La guigne s’abat sur l’industrie forestière
Surtaxe américaine record
L’industrie forestière fait face à une nouvelle épreuve qui pourrait s’avérer la plus difficile de son histoire récente. Le 14 octobre, l’administration Trump a imposé une surtaxe additionnelle de 10% sur le bois d’œuvre canadien, portant le fardeau tarifaire total à un niveau sans précédent de 45%.
Les producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie craignent donc un ralentissement majeur du secteur.
Cette décision jette une ombre sur un secteur déjà fragilisé par des années de tensions commerciales avec les États-Unis.
Pour les producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, cette nouvelle taxe représente bien plus qu’un simple désagrément comptable. Elle menace la viabilité même d’une industrie qui emploie des milliers de personnes et structure l’économie entière de toutes ces régions.
Fardeau tarifaire historique
Les nouveaux droits de 10% s’ajoutent aux tarifs déjà existants de 35% qui comprenaient les droits compensateurs et antidumping. Contrairement à ces derniers, cette surtaxe a été imposée pour des motifs de sécurité nationale et s’applique à tous les pays exportant du bois aux États-Unis.
« À 45 %, les droits en tous genres qui frappent les exportations de bois d’œuvre sont du jamais-vu », confirme le président du Syndicat des producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent, Michel Lepage. Comptant quelque 8000 producteurs-propriétaires, la région avait, jusqu’à présent, été relativement épargnée par les fermetures d’usines qui ont frappé d’autres régions du Québec.

Mais, cette situation pourrait bientôt prendre fin.
« Ça jette définitivement une ombre sur notre industrie, déplore monsieur Lepage. À 45%, les industriels vont avoir de la difficulté à exporter aux États-Unis, quand on sait que c’est notre principal marché d’exportation. »
Propriétaires privés directement touchés
L’impact de ces tarifs se répercute bien au-delà des grandes scieries. Les propriétaires de boisés privés sont directement touchés par cette situation. Lorsque les usines ont de la difficulté à exporter, elles réduisent leurs achats de bois, ce qui se traduit par moins de chantiers en exploitation.
« On remarque une diminution des volumes de bois mis en marché, entre autres depuis le début de l’année », constate Michel Lepage. Cette réduction des activités crée une incertitude généralisée qui paralyse l’ensemble du secteur.

En Gaspésie, où environ 2500 producteurs dépendent de cette industrie, la situation est tout aussi préoccupante.
Cependant, le directeur général du Syndicat des producteurs de bois de la Gaspésie, Guy Gallant, souligne que, « présentement, c’est surtout les propriétaires et les industriels américains qui paient une bonne partie de ces taxes ».
L’injustice du bois privé
Un aspect particulièrement frustrant de cette situation concerne le traitement du bois de forêt privée. Depuis 1982, le différend commercial porte sur la gestion de la forêt publique canadienne, que les Américains estiment être subventionnés. Pourtant, le bois de forêt privée, qui n’est pas concerné par ces subventions présumées, se retrouve assujetti aux mêmes taxes.
« Néanmoins, un problème réside dans l’impossibilité, une fois le bois rendu dans la cour d’un moulin, de distinguer celui provenant de la forêt publique de celui de la forêt privée » précise Guy Gallant.