Gouvernement Legault : la déconstruction tranquille
L'opinion de Carol-Ann Kack
Le gouvernement Legault est plus impopulaire que jamais. Les appuis dont il jouissait en 2022 et la solide confiance que la population lui avait accordée suite à la pandémie se sont visiblement écroulés.
L’opinion de Carol-Ann Kack
Rien ne laisse présager un revirement de situation quant au découragement généralisé de la population à son égard. Alors que le gouvernement remet un plan de développement économique de l’avant à un an des élections et, comme la mémoire est une faculté qui oublie, il m’apparaît intéressant de faire un petit retour en arrière.
Il faut se rappeler que la CAQ est un gouvernement qui s’est fait élire sous le couvert de son expertise entrepreneuriale et comptable.
Depuis plusieurs années, il tente d’être le gouvernement des grands projets économiques… qui ne seront jamais advenus.
Miser sur des secteurs privés
De la même façon que le PLQ a souhaité le faire avec le Plan Nord à l’époque (projet qui sera plus ou moins mort dans l’œuf), la CAQ nous revient constamment avec des choix d’investissements massifs dans des projets privés d’envergure. Point en commun de ces projets ; leur échec et le gaspillage d’argent collectif qui en découle.
Il y a quelques années, François Legault nous parlait du Projet Saint-Laurent. Il avait même écrit un livre à ce sujet : faire de la vallée du St-Laurent un secteur d’économie bleue en développant le corridor maritime du fleuve St-Laurent. Si ça ne vous dit rien, c’est normal, ça ne s’est pas concrétisé.
Cherchant un autre secteur économique à propulser, le gouvernement est revenu à l’offensive en misant gros sur la filière batterie. Un mot pour s’en rappeler : Northvolt. Après des millions de dollars d’investissement, nous avons appris que cela ne se concrétiserait pas. Un autre projet avorté.

La semaine dernière, François Legault présentait sa dernière vision (ou dernier pari ?) en termes de développement économique. À l’image du premier ministre du Canada, c’est vers une économie de la défense et des minéraux critiques que le gouvernement souhaite se lancer.
Combien d’argent public sera encore nécessaire pour faire advenir (ou pas) du développement dans ces secteurs ? Nul ne le sait.
La déconstruction tranquille
Pendant ce temps, nos services publics sont extrêmement fragilisés, que ce soit en santé, en éducation ou services sociaux. Nous n’avons plus les capacités d’accueil nécessaires pour prendre soin des personnes immigrantes qui arrivent chez nous.
Nous vivons des crises du logement et de l’itinérance inédite. Les changements climatiques menacent et affectent déjà le milieu de l’agriculture et les municipalités qui ne savent pas comment ils arriveront à surmonter financièrement les défis à venir.

Pour sa dernière année de mandat, le gouvernement de la CAQ semble s’enliser dans des stratégies désespérées. Elle tente de nous diviser et de détourner notre attention.
Ce n’est pas pour rien qu’il décide de s’attaquer aux travailleuses et aux travailleurs des secteurs publics en cherchant à affaiblir leurs pouvoirs de mobilisations et de limiter leur droit de grève.
Ce n’est pas pour rien qu’il pointe du doigt les enseignantes et les éducatrices voilées et en faisant d’elles des ennemies à exclure.
Ce n’est pas pour rien qu’il s’acharne dans le conflit concernant la rémunération des médecins, en cherchant à mobiliser la population contre eux. En adoptant de telles stratégies, c’est un peu comme si le gouvernement de la CAQ admettait ses échecs.
Non seulement le gouvernement n’a pas gagné ses paris en misant sur l’intervention importante de l’état dans des secteurs de développement économique, mais elle contribue à la déconstruction tranquille de l’état simultanément en l’affaiblissant par différents moyens.
Plutôt que de concentrer tous les efforts sur des investissements massifs visant à stimuler le développement privé, il serait peut-être temps de se remettre à envisager sérieusement des investissements d’envergure dans des projets publics, portés par l’État, qui serviraient d’abord et avant tout les intérêts et le bien-être des Québécoises et des Québécois. Est-il encore possible de rêver ?

Par 