Face à Trump : les producteurs de bois gardent espoir
Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie refusent de baisser les bras
Malgré la hausse des droits de douane record qui totalise 45%, les producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie misent sur leur résilience et entrevoient tout de même des opportunités dans cette crise commerciale.
En dépit de ces tarifs record, le ton n’est pas au défaitisme au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie.
S’ils sont conscients des défis qui les attendent, les syndicats de producteurs de bois de ces deux régions refusent quand même de baisser les bras.
Ayant traversé d’autres crises par le passé, ces acteurs régionaux comptent sur leur résilience et leur capacité d’adaptation pour naviguer dans cette tempête commerciale.
Pénurie avantageuse
Paradoxalement, c’est la situation même du marché américain qui nourrit l’espoir des producteurs canadiens.
Malgré les déclarations du président Trump affirmant que son pays dispose de « tous les arbres dont il a besoin », la réalité du terrain raconte une tout autre histoire. Les États-Unis dépendent fortement du bois canadien pour répondre à leurs besoins en construction résidentielle et cette dépendance ne disparaîtra pas du jour au lendemain.
Le directeur général du Syndicat des producteurs de bois de la Gaspésie confirme cette contradiction. « On sait qu’ils ne sont pas capables de combler leurs besoins à l’interne, affirme Guy Gallant. Donc, ils ont besoin de nos produits. »

Cependant, la question qui préoccupe maintenant les producteurs de bois est de savoir comment le marché américain réagira concrètement à cette nouvelle hausse tarifaire.
« Est-ce qu’il va y avoir un signal envoyé à monsieur Trump pour baisser les tarifs ou est-ce que les États-Unis vont continuer à acheter quand même et que leurs maisons vont être un peu plus chères à construire? » s’interroge Guy Gallant.
Par conséquent, cette pénurie chronique pourrait donc forcer les acheteurs américains à continuer d’importer du bois canadien malgré les tarifs élevés, quitte à ce que le coût de construction des maisons augmente.
Période d’incertitude
Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’industrie. Le président du Syndicat des producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent reconnaît que la rencontre du 7 octobre entre le premier ministre canadien Mark Carney et le président américain Donald Trump n’a pas donné les résultats espérés.
« Il ne semble pas y avoir sorti grand-chose de cette rencontre », se désole Michel Lepage.
Cette impasse diplomatique signifie que les taux actuels risquent de perdurer, forçant ainsi l’industrie à s’adapter à un ralentissement de la production et du marché.

« On va devoir s’adapter à ces nouvelles conditions du marché », est-il forcé d’admettre, tout en gardant espoir qu’un déblocage finisse par survenir.
Malgré les défis immédiats, les producteurs forestiers du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie gardent les yeux tournés vers l’avenir. Guy Gallant se montre optimiste pour la prochaine année.
« Le futur devrait être bon. En 2026, on s’attend à une reprise des mises en chantier et des besoins de bois d’œuvre. »
Cette perspective encourage les producteurs de bois à tenir bon pendant les mois difficiles qui s’annoncent. Dans la forêt privée, certains signaux positifs commencent même à émerger, avec des industriels qui confirment le maintien de leurs lignes d’achat, malgré le contexte. C’est du moins ce que constate Guy Gallant.
Courage et innovation
Les prochains mois exigeront du courage, de l’innovation et de l’adaptation de la part de l’industrie forestière régionale. Mais, si l’histoire a démontré une chose, c’est bien la capacité de résilience de ce secteur qui a su traverser de nombreuses crises.
« On garde toujours espoir et on continue de discuter avec les industriels pour essayer de vendre notre bois », résume Michel Lepage.

Les producteurs forestiers comptent également sur le dynamisme du marché canadien pour absorber une partie de la production. Le premier ministre du Canada, Mark Carney, a fait de la construction résidentielle une priorité et favorise l’utilisation du bois d’œuvre comme matériau de construction.
Cette orientation politique pourrait stimuler la demande intérieure et offrir un débouché supplémentaire aux producteurs.
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