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Saint-Alexis redonne vie à son cimetière

Vaste projet de revitalisation
Le cimetière de Saint-Alexis-de-Matapédia révèle une histoire méconnue de l’Acadie, vieille de 165 ans. (Photo Johanne Fournier)

Un vaste projet de revitalisation transforme le cimetière de l’une des plus anciennes paroisses de la Vallée de la Matapédia en lieu de mémoire vivant, porté par une communauté mobilisée et fière de son héritage. En redonnant vie à son cimetière, Saint-Alexis-de-Matapédia veut ressusciter ses racines acadiennes.

Le cimetière de Saint-Alexis recèle une histoire exceptionnelle.

« Le cimetière est un endroit historique et patrimonial », explique le promoteur du projet, Yvan Chouinard.

Officiellement fondée en 1871, la paroisse a accueilli ses premiers colons acadiens dès 1860, venus de Rustico, à l’Île-du-Prince-Édouard.

Cette migration historique a été orchestrée par l’abbé Georges-Antoine Belcourt, surnommé « le bouillant », qui avait réussi à obtenir le soutien de l’empereur Napoléon III.

« Quand l’abbé Belcourt a commencé à faire ses démarches, il a fait toutes sortes d’activités en soutien aux gens de Rustico », raconte Laura Chouinard, qui assiste son frère Yvan dans le projet.

L’empereur ira jusqu’à financer la création de la Banque des fermiers de Rustico qui, selon elle, est l’ancêtre des Caisses Desjardins.

Bénévoles déterminés

L’ampleur du chantier impressionne : 250 arbres centenaires ont été abattus par Philippe Castonguay, émondeur nouvellement arrivé dans la communauté.

« Les arbres tombaient sur les stèles, ils étaient en fin de vie », indique un marguillier de la paroisse, Yvan Pitre. Puis en juin, des bénévoles ont redressé la clôture patrimoniale.

Une vingtaine de bénévoles se sont mobilisés, dont deux bénévoles particulièrement actives, Céline Duguay et Nicole Ouellette, qui ont patiemment repeint la clôture historique. « On veut un peu reproduire l’esprit de bénévolat et d’entrepreneuriat de l’époque », souligne Yvan Chouinard. 

Le projet intègre une dimension artistique. Pierre D’Amours, un sculpteur de Matapédia, a taillé dans les troncs d’arbres restants une Acadienne au visage ridé qui « regarde les siens dans le cimetière ».

La sculpture de l’Acadienne a été réalisée par Pierre D’Amours. (Photo Johanne Fournier)

Son panier a été fabriqué selon la tradition micmaque par Jasmine Martin. D’autres sculptures évoquent la devise acadienne Ave Marie Stella et un saumon gravé avec l’inscription « wela’lin » (merci en micmac) rend hommage à la nation autochtone qui a accueilli les premiers colons.

Projets d’avenir

Le projet prévoit l’installation de codes QR sur les 500 stèles recensées, un poste d’accueil, un columbarium et des jardins communautaires surplombant les rivières Restigouche et Matapédia.

« L’idée est de léguer un héritage », résume le promoteur, qui numérise méticuleusement les archives paroissiales. Son travail généalogique a déjà recensé 34 677 personnes issues des familles fondatrices.

La fabrique chapeaute l’initiative grâce à un protocole d’entente et un compte bancaire dédié au projet. Des thuyas occidentalis, commandités à 100 $ chacun, remplaceront bientôt les arbres disparus, assurant la pérennité de ce lieu chargé d’histoire.

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