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Cri du cœur : les musées des régions sont en danger

Soutien de 2,54 M$ demandé pour les 43 institutions muséales régionales
Les directions générales des musées de la Gaspésie (Martin Roussy), de Rimouski (France Leclerc), du Bas-Saint-Laurent (Mélanie Girard), de la Côte-Nord (Mélissa Lacroix), de la Mer aux Îles-de-la-Madeleine (Carole Lemieux) et Jean-François Royal, président de la Société des musées du Québec. (Photo courtoisie)

Cinq musées de l’Est-du-Québec et de la Côte-Nord, dont celui de Rimouski, lancent un cri du cœur au gouvernement Legault pour éviter leur fermeture, comme celles de 38 autres institutions muséales à travers la province, fragilisée par le sous-financement. 

Par Emy-Jane Déry- Le Nord-Côtier

Ses dirigeants soutiennent avoir besoin de 2,54 M$ pour l’ensemble des musées en régions éloignées pour assurer leur survie à long terme. 

Le Musée de Rimouski a dû fermer ses portes pendant huit mois durant l’année. Celui du Bas-Saint-Laurent, à Rivière-du-Loup, fait face à une forte pression financière. Le Musée de la Gaspésie fait face à des déficits répétés qui ont épuisé ses réserves. Le Musée de la Mer aux Îles-de-la-Madeleine est fermé depuis le 10 octobre, tandis que le Musée de la Côte-Nord a réduit ses heures d’ouverture et son personnel assume l’entretien des bâtiments.

« Un montant de 2,54 M$ est modeste à l’échelle d’un budget gouvernemental, mais il ferait une différence immense pour nos communautés et la préservation de notre patrimoine collectif », estime le directeur général du Musée de la Gaspésie et porte-parole du regroupement, Martin Roussy. 

Trouver des façons d’économiser 

Faute de financement, le Musée de la Côte-Nord sera fermé partiellement cet hiver pour une deuxième année consécutive. Comme les autres basés en région, sa petite équipe permanente composée de cinq personnes se partage les tâches du ménage du bâtiment, question d’économiser un peu d’argent. 

« Depuis que je suis arrivée, la grande majorité de mon temps, c’est d’essayer de trouver des façons d’économiser et de trouver du financement le plus possible », indique sa directrice, Mélissa Lacroix, en poste depuis seulement quelques mois.

Concrètement, chaque dollar investi par le Programme d’aide au fonctionnement des institutions muséales (PAFIM) ne vaut que 0,65 $ dans ces régions, plaident les cinq musées de l’Est-du-Québec. 

Le Musée de Rimouski a rouvert ses portes après huit mois de fermeture. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

« Si on veut, par exemple, au Musée de la Gaspésie présenter une exposition itinérante qui a été fabriquée à Montréal, pour les gens qui sont à 200 km de circonférence autour de Montréal, le coût est à 15 000 $, mais rendu au Musée de la Gaspésie, c’est 30 000 $ », illustre monsieur Roussy.

« C’est le double. C’est ce genre d’écart important qui crée ces coûts d’exploitation qui sont plus élevés », a-t-il poursuivi. L’éloignement et les contraintes logistiques se traduiraient par des coûts d’exploitation en moyenne 60 % plus élevés que dans le reste de la province.

Une solution « réaliste » pour éviter le naufrage

Le regroupement des musées en régions éloignées affirme aussi avoir mis le doigt sur une solution qu’il juge « réaliste ». 

En plus de l’investissement immédiat, il souhaiterait qu’un supplément à l’éloignement soit inclus au Programme d’aide au fonctionnement des institutions muséales (PAFIM) de façon permanente. 

Le président Guy Dionne et la DG France Leclerc estiment que le Musée de Rimouski se trouve en meilleure posture, bien qu’il soit toujours aux prises avec un déficit de 80 000$. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

« Ce supplément-là, à l’éloignement, se base sur un indice qui s’appelle l’indice de disparité régionale. C’est un indice qui existe déjà au gouvernement et qui est utilisé, par exemple, pour évaluer les coûts de construction d’un bâtiment », explique Martin Roussy. 

L’indice permet de calculer les coûts supplémentaires liés à l’éloignement pour un projet. Le regroupement a déposé des documents explicatifs au gouvernement. « On a rencontré les porte-parole en matière de culture des trois partis d’opposition pour les sensibiliser à notre dossier, ainsi que nos députés et les ministres responsables de nos régions », souligne Roussy. 

Bateau fantôme

Le regroupement espère que son appel à l’aide amènera le gouvernement à agir rapidement.

« Parce que, oui, si rien n’est fait, le Musée de la Gaspésie, comme les autres institutions muséales en région éloignée, risque de devenir un bateau fantôme qui va emporter avec lui une part de notre histoire et de notre identité », a conclu Martin Roussy.  

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