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Soraïda Caron danse sa quête d’identité

« Première mondiale » du spectacle Les petits désordres
Soraïda Caron lors de la causerie qui a suivi la première de son spectacle. Derrière elle, les membres de son équipe. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

Le Théâtre du Bic a inauguré sa saison 2025-2026, le 17 septembre, avec la « première mondiale » du spectacle Les petits désordres, une œuvre chorégraphique autobiographique de Soraïda Caron.

Devant une salle comble, l’artiste de 45 ans a livré un récit intime sur sa quête identitaire en tant que personne adoptée ayant une double nationalité. Pour la chorégraphe pistoloise, il s’agit de sa première œuvre solo, fruit de deux années de résidence artistique au Théâtre du Bic.

Avec une rare authenticité, cette création explore les complexités de l’adoption internationale. Entrecoupée de courts monologues, la pièce met en lumière la dualité qui caractérise l’artiste : Québécoise et Dominicaine, à la fois noire et blanche. Ces contradictions apparentes, qu’elle nomme « les petits désordres », deviennent le fil conducteur d’une œuvre qui interroge les répercussions des origines sur le parcours d’une vie.

Volontairement épuré, le décor se compose uniquement d’un mur et d’une table de salon. « C’est le premier meuble que mes parents m’ont donné quand je suis partie en appartement, a expliqué la chorégraphe lors de la causerie qui a suivi la représentation. Elle est blanche, je suis noire. »
La symbolique s’est imposée naturellement dans sa création.

Processus créatif guidé par l’instinct

« Je n’ai pas choisi la thématique, c’est elle qui m’a choisie », a confié Soraïda Caron. L’œuvre a pris forme lors d’une résidence à Marsoui, loin de ses repères habituels. « C’est cette histoire qui est naturellement sortie, alors que je n’étais pas chez moi, que personne ne me connaissait vraiment. »

L’artiste reconnaît avoir eu besoin d’un accompagnement exceptionnel pour mener à bien ce projet personnel. Entourée du chorégraphe Paul-André Fortier comme mentor et de Stéphanie Pelletier pour l’accompagnement littéraire, elle a pu « rester solide et forte » face à la difficulté de « parler de soi, de rester intègre et authentique, de ne pas jouer son propre rôle ».

La directrice artistique du Théâtre du Bic a souligné l’originalité de la démarche. « Soraïda est une artiste qui est dans un art du corps, a mentionné Marie-Hélène Gendreau. Mais, elle est aussi une femme qui adore parler et rire. Des artistes en danse s’empêchent parfois de prendre la parole. »

La directrice générale, artistique et chorégraphe de « Mars elle danse », Soraïda Caron. (Photo courtoisie Mathieu Prezelin)

Cette fusion entre mouvement et parole représentait le défi majeur de la création. « La partie la plus difficile n’est pas la danse ; c’est écrire les textes, a avoué l’artiste. Il a fallu que j’aille à l’intérieur de moi pour trouver l’histoire à raconter. »

Dirigeant la compagnie Mars elle danse, Soraïda Caron s’illustre par son engagement artistique au Bas-Saint-Laurent.

Lauréate du prix de la relève artistique en 2011 et du prix Artiste de l’année 2022 du Conseil des arts et des lettres du Québec, elle a notamment créé le festival Au quai, on danse ! à Trois-Pistoles. Cette année, elle est finaliste pour les prix Les Arts et la Ville dans la catégorie Artiste dans la communauté.

Vers de nouveaux horizons

La création Les petits désordres marque un tournant dans le parcours artistique de Soraïda Caron.
« C’est une pièce qui parle de l’amour que j’ai pour mes parents adoptifs et biologiques. Il y a une forme de réconciliation avec cette double nationalité que je porte. »

L’artiste partira bientôt en tournée avec son équipe en Mauricie et à Montréal pour faire découvrir cette œuvre profondément personnelle, mais universelle dans ses interrogations. Par la suite, elle envisage certains projets, dont un possible livre et peut-être une maîtrise. 

Les petits désordres s’impose comme un cadeau offert au public, une œuvre qui transcende l’intime pour toucher à l’universel des quêtes identitaires.

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