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Volte-face qui laisse un goût amer

L'opinion de Robin Lebel
La députée-ministre de Rimouski, Maïté Blanchette Joncas derrière le premier ministre François Legault. (Photo Le Soir.ca- Alexandre D’Astous)

Toute une volte-face de la part de Maïté Blanchette Vézina. Comme citoyens, nous l’avons élue sous la bannière de la CAQ. Elle a eu une opportunité rare pour une candidate d’un parti où, en dehors du chef François Legault, bien peu de visages étaient connus.

L’opinion de Robin Lebel

Heureusement pour nous, dans l’Est, le vent semblait tourner en notre faveur. Madame Blanchette Vézina s’est vue offrir sur un plateau d’argent un poste de ministre des Ressources naturelles et des Forêts. 

Soyons francs : son passage à ce ministère n’a pas été marqué par de grandes réussites. J’irai vite sur l’échec du dossier du régime forestier, que tout le monde s’attend à voir tomber dans l’oubli d’ici peu. Elle est allée au « batte » pour défendre la vision de François Legault pour ensuite être sacrifiée.

De l’autre côté de la médaille, lorsque tu nommes cinq ministres dans la région de Québec et tu bafoues Rimouski, la Gaspésie et l’Abitibi-Témiscamingue, il y a un signal clair qu’on tente de sauver les meubles en visant des circonscriptions possiblement « payantes » en 2026. 

Est-ce entièrement de la faute de Maïté Blanchette Vézina ? Peut-être pas. Mais la responsabilité d’un mandat, quand on l’accepte, c’est de le mener à bon port. Sur ce plan, bien des électeurs doutent de ses résultats.

Ayant travaillé toute ma vie dans le secteur privé, je sais qu’au niveau supérieur, quand on te confie le volant, à toi de garder le cap. Madame Blanchette Vézina a-t-elle vraiment rempli ce mandat ? Si l’on se fie aux critiques, la réponse est non.

« Vendre » ses idées 

Dans n’importe quelle entreprise, consulter les personnes concernées mène souvent à de meilleures décisions. Or, on peut se demander si elle a su le faire.

Être en position de pouvoir, que ce soit en politique ou en affaires, c’est aussi saisir les occasions d’influence, parfois de manière informelle. L’art de « vendre » ses idées peut faire la différence. J’ai déjà moi-même lancé une idée dans un contexte inattendu, lors d’un congrès, en discutant dans une salle de bain publique avec un directeur. Résultat : le produit a vu le jour. Tout est dans l’audace. Maïté Blanchette Vézina a-t-elle su jouer ce rôle ? J’en doute.

Encore du chemin à faire

Localement, elle a réussi à mener de nombreux projets de construction de logements. Parmi les villes les plus touchées par la rareté de logements au Québec, Rimouski renverse actuellement la tendance pour les mises en chantier. Sauf que d’autres demeurent en suspens. Aurions-nous aimé la voir défendre avec énergie le dossier de l’autoroute 20 ? Bien sûr. Soutenir le projet de traverse Rimouski–Forestville ? Certainement. Mais rien.

Être députée, ce n’est pas seulement sourire et se montrer de temps en temps. C’est aussi être présente dans son milieu. Combien de fois ai-je entendu : « Je suis allé à son bureau, j’ai appelé, mais elle n’était jamais là » ?

Elle a invité François Legault à réfléchir sur son avenir politique. Les échos laissent entendre que le premier ministre ne pense pas à aucun scénario où il pourrait quitter. Je pose toutefois la question : si Maïté Blanchette Vézina s’était présentée comme indépendante, aurions-nous voté pour elle ? Deux solitudes se font face : la députée et ses citoyens.

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