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Lettre ouverte

Hôpital de Rimouski : les fameux délais d’attente en radiologie

Lettre ouverte par Harold Michaud
Le département de radiographie de l’Hôpital régional de Rimouski. (Photo Le Soir.ca- archives)

Histoire de mettre le dossier en contexte, en 2005, j’ai présenté une série de reportages pour la radio de Radio-Canada concernant les retards dans le traitement des patients en radiologie au Centre hospitalier régional de Rimouski (CHRR).

Lettre ouverte par Harold Michaud

Une patiente m’avait fait parvenir, une enveloppe brune (hé oui ! comme à la belle époque du journalisme sans trop de moyens informatiques), cette enveloppe contenait une petite missive dans laquelle elle décrivait les problèmes causés par le manque de radiologistes au CHRR.

Ils étaient alors deux radiologistes au CHRR alors que la plan d’effectif était de six. Les deux radiologistes en place empochaient des milliers de dollars en empêchant notamment le recrutement de nouveaux spécialistes.

Cette dame m’apprenait que beaucoup de femmes, comme elle, devaient aller se faire soigner ailleurs tellement la liste d’attente était longue dans certains services. Par exemple que des patientes qui devaient subir une mammographie complémentaire ou une biopsie étaient alors dirigées vers l’hôpital de Rivière-du-Loup.

Plus de 120 patientes ont été transférées pour de tels examens, et ce en plein hiver. Par la suite, après la diffusion de quelques reportages sur le sujet sur les ondes de CJBR, la marmite s’est mise à bouillir dangereusement.

Tellement que, lors d’un conflit sans précédent, plusieurs médecins de l’urgence de l’hôpital de Rimouski ont exigé à l’époque la démission d’un des deux radiologistes. Gaétan Barrette, maintenant commentateur à LCN, était le président du syndicat des médecins spécialistes avant de devenir plus tard, comme on le sait, ministre de la santé.

Avec les résultats que l’on connaît, il avait alors défendu sans succès les radiologistes qui prenaient en quelque sorte les patients de l’Est du Québec en otage. Pression oblige, le ménage a été fait par la direction de l’hôpital et les choses sont revenues à la normale pour un temps.

L’histoire semble se répéter

Vingt plus tard, malheureusement, l’histoire semble se répéter. Le printemps dernier, on m’informe que pour subir un examen de résonance magnétique, le délai d’attente est de près deux ans à Rimouski.

L’IRM, ou imagerie par résonance magnétique, est une technique qui utilise un champ magnétique et des ondes radio pour créer des images détaillées des organes et des tissus du corps.

En raison d’un cancer potentiel, on me suggère fortement de me rendre rapidement à Québec, dans une clinique privée, pour y passer l’examen en question moyennant la modique somme de mille dollars pour un IRM de quelques minutes.

J’y suis allé. Or, depuis cet événement, avec un peu de rage au cœur, la fibre journalistique refait surface en moi. Après des vérifications auprès de spécialistes de la santé, j’apprends donc que la cause de mon transfert et celui de plusieurs autres patients vers Québec s’explique par un problème de fonctionnement majeur en radiologie à Rimouski.

Une patiente avait décrit les problèmes causés par le manque de radiologistes au CHRR. (Photo courtoisie Harold Michaud)

Il y a bien six radiologistes en ce moment, comme le recommande le plan d’effectif, mais cinq d’entre eux ne sont pas à Rimouski, et ils analysent les dossiers des patients à partir de Montréal! Et qui plus est, ceux-ci travaillent souvent au privé parce que cela est plus rentable pour eux.

Selon une source digne de foi, chacun d’eux empoche en ce moment un million de beaux dollars par année avec cette façon de faire sur laquelle la direction de l’hôpital de Rimouski ferme les yeux, par crainte de voir diminuer le nombre de radiologistes, justement au profit du secteur privé.

C’est qu’on appelle une médecine à deux vitesses… Une pour ceux qui ont les moyens de faire appel au secteur privé, quand c’est possible. Et une autre pour les patients avec moins de revenus et qui stressent beaucoup en attendant de savoir s’ils sont atteints ou non d’un cancer. Il est important de souligner qu’il y a eu une amélioration récemment.

Roulette russe

Curieusement, la liste d’attente a diminué en radiologie après qu’un patient a fait une sortie dans les médias. Il dénonçait les long délais qui ont pour effet de jouer, ni plus ni moins, à la roulette russe avec la santé des patients de la région. Le délai serait passé à deux mois.

C’est mieux, mais pas l’idéal pour celles et ceux qui sont en mode attente La radiologie, faut-il le rappeler, est une pratique médicale vitale dans un hôpital : tous les autres services, comme la cancérologie ou la cardiologie par exemple, doivent régulièrement faire usage de ses services.

La radiologie est donc fondamentale pour assurer un service de qualité dans des délais raisonnables. Un conseil. Plaignez-vous et n’hésitez pas à dénoncer. Les journalistes peuvent faire œuvre utile dans pareils cas.

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