Centre-ville de Rimouski : arrêtons les pas de tortue
L'opinion de Guillaume Sirois
À l’annonce de la modernisation du système de paiement pour le stationnement au centre-ville de Rimouski en 2020, j’étais président de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette et la première réaction de notre organisme était somme toute positive.
L’opinion de Guillaume Sirois- Le Soir.ca
Nous étions sensibilisés par nos membres que plusieurs citoyens ne se rendaient plus les visiter faute d’avoir de la monnaie pour s’affranchir de ces frais.
Par ailleurs, de nombreux restaurateurs devaient se résoudre à moderniser leurs opérations avec des commandes à emporter compte tenu du contexte pandémique et la période de grâce de 15 minutes était bienvenue dans ce contexte.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ce temps. La pandémie est loin derrière nous, un nouveau joueur majeur fait basculer les consommateurs naturellement vers un autre pôle commercial et les citoyens ont pu constater les irritants de ce système depuis de nombreuses années maintenant.
La dernière annonce de la Ville de Rimouski comme quoi elle enlevait les jeudis et vendredis soirs de la période requise pour devoir payer pour se stationner ainsi que l’augmentation de la période gratuite qui augmente de 15 à 30 minutes, ne passe pas.
Elle n’est pas digérée par la population et encore moins auprès des marchands parce qu’on n’y voit qu’un pas de tortue qui n’adresse la problématique qu’en surface. J’ai rarement pu constater une aussi grande mobilisation des marchands qui sont unanimes sur la question.
Variété de marchands
La force du pôle commercial du centre-ville se trouve dans la variété des marchands qui s’y trouvent et la proximité avec la clientèle qui s’installe.
Ces deux facteurs requièrent du temps et ça ne prend pas un baccalauréat en urbanisme pour comprendre que 30 minutes ne sont pas suffisantes pour aller prendre un café à la Brûlerie d’ici, acheter une raquette de tennis à son petit-fils chez Gendron Sports et bouquiner à l’Alphabet.
L’augmentation de cette durée à 90 minutes permettrait de régler cette problématique tout en n’en créant pas une nouvelle avec des usagés qui se stationnent toute la journée.
Loin de moi l’idée de vouloir faire un énième débat entre la voiture et le vélo, mais la réalité est que pour s’approprier son centre-ville, les citoyens des quartiers limitrophes et des plus petites municipalités environnantes doivent s’y rendre en voiture.

C’est une réalité régionale et aucune piste cyclable ou support à vélos ne pourra changer ce constat.
Ceci dit je n’ai absolument rien contre les éléments facilitant le transport actif, mais ne nous mettons pas la tête dans le sable et soyons conscients que ces éléments facilitants le sont pour les usagés près du centre-ville et que, pour rendre ce dernier plus accessible pour l’ensemble de la région, le stationnement des véhicules doit aussi faire partie de l’équation.
Traités différemment
Nos commerçants du centre-ville sont pris à mal depuis plusieurs années et sont même traités différemment par rapport à leurs comparses des autres secteurs.
Nous n’avons qu’à penser à la taxe sur les immeubles inoccupés ou l’interdiction d’intégrer un service au volant qui sont limités à ce secteur précis de la Ville.
Nos marchands ne demandent pas la lune, ils veulent simplement pouvoir faire des affaires sur des bases législatives identiques à celles de leurs compatriotes des autres secteurs de la Ville.
Quand on parle de la venue du Costco, on nous dit que les dépenses dans les infrastructures requises pour les accueillir sont des investissements.
Ça serait aussi plaisant que la diminution sur les revenus des frais pour se stationner au centre-ville et la réduction du nombre de contraventions soient également vues comme des investissements pour nos marchands du centre-ville plutôt que comme un manque à gagner.
Avant de dépenser de l’argent pour refaire de l’affichage sur cette nouvelle durée et les nouvelles plages, assurons-nous que ce changement répond au besoin.