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Eau potable : Sainte-Luce mise sur la neige

Pour garantir l’approvisionnement de ses citoyens
Le projet de recherche propose l’installation de haies brise-vent amovibles sur environ 160 hectares. (Photo courtoisie Terre-Eau)

Un investissement de 81 000 $ sur deux ans pour étudier comment mieux capturer et conserver la ressource blanche sur son territoire afin de garantir l’approvisionnement en eau potable de ses citoyens. C’est ce qu’a décidé de faire la municipalité de Sainte-Luce en adoptant une récente résolution en ce sens.

Mené en collaboration avec l’entreprise Terre-Eau de Saint-Joseph-de-Lepage, le projet comprend des services de recherche universitaire, un accompagnement professionnel et surtout la fabrication ainsi que l’installation de haies brise-vent amovibles qui seront testées dès cet hiver.

Si la neige peut représenter un désagrément hivernal pour certaines municipalités, elle est une question de survie pour Sainte-Luce. Chaque printemps, la fonte des neiges alimente la nappe phréatique qui approvisionne la municipalité en eau potable. Or, les cinq dernières années ont révélé un déficit alarmant de précipitations neigeuses dans la région, toutes inférieures à la normale de 324,6 cm.

Pour Louis Drainville, la captation d’eau et l’agriculture sont compatibles. (Photo Johanne Fournier)

En août 2024, les bassins d’accumulation d’eau de fonte se sont complètement asséchés pour la première fois en cinq ans. Cette sonnette d’alarme a convaincu le conseil municipal d’agir rapidement. « La municipalité a besoin de 2,3 mètres de neige pour avoir de l’eau », explique le président de Terre-Eau et consultant pour la municipalité de Sainte-Luce, Louis Drainville.

De l’ennemi à la ressource précieuse

Changer la perception de la neige représente un défi culturel majeur. Traditionnellement perçue comme un fardeau à évacuer, la neige contient pourtant une richesse insoupçonnée : un camion de 14 mètres cubes renferme près de 6000 litres d’eau, soit l’équivalent d’un mois de consommation pour un Canadien.

À Sainte-Luce, les vents puissants et omniprésents déplacent constamment la neige hors du bassin de captation. La municipalité a donc déjà aménagé plus de 10 km de haies brise-vent naturelles et teste actuellement quatre haies artificielles fixes. De nouvelles haies amovibles seront installées en plein champ sur environ 160 hectares, là où passe la machinerie agricole.

Modèle pionnier au Québec

Sainte-Luce pourrait bien faire école. Selon monsieur Drainville, aucune autre municipalité québécoise n’a encore emboîté le pas de manière aussi déterminée. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec suit d’ailleurs le dossier avec intérêt, conscient que plusieurs municipalités font face à des problèmes similaires.

Depuis 2013, Sainte-Luce investit annuellement plus de 50 000 $ dans la mise en valeur de l’eau et des activités agricoles. Dans une municipalité où 94 % du territoire est zoné agricole, ces efforts prouvent que captation d’eau et agriculture sont compatibles, selon Louis Drainville.

Avec les projections climatiques annonçant une diminution de 35 % des jours froids d’ici 2050 et une augmentation des températures moyennes de 2,5 degrés Celsius, l’initiative de Sainte-Luce arrive à point nommé pour transformer une ressource méprisée en bouée de sauvetage, de l’avis de l’agronome et biologiste.

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