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Maïté Blanchette-Vézina : de la loyauté à l’opportunisme

L'opinion de Carol-Ann Kack
La députée-ministre Maïté Blanchette Vézina (Photo Le Soir.ca – Véronique Bossé)

Nous n’avons jamais autant entendu Maïté Blanchette-Vézina que depuis sa volte-face envers son ancienne formation politique. Après avoir défendu bec et ongles la Coalition Avenir Québec pendant trois ans, elle part maintenant en croisade sur des dossiers sur lesquels elle pouvait déjà s’exprimer, mais sur lesquels elle n’a jamais été aussi vocale.

L’opinion de Carol-Ann Kack

Ne plus avoir de « lignes de parti » peut être libérateur, et il semble que ce soit le cas pour madame Blanchette-Vézina, qui lance actuellement une offensive en dénonçant l’absence de financement pour le prolongement de l’autoroute 20.

On la sent soudainement convaincue et motivée dans ses prises de parole, même si l’on devine encore des lignes de communication bien rédigées, auxquelles elle ne déroge jamais vraiment.

En quittant la CAQ, notre députée affirmait vouloir continuer à représenter les citoyennes et citoyens de Rimouski lors des élections provinciales générales de 2026. Elle a aussi mentionné qu’elle pourrait réintégrer la CAQ si monsieur Legault quittait ses fonctions, ce qui ne semble toutefois pas près d’arriver. Du même souffle, elle laissait entendre que sa famille a toujours été péquiste.

Un mauvais film

Tout cela donne l’impression de regarder un mauvais film. On n’apprend rien de vraiment nouveau sur la CAQ à travers ce départ fracassant. Madame Blanchette-Vézina savait pour quel parti elle se présentait en 2022.

Même si elle avait peut-être plus d’affinités avec d’autres formations, cela ne l’a pas empêchée de plonger tête première au sein de cette équipe. J’imagine que le poste de ministre qui lui a été confié n’y est pas étranger.

La députée de Rimouski, Maïté Blanchette Vézina, lance une pétition demandant au gouvernement du Québec de faire du prolongement de l’autoroute 20 entre Rimouski et Trois-Pistoles une véritable priorité nationale. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

Avec son choix, aujourd’hui, de tirer délibérément à boulets rouges sur François Legault et la CAQ, il apparaît évident qu’il ne s’agit pas d’un départ en vue d’un éventuel retour dans cette famille politique. Difficile de ne pas voir, dans tout cela, une préparation du terrain pour se présenter sous la bannière du Parti québécois aux prochaines élections.

Et difficile aussi de ne pas y voir une bonne dose d’opportunisme. Je trouve cela insultant pour les électrices et électeurs.

Opération sauvetage

Après avoir défendu son parti corps et âme pendant des années, notre députée se tient soudainement debout et devient vocale pour la région, sur un enjeu qui sera au cœur de la campagne électorale à Rimouski pour une énième fois.

On aurait aimé voir ce courage politique avant, s’il existait réellement. Car à ce stade, ça ressemble plus à une tentative personnelle de sauver une carrière politique.

Maïté Blanchette Vézina alors qu’elle était ministre responsable du Bas-Saint-Laurent. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

J’aime voir des personnes se présenter en politique avec conviction et authenticité, portées par des valeurs claires. C’est ce qui m’inspire et me donne confiance. Et que l’on soit solidaire, conservateur, libéral, péquiste ou caquiste, ces qualités peuvent être présentes, même si l’on ne partage pas les mêmes valeurs.

Ce qui me dérange, c’est quand la recherche du pouvoir prend le pas sur les principes. Vous me direz que ça fait partie de la politique. Ce à quoi je répondrais : je sais bien que la politique est connue comme un univers de pouvoir et d’influence, mais ce n’est pas vrai qu’il n’existe pas différents modèles et façons de l’exercer.

Mandat périlleux

Malgré tout, je ne peux que me désoler qu’on ait confié à madame Blanchette-Vézina un mandat aussi périlleux que celui de réformer le régime forestier, pour ensuite la remercier du conseil des ministres après qu’elle ait vraisemblablement fait tout ce qu’on attendait d’elle. Cela dit, il y avait consensus : la réforme proposée était à côté de la plaque.

Et c’est précisément à ce moment-là qu’on aurait aimé entendre le vrai courage politique de la ministre. Qu’elle sorte de ses lignes de communication, et qu’elle exerce un leadership positif à Québec.

Ce revirement de Maïté Blanchette-Vézina laisse un goût amer. On aurait aimé voir ce courage plus tôt, quand elle était en position d’agir. Aujourd’hui, difficile de ne pas y voir un calcul politique. Et c’est dommage, parce que la région mérite mieux qu’un projet de carrière.

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