Écrire pour rester
« Il se fait tard » de l'auteur Gilles Archambault
À 92 ans, Gilles Archambault n’arrête pas d’écrire. Il a toujours ce côté vieux grincheux désabusé, mais sa plume si intimiste et pince-sans-rire nous le rend sympathique.
Il se fait tard, paru en 2021, il était question des désillusions de la vieillesse, de résignation, de fatalité. Peu de réjouissance ici, mais une lucidité certaine. En écrivant ce livre en pleine pandémie de la covid, Gilles Archambault constatait qu’il ne souhaite pas vraiment mourir, mais qu’à cet âge, on « côtoie un précipice ».
Tout est plus difficile : on craint de tomber et de s’estropier, on traverse la rue plus lentement, on voit disparaître des amis proches, on perd son intimité. Pas facile non plus de devoir élaguer des biens qu’on croyait si précieux : photos de famille, CD et livres. « Vieillir, c’est se voir glisser hors de la réalité. Parfois avec amusement, parfois avec horreur. »
Il rappelle qu’à l’adolescence, sa perception de ceux et celles qui circulaient dans son entourage était différente. « Occupé à trouver un sens à ma présence sur terre, j’oubliais qu’autour de moi les êtres étaient tout autant désemparés. » Qu’est-ce qu’il a voulu faire finalement, en écrivant ? « Me prouver que j’existe », essayer de trouver « une réponse inexistante à mon inconfort de vivre ».

Il souligne également son aversion contre les religions, qui profitent abusivement de ce mal de vivre des humains.
Nouvelle aventure
Dans Doux dément, paru en 2015, Archambault racontait l’histoire d’un homme âgé qui reprend de la vigueur grâce à l’arrivée d’une belle quarantenaire dans son voisinage.
Peut-il rêver d’une nouvelle aventure, lui qui est veuf et âgé ? « Au mieux, je ne suis qu’un vieillard bienveillant à qui elle demandera peut-être de nourrir son chat pendant ses absences. »
Le récit nous permet de faire connaissance avec son quotidien, ses amis, sa famille, ses coups de cœur et ses haut-le-cœur. Il explore avec sensibilité et franchise les répercussions de l’âge qui avance trop vite et qui briment inévitablement l’autonomie.
Il se fait tard, par Gilles Archambault, Boréal, 2021, 110 pages. Doux dément, par Gilles Archambault, Boréal, 2015, 240 pages.
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