Le Manuscrit de Beyrouth
Enquête policière de Jabbour Douhaihy
L’histoire du livre « Le Manuscrit de Beyrouth » se déroule au Liban. Farid, le personnage principal, a écrit un roman. Malheur à lui: aucun imprimeur n’accepte de le publier.
Farid tient au brouillon de son manuscrit comme à la prunelle de ses yeux. D’une part, il est bien fier de son « chef-d’œuvre » en devenir. D’autre part, sa famille l’encourage depuis qu’il est jeune à se lancer dans une carrière d’écrivain, dans le sillage de l’un de ses oncles, reconnu comme auteur.
Mais aucun imprimeur n’est intéressé à promouvoir son livre ni sa carrière. Le seul emploi qu’il trouve pour gagner sa vie, c’est un travail de correcteur dans une imprimerie à produire des affiches, des faireparts, des circulaires commerciales. Rien pour stimuler un écrivain en devenir.
Un jour, le précieux manuscrit de Farid disparaît curieusement. Pour mieux réapparaître quelques jours plus tard dans une version imprimée, en un seul exemplaire, sur un papier de première qualité. Qui donc a pu faire ça?
Dans la ligne de mire de police
Un bon roman est souvent pimenté par une enquête policière. Ici, elle se développe à l’intérieur de cette imprimerie, autour d’une imprimante performante qui est suspectée par les autorités de produire en cachette de faux billets de banque. Sur un papier de première qualité, justement.
Bien entendu, Farid est dans la ligne de mire de la police, même s’il ne comprend rien à ce qu’on lui reproche. Quel rapport y a-t-il entre son projet de livre et les faux billets de banque qui seraient imprimés la nuit, à l’abri des regards?
Eh oui, il y a une relation amoureuse qui s’inscrit dans ce livre, mais il faut attendre une centaine de pages avant d’y arriver. La discrète dulcinée, une fille «dont la beauté inspire la jalousie», serait dotée d’une « silhouette ensorcelante ».
Le roman se déroule lentement. Les descriptions sont détaillées et bien imagées. De courts chapitres présentent une variété de personnages qui réapparaissent parfois dans les chapitres suivants.
Le parcours de vie de chacun et chacune est décrit avec brio, jusqu’à construire un scénario foisonnant qui englobe l’ensemble. Le va-et-vient du monde particulier de l’imprimerie est bien raconté.
Considéré autrefois comme la Suisse du Moyen-Orient, le Liban demeure un pays fragile. Diverses communautés cohabitent difficilement et les tensions avec Israël sont fréquentes.
Ce livre s’avère une occasion de s’informer sur l’histoire du Liban, qui a été sous l’emprise des Arabes, ensuite des Turcs, puis sous la tutelle de la France, de 1920 jusqu’à son indépendance en 1943. Une partie de la population parle d’ailleurs encore le français.

Le Manuscrit de Beyrouth, par Jabbour Douhaihy, traduit de l’arabe du Liban par Stéphanie Dujols, Actes Sud, 2017, 240 pages.
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