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La souveraineté et les jeunes

L'opinion de Johanne Fournier
Le débat sur la souveraineté du Québec connaît un regain d’intérêt chez les jeunes générations. (Photo courtoisie)

Le débat sur la souveraineté du Québec connaît un regain d’intérêt chez les jeunes générations, ravivant des discussions que plusieurs croyaient éteintes.

L’opinion de Johanne Fournier

Cette renaissance du discours souverainiste chez la jeunesse québécoise attire l’attention d’observateurs de tous horizons, particulièrement celle d’anciens acteurs politiques régionaux qui ont porté ce projet durant des décennies.

Ce qu’en pense Danielle Doyer

Danielle Doyer observe ce phénomène avec un regard nuancé.

« Je vois ça tellement positivement que les jeunes recommencent à parler de souveraineté, même si, des fois, ce sont des ébauches », confie celle qui a représenté la circonscription de Matapédia sous la bannière péquiste.

Cette remarque souligne une réalité importante : le discours souverainiste de la jeune génération ne reproduit pas nécessairement les formules du passé. Il se cherche, se réinvente, emprunte parfois des chemins exploratoires.

L’arrivée de Paul St-Pierre-Plamondon à la tête du Parti québécois symbolise justement ce renouveau générationnel. Madame Doyer utilise une métaphore évocatrice pour décrire la situation.

Paul St-Pierre Plamondon. (Photo courtoisie Parti Québécois)

« Avec le jeune chef du Parti québécois, on est en voiture. Je suis contente qu’il soit là. » Cette image suggère un mouvement en marche, une dynamique qui contraste avec la période de stagnation qu’a connue le mouvement souverainiste ces dernières années.

Toutefois, l’ancienne députée ne se fait pas d’illusions sur les défis qui attendent le parcours souverainiste.

« C’est sûr qu’il va y avoir des remous et qu’il va nager dans des mers tourmentées, le temps qu’il soit notre premier ministre du Québec et qu’on puisse faire un référendum avec lui, anticipe-t-elle, reconnaissant implicitement que le chemin sera semé d’embûches. Il va y avoir des forces qui vont lutter pour que ça n’arrive pas. »

Ces propos reflètent une conscience aiguë des résistances, tant internes qu’externes, auxquelles fait face tout projet de redéfinition du statut politique du Québec.

Ce qu’en pense Matthias Rioux

Matthias Rioux adopte, quant à lui, un discours qui mise davantage sur la mobilisation populaire que sur les négociations institutionnelles.

« Je n’espère rien du Canada », affirme sans détour l’ex-député de Matane, positionnant son analyse dans une perspective qui rejette toute attente envers le cadre fédéral actuel. Pour lui, la clé réside ailleurs. « Je mise sur les forces qui sont les nôtres : le militantisme, il n’y a que ça qui fait triompher les idées généreuses. C’est comme ça qu’on libère les peuples. »

(Photo La Presse Canadienne— Graham Hughes)

Cette vision privilégie l’action collective et l’engagement citoyen comme moteur du changement politique. Matthias Rioux inscrit sa réflexion dans une continuité historique, évoquant la figure de son ancien chef.

« Monsieur Parizeau nous a tracé la voie vers la liberté. Il ne nous reste maintenant qu’à emprunter cette route, à continuer le combat et à finir le travail. »

La référence de l’ex-politicien à une figure emblématique du mouvement souverainiste crée un pont entre les générations, suggérant une transmission du flambeau.

Comme Danielle Doyer, Matthias Rioux voit dans le leadership de l’actuel chef du Parti québécois un potentiel catalyseur.

« Je pense que Paul St-Pierre-Plamondon et le Parti québécois peuvent nous amener là. Je suis très enthousiaste. » Cette ferveur partagée par deux anciens élus témoigne d’un espoir renouvelé au sein de la mouvance souverainiste.

Conjoncture favorable?

Ce qui ressort de ces témoignages, c’est la perception d’une conjoncture favorable, portée par une nouvelle génération qui réinvestit la question nationale. Ce renouveau se traduira-t-il par des gains politiques concrets? Cela reste à voir.

Ce qui est certain, c’est que le débat sur l’avenir constitutionnel du Québec n’appartient plus uniquement aux mémoires des référendums passés. Il s’écrit aussi dans les discussions actuelles d’une jeunesse qui cherche à définir son propre rapport à l’identité collective et à l’autonomie politique.

Cette effervescence chez les jeunes représente-t-elle un véritable tournant ou un simple soubresaut dans l’histoire d’un projet politique centenaire? La question demeure ouverte. Seul l’avenir pourra y répondre.

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