a fait comprendre que c’était pour son image. Comme il ne pratiquait plus souvent la deuxième langue officielle de son pays natal, il craignait de dire une bourde qui aurait pu être reprise par les médias et provoquer une certaine risée. 

Quoi qu’il en soit, rassurez-vous. Bien loin de moi l’intention d’insinuer que Crosby n’est pas un gentilhomme ! Je sais très bien qu’il n’a jamais oublié Rimouski et la région et… c’est tout à son honneur ! Crosby est un homme civilisé, qui a de belles valeurs. D’ailleurs, les joueurs anglophones qui portent les couleurs des clubs québécois membres de la LHJMQ devraient s’inspirer de Crosby et de Richards et apprendre le français !

Nick Suzuki et les autres

Comment se fait-il que le capitaine du Canadien de Montréal n’ait pas encore appris le français après plus de cinq ans au sein du club ?

Le journaliste anglophone Brendan Kelly ne comprend pas plus pourquoi Nick Suzuki n’est toujours pas apte à prononcer quelques mots dans la langue officielle du Québec. L’Écossais de naissance a même écrit un livre sur le sujet : Le CH et son peuple. Peut-être me direz-vous que Suzuki est payé — grassement d’ailleurs — pour jouer au hockey. Mais, tout le monde sait bien qu’il aurait du temps pour suivre quelques cours !

Quand le capitaine de la Sainte-Flanelle s’adresse aux médias du Québec, c’est aux Québécois qu’il parle. En est-il seulement conscient ? D’ailleurs, n’appelle-t-on pas aussi le club Les Habs, un surnom dérivé du mot habitant au pluriel, un terme qui désignait les Canadiens français ? Faut-il rappeler à Suzuki, ainsi qu’à ses coéquipiers Cole Caufield et Juraj Slafkovsky, les noms des héros qui font partie de l’histoire de leur club, comme Maurice Richard, Guy Lafleur, Jean Béliveau et Patrick Roy ? 

Certains diront que tout part d’en haut. Jeff Gorton ose à peine baragouiner quelques mots dans la langue du Québec, quatre ans après son embauche à titre de vice-président exécutif des opérations hockey du Canadien. Pourtant, il avait promis d’apprendre la langue de Molière.

Il en est tout autant de la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, qui a été nommée quelques mois avant Gorton et qui n’est toujours pas capable de lire son discours dans les deux langues officielles du Canada. Peut-être se disent-ils que c’est inutile parce que la majorité des Québécois savent ou devraient savoir parler anglais ? Je vous laisse sur cette question. 

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