La modernisation du régime forestier reçoit un accueil mitigé
Un projet de réforme suivi avec intérêt
La modernisation du régime forestier présentée par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, est bien accueillie par les producteurs forestiers privés. Le projet de loi 97 vise avant tout les terres publiques, mais il aura d’importantes conséquences pour la forêt privée. Par contre, la question du prix du bois demeure un enjeu majeur. De son côté, la Fédération québécoise des municipalités déplore le retrait du pouvoir de règlementer l’exploitation des forêts aux municipalités.
L’an dernier, le Syndicat des producteurs forestiers du Bas-Saint-Laurent a livré 1,4 million de mètres cubes de bois aux industriels de la région. C’est la moitié de tout le bois transformé. La valeur des livraisons représente plus de 105 millions$. Dans la région, 5 200 producteurs privés exploitent 460 000 hectares de forêts.
Avancées intéressantes
Le projet de réforme du régime forestier est suivi avec intérêt. Le président du Syndicat des producteurs forestiers, y voit des avancées intéressantes. Il souligne le maintien du principe de résidualité, qui priorise l’approvisionnement des usines par la forêt privée et l’objectif d’encadrer l’aménagement pour assurer la contribution à l’approvisionnement des usines.
« En tant que représentants des propriétaires de bois privés, on trouve que c’est bon pour nos membres », estime Michel Lepage.
Le président du Groupement forestier Métis-Neigette, Pierre Sirois, croit lui aussi qu’il y a des aspects intéressants dans le projet de loi.
« Promouvoir le bois de la forêt privée, de prime abord, ça semble positif. Mais, on manque encore beaucoup d’information sur la façon dont ça va se mettre en place. »
Le projet de loi prévoit aussi que le ministère pourra diminuer les volumes de bois en forêt publique advenant une catastrophe naturelle, comme le grand chablis de décembre 2022, afin de favoriser la récupération accélérée du bois des forêts privées.
De moins en moins payant
Calculé en dollar constant, le prix payé aux producteurs forestiers n’a pratiquement pas augmenté depuis 20 ans. C’est sans compter que le bois coûte moins cher aux industriels en forêt publique, ce qui crée une pression à la baisse sur les prix.
La Fédération des producteurs forestiers déplore d’ailleurs l’abolition du Bureau de mise en marché du bois, prévu au projet de loi 97. L’organisme assurait une mise en marché du bois à sa juste valeur marchande.
Selon Michel Lepage, les producteurs du Bas-Saint-Laurent ont tout de même tiré leur épingle du jeu, entre autres grâce à une entente avec le Groupe Lebel sur un prix minimum du bois.
« On a réussi à obtenir des prix relativement bons. Mais, ce n’est pas le Klondike; les producteurs ne se mettent pas riches. Couper du bois coûte de plus en plus cher. Les producteurs privés voudraient que le prix en forêt publique soit aligné sur les coûts de production en forêt privée. Avoir un équilibre entre ce que les industriels paient et ce que ça coûte pour sortir du bois. »
Le préfet de la MRC de Rimouski-Neigette, Francis St-Pierre, siège au Regroupement des communautés forestières de la Fédération québécoise des municipalités. Pour lui, payer le bois à sa juste valeur aurait un impact majeur pour les communautés et le recrutement de main-d’œuvre.

« Il faut faire en sorte que tout le monde y trouve son compte. Ça permettrait d’amener des travailleurs et des gens à résider sur nos territoires, s’ils sont capables d’en vivre. »
Perte de pouvoir municipal
Un autre aspect de la réforme est contesté : le projet de loi retire aux municipalités le pouvoir de règlementer l’abattage d’arbres sur leur territoire. Depuis des années, le ministère des Forêts affirme que la règlementation municipale empêche la récolte du bois en forêt privée. Le préfet Francis St-Pierre affirme que c’est faux.
Il rappelle que les municipalités ont mis en place des règlements pour contrer les pilleurs de lots à une époque où des gens achetaient des terres pour faire des coupes à blanc et repartir avec le bois.
« Depuis qu’on a des règlements avec du mordant, on n’a pas eu de pillage de lots. »
C’est possible de couper du bois si c’est bon pour la forêt. La problématique n’est pas là, dit-il. C’est avant tout une question de prix.