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Alcool au volant : et si on changeait d’approche ?

Opinion de Robin Lebel
Les campagnes de prévention sur l’alcool au volant semblent avoir atteint un plateau au Québec. (Photo courtoisie)

Radio-Canada publiait récemment un dossier étoffé sur l’alcool au volant. Un sujet connu, archiconnu même, mais qui mérite qu’on s’y attarde encore, car il révèle une chose troublante : les campagnes de prévention ont atteint un plateau.

Par Robin Lebel

Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Malgré les efforts constants de sensibilisation et les contrôles policiers, les résultats ne bougent plus. Le pourcentage de conducteurs interceptés avec un taux d’alcool supérieur à la limite permise reste désespérément stable. D’une année à l’autre, les chiffres ne varient pas. Le phénomène semble avoir atteint un point de saturation.

Des pistes de solution sont évoquées : durcir les sanctions, imposer des amendes plus salées, retirer le permis de conduire plus longtemps, emprisonner les contrevenants dès la première offense, ou encore abaisser la limite d’alcool permise à 0,05 mg/100 ml de sang, avec des sanctions
administratives progressives.

Mais, soyons honnêtes : est-ce que tout cela changerait vraiment la donne ? Personnellement, je n’en suis pas convaincu. Peut-être est-il temps de poser un autre regard sur la situation, de prendre un pas de recul et de se demander : où en sommes-nous, collectivement, par rapport à la consommation d’alcool et à la conduite ?

En région, les bars ont presque disparu, à l’exception de quelques irréductibles. Les grands brasseurs ont adapté leur stratégie. La bière se vend désormais en épicerie et au dépanneur. Quant à la SAQ, elle constate un recul de ses ventes, notamment en raison de prix qui refroidissent de plus en plus de consommateurs. L’alcool est désormais consommé majoritairement à la maison.

Et pourtant, les accidents liés à l’alcool au volant ne diminuent pas. Pourquoi ? Parce que les personnes impliquées dépassent souvent, et de loin, la limite légale. On ne parle pas ici de quelqu’un à 0,09, mais bien à 0,16 ou 0,24. Des gens qui, clairement, ne prennent pas le volant par méconnaissance des lois ou par accident.

Alors quoi ? Plus de lois ? Plus de messages chocs ? Encore plus de répression ? Ce n’est plus suffisant. On est rendus là.

On est humains 

Faut-il interdire la vente d’alcool ? Fermer les restaurants ? Empêcher les voitures de circuler après 20 h ? On a déjà tenté la prohibition dans les années 30. On sait comment ça s’est terminé. Ces idées sont absurdes, irréalistes, et surtout, elles porteraient atteinte à ce qu’il nous reste de liberté.

La vérité, c’est qu’on est humains. Et en tant qu’humains, on cherche aussi le plaisir. On prend des risques, parfois inconsciemment, parfois délibérément. L’État ne peut pas tout contrôler, tout empêcher. Il faut l’accepter.

Et si, plutôt que d’empiler les lois, on pensait autrement ? Et si on investissait enfin massivement dans le transport collectif, même en région ? Des navettes locales, des taxis communautaires, des solutions adaptées aux réalités de terrain. Bref, faciliter les déplacements sécuritaires, à portée de main.

Je vous entends déjà : « On n’est pas habitués à ça. » Justement. On s’est tellement habitués à voter des lois et à produire des campagnes de sensibilisation qu’on ne se demande même plus si elles sont encore efficaces. Et pourtant, comme le disait si bien Einstein : la folie, c’est de faire toujours la même chose en espérant un résultat différent.

En attendant, on écoute les lignes ouvertes. On s’indigne. On refait le monde le temps d’un appel. Puis on raccroche. Et rien ne change.

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