Prolongement de la 20 : « nous sommes les sacrifiés »
Manifestation à Saint-Simon-de-Rimouski
Quelque 200 personnes ont manifesté, le 19 juillet à Saint-Simon-de-Rimouski, pour réclamer le parachèvement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic.
La route 132 à Saint-Simon a été le théâtre d’une marche de solidarité citoyenne organisée par le Comité pour le prolongement de l’autoroute 20.
Profitant de la première journée des vacances de la construction, les marcheurs ont voulu démontrer concrètement la densité de circulation dont cette artère routière fait quotidiennement l’objet, faute d’alternative autoroutière.
La porte-parole du comité s’est dite très satisfaite de la mobilisation pour laquelle des gens sont venus d’un peu partout au Bas-Saint-Laurent.
« Le prolongement de l’autoroute 20 entre Trois-Pistoles et Rimouski est celui qui est le plus en retard au Québec », a déclaré Blandine Michaud, soulignant l’urgence d’un projet qui, selon elle, tarde trop à se concrétiser.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 12 000 véhicules circulent quotidiennement entre Saint-Fabien et Le Bic en période estivale, dont 25% de poids lourds.
Selon le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), 80% du trafic de la route 132 est de transit, ce qui est incompatible avec une circulation locale.
Route dangereuse aux fondations instables
Parmi les marcheurs figuraient des proches de victimes d’accidents routiers survenus sur la route 132 et quelques élus municipaux, dont le maire de Saint-Simon-de-Rimouski, Denis Marcoux, le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis, ainsi que le maire de Saint-Clément, Gabriel Belzile.
Un résident de Saint-Fabien a évoqué les problèmes géotechniques majeurs de la route 132 dans sa municipalité.
Selon Mario Gagnon, une étude de l’Université Laval avait révélé la présence de 85 mètres de glaise « excessivement molle » sur une distance de 6 kilomètres sous la chaussée, qu’il a comparée à de la pâte à gruau.

Cette instabilité avait causé un glissement de terrain en décembre 1976 qui, sans déplorer de morts, avait toutefois fait des blessés et des maisons avaient dû être déplacées.
Impact économique et qualité de vie
Madame Michaud a également souligné les répercussions sur l’économie régionale et la qualité de vie des riverains.
Elle précise que le bruit généré par la circulation atteint 70 à 100 décibels, selon les moments de la journée, dépassant ainsi largement les seuils acceptables de 55 décibels le jour, comme indiqué dans le rapport du BAPE.
Les vibrations du sol causées par le passage des poids lourds font « trembler la terre » et « donnent l’impression d’être sur un bateau ».
L’agriculture, le tourisme et l’industrie forestière, trois piliers économiques régionaux, dépendent entièrement du transport routier.

« Un porc élevé ici peut faire 1200 km avant de revenir sur nos tablettes », a illustré Blandine Michaud pour faire prendre conscience de l’importance d’un lien autoroutier entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic.
Projet à l’arrêt malgré le consensus politique
Blandine Michaud a rappelé que le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a inscrit le prolongement de l’autoroute 20 au Programme québécois des infrastructures en 2022 et qu’une motion unanime a été adoptée à l’Assemblée nationale en 2024. Pourtant, le projet a été mis en veilleuse en mars 2025.
Denis Marcoux a salué cette mobilisation populaire, estimant qu’elle ouvre des portes politiquement». De son côté, Bertin Denis a encouragé les citoyens à ne pas abandonner, rappelant que « dans les régions périphériques, il faut toujours se battre deux à trois fois plus fort que dans les grands centres ».
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