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Où passe notre argent ?

Opinion de Robin Lebel
Le premier ministre du Québec, François Legault. (Photo prise à Paris le 5 octobre 2024. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick)

Le gouvernement de François Legault est sur la sellette depuis plus d’un an. Il faut dire qu’il accumule les projets douteux et les décisions controversées. L’étude sur le troisième lien entre Lévis et Québec, qui a finalement révélé l’inutilité du projet, n’est que la pointe de l’iceberg.

Opinion de Robin Lebel

Et que dire de Northvolt ? Un nom qui donne froid dans le dos.

Ce mégaprojet industriel, bâti à coups de milliards d’argent public, soulève d’énormes questions environnementales, démocratiques et économiques. Michael Sabia, quant à lui, s’est lancé dans la dilution à grande échelle de notre hydroélectricité, comme s’il rêvait de forcer un jour la privatisation d’Hydro-Québec. Heureusement ou malheureusement ? Il est maintenant parti prêter main-forte à l’équipe de Mark Carney à Ottawa.

Ajoutons à cela les investissements aveugles dans Lion Électrique et une série de dossiers aussi boiteux les uns que les autres. Même la fin de l’année scolaire 2025 s’est transformée en moment embarrassant alors que Pierre Fitzgibbon, notre économiste en chef autoproclamé, a profité de l’occasion pour annoncer, sans avertissement, des coupes massives en santé et en éducation. On frôle l’absurde.

Quand on met tout ça bout à bout, une question s’impose : y a-t-il un pilote dans l’avion ? A-t-on déjà vu un gouvernement aussi incohérent, aussi désorganisé, aussi peu inspirant ? Personnellement, je ne m’en souviens pas.

La mort de Serge Fiori, la semaine dernière, a ravivé chez certains le vieux rêve québécois, celui de devenir un pays. Mais comment envisager aujourd’hui un tel projet, alors que les finances publiques sont exsangues et que nos politiciens semblent incapables d’inspirer le moindre espoir ? On n’a plus un sou. Et plus personne pour nous faire rêver.

Repartir sous un autre nom

Comme le disait avec humour Daniel Lemire : « On pourrait mettre la province en faillite et repartir à neuf sous un autre nom. » Tentant, mais irréaliste.

Le contexte mondial est sombre. La planète est dirigée par une brochette d’hommes aussi dangereux que démagogues : Poutine, Kim Jong-un, Xi Jinping, Trump, Netanyahu… Un festival de cynisme et de brutalité. Non, ce n’est pas le moment pour les grands bouleversements. L’idée d’indépendance devra encore attendre.

Mais revenons à nos affaires. On est cassés. Et pendant ce temps, le gouvernement de Mark Carney rêve de relancer l’économie canadienne en misant sur les ressources naturelles : pétrole, hydroélectricité, infrastructures de transport et armement. Le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et la Côte-Nord pourraient pourtant jouer un rôle stratégique dans cette relance.

Un exemple ? Le pont de Trois-Pistoles, qui dort dans les cartons depuis trop longtemps, transformerait radicalement l’économie de la région.

Sur la Côte-Nord, un autre pont à l’embouchure du Saguenay permettrait de décloisonner le Nord québécois, une région riche en ressources, mais coupée du reste du territoire. Et à Sept-Îles, un port en eau profonde attend toujours d’être pleinement exploité.

Vive le Québec libre !

Deux ponts, une vision, et des décennies de développement potentiel pour le Québec tout entier. Mais voilà, rêver n’est pas rentable politiquement. Alors on continue avec les recettes de François Legault : des projets tape-à-l’œil, inutiles, mais électoralement payants. Le troisième lien ? Pourquoi pas! Northvolt ? Allons-y ! Lion Électrique ? Encore !

Et pendant qu’on y est, crions tous en chœur : Vive le Québec libre ! Ah non, pardon… François nous a bien expliqué que ce n’est pas ce que Charles de Gaulle voulait vraiment dire. Il faudra, une fois de plus, réécrire l’histoire.

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