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Prolongement de la 20 : la MRC de Rimouski-Neigette dit non

« Absence de projets concrets ou d'avancées tangibles dans ce dossier »
La fin de l’autoroute 20 à Notre-Dame-des-Neiges (Photo Le Soir.ca- Olivier Therriault)

La MRC de Rimouski-Neigette a fait officiellement savoir qu’elle n’offre pas son soutien au Comité pour le prolongement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic, invoquant « l’absence de projets concrets ou d’avancées tangibles dans ce dossier ». La position des élus provoque la grogne du comité citoyen.

Dans une lettre signée par le préfet Francis St-Pierre, la MRC explique qu’elle ne peut «malheureusement pas donner une suite favorable» à la demande du comité citoyen.

Tout en reconnaissant que « la réalisation de ce tronçon pourrait contribuer à améliorer la sécurité routière », le conseil des maires demeure « attentif à l’évolution de ce projet » et promet de « reconsidérer sa position lorsque des éléments plus précis seront déposés ».

Cette réponse suscite l’indignation de la porte-parole du Comité pour le prolongement de l’autoroute 20. « Ce qui est bizarre dans la lettre, c’est que le préfet dise qu’il y a absence de projet concret ou d’avancées tangibles, soulève Blandine Michaud. Le projet de l’autoroute est pourtant déjà dans le PQI [programme québécois des infrastructures]. »

Dossier polarisant

Le préfet défend sa position en expliquant que la discussion sur ce dossier n’a pas encore eu lieu au conseil des maires. « Il manquait trois élus autour de la table et la discussion n’avait pas été faite », précise Francis St-Pierre, ajoutant que la question sera abordée à l’automne.

Selon lui, le silence de la MRC ne signifie pas une opposition au projet. « Si le conseil des maires ne s’est pas positionné, ça ne veut nécessairement pas dire qu’il est contre», précise l’élu, qui affirme avoir « souvent fait des interventions pour dire qu’on en avait besoin ».

Le préfet de la MRC de Rimouski-Neigette et maire de Saint-Anaclet, Francis Saint-Pierre. (Photo courtoisie)

Le projet de prolongement de l’autoroute 20, qui relierait Notre-Dame-des-Neiges au Bic sur 47 kilomètres, figure effectivement au programme québécois des infrastructures. Selon monsieur St-Pierre, le gouvernement s’est engagé à réaliser les études et il soupçonne qu’elles se feront une fois les travaux de l’autoroute 85 complétés.

La porte-parole du comité citoyen déplore néanmoins le manque de leadership politique dans ce dossier qu’elle qualifie de « critique et urgent ».

Elle pointe du doigt l’absence de consensus à la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent et le manque d’unité des représentants politiques pour faire avancer ce projet d’infrastructure majeur.

À deux vitesses ?

Le refus de la MRC de Rimouski-Neigette d’appuyer le prolongement de l’autoroute 20 soulève encore une fois des tensions quant au développement des infrastructures routières dans la région.

Le Comité pour le prolongement de l’autoroute 20 dénonce les inégalités de traitement dans les projets routiers régionaux. Pour ses membres, ce dossier illustre les inégalités de traitement entre les secteurs est et ouest de Rimouski. 

La porte-parole du comité citoyen accuse la MRC de faire preuve de « deux poids deux mesures entre l’est et l’ouest de Rimouski ». 

La porte-parole du Comité pour le prolongement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski, Blandine Michaud. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

Blandine Michaud dénonce ce qu’elle perçoit comme un manque d’équité dans le traitement des dossiers routiers, estimant que la MRC est uniquement intéressée par le projet d’élargissement de l’autoroute 20 entre Mont-Joli et Rimouski. « La MRC de Rimouski regarde son nombril », lance-t-elle sans détour.

La résidente de Saint-Fabien cite en exemple la différence de traitement médiatique entre les accidents mortels survenus de part et d’autre de la ville. 

Elle déplore le fait que le décès d’Arianne Dubé sur l’autoroute 20 entre Rimouski et Mont-Joli a mobilisé le milieu politique, alors que celui de Brian Fournier sur la route 132 au Bic n’a suscité aucune « récupération politique », selon ses mots.

Priorités questionnées

De l’avis de madame Michaud, cette disparité se reflète également dans les priorités gouvernementales. 

Pendant que la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent (TREMBSL) milite pour l’ajout de voies de dépassement entre Mont-Joli et Rimouski, le projet d’autoroute entre Trois-Pistoles et Rimouski peine à mobiliser les élus régionaux, toujours selon elle.

« Quand on regarde ce que ces gens-là sont capables de faire pour pousser le dossier de Mont-Joli-Rimouski, pourquoi se cachent-ils derrière leur bureau concernant le prolongement de l’autoroute entre Rimouski et Trois-Pistoles? », s’interroge Blandine Michaud.

L’intersection menant à l’autoroute 20 à Notre-Dame-des-Neiges. (Photo Le Soir.ca- Olivier Therriault)

Les chiffres sur la circulation alimentent également la controverse.

Selon la porte-parole du comité, il y a beaucoup plus de trafic sur la route 132 que sur les tronçons d’autoroute actuels, remettant ainsi en question la priorité accordée aux voies de dépassement à l’est de Rimouski.

Leadership politique défaillant

Le comité citoyen pointe du doigt ce qu’il perçoit comme un manque de leadership politique.

« Ce n’est pas le maire de Saint-Fabien [Mario Beauchesne] qui va faire avancer le dossier, croit la porte-parole. Ça va prendre quelqu’un qui se tient debout!» 

Madame Michaud regrette l’absence d’un porteur de dossier comparable à l’ancien maire de Rimouski, Michel Tremblay, qui avait fait « débloquer l’autoroute à Rimouski » dans les années 1990 à 2000.

De son côté, le préfet de la MRC de Rimouski-Neigette assure travailler activement dans le dossier.

En juillet, près de 200 personnes se sont mobilisées pour réclamer le prolongement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

« Pour madame Michaud, quand je ne passe pas dans les médias, je ne travaille pas, se défend France St-Pierre. Il y a 90% de mon travail dont personne n’entend parler, comme quand je travaille à asseoir des gens ensemble. Quand je parle avec un directeur régional, peu importe le ministère, je n’appelle pas les journalistes pour leur dire qui j’ai rencontré! Je ne fonctionne pas comme ça. J’ai un travail à faire, qui est beaucoup en coulisses, puis je le fais.»

Le préfet confirme que le gouvernement s’est engagé à actualiser les études du projet et maintient que les élus de sa MRC ne sont pas nécessairement opposés au prolongement de l’autoroute 20. Une position officielle de la MRC devrait être adoptée à l’automne, après discussion au conseil des maires.

Projet stratégique

Avec des projections démographiques favorables pour Rimouski-Neigette de plus 6,8% de croissance d’ici 2051, le prolongement de l’autoroute 20 représente un enjeu stratégique pour le développement régional, soutient Blandine Michaud.

Le comité citoyen estime que ce projet permettrait de détourner 80% du trafic de la route 132, améliorant significativement la sécurité routière dans le secteur.

Pour la porte-parole du comité, reste à voir si les élus régionaux sauront porter ce dossier qu’elle juge prioritaire et urgent auprès des instances gouvernementales.

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